Burkina Faso: le procès des auteurs présumés de l'assassinat de Sankara renvoyé au 25 octobre



À peine ouvert, ce lundi 11 octobre, le procès de l'assassinat en 1987 du « père de la révolution burkinabè », Thomas Sankara, a été repoussé au 25 octobre prochain à 9 heures. Le président du tribunal militaire de Ouagadougou, M. Urbain Méda, a accepté une requête de deux avocates de la défense, qui estimaient ne pas avoir eu assez de temps pour consulter « les 20 000 pièces du dossier ». Elles avaient demandé un report d'un mois, au nom de « la manifestation de la vérité ». Elles ont obtenu deux semaines, alors que la capitale est actuellement sous haute sécurité pour ce moment important.

Commises d’office, relativement tard de surcroît, les avocates de la défense ont expliqué n'avoir obtenu le volumineux dossier d’instruction qu’un mois seulement avant l’ouverture du procès, relate notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Gaëlle Laleix. Toutes les parties sont donc convenues qu’un renvoi était raisonnable, compte tenu du peu de temps accordé à la défense pour prendre connaissance du dossier. « Nous voulons que ce procès soit exemplaire », a rappelé Guy Hervé Kam, avocat des parties civiles. 

La veuve du président Sankara, Mariam, qui a récemment accordé un entretien à RFI, était présente à l'ouverture du procès. « C'est un jour de vérité pour moi, ma famille et tous les Burkinabè », a-t-elle déclaré dans la matinée. Elle devra patienter encore un peu. En revanche, le principal accusé, l'ancien chef de l'État Blaise Compaoré, 70 ans, ne s'est pas rendu au tribunal. L'ancien compagnon d'arme, ami intime et ministre de Thomas Sankara, porté au pouvoir en 1987 et renversé en 2014, vit en Côte d'Ivoire.


Douze des quatorze accusés étaient pour leur part présents à l'ouverture. Parmi eux : le général Gilbert Diendéré, 61 ans, apparu en tenue militaire. Celui qui figurait parmi les principaux chefs de l'armée burkinabè lors du putsch, avant de devenir chef d'état-major particulier du président Compaoré, purge une peine de vingt ans de prison, pour une autre tentative de coup d'État, en 2015. Il est accusé, comme M. Compaoré, de « complicité d'assassinats », « recel de cadavres », « attentat à la sûreté de l'État ».

Des soldats de l'ancienne garde présidentielle de M. Compaoré, parmi lesquels l'ancien adjudant-chef Hyacinthe Kafando, chef présumé du commando ayant assassiné Thomas Sankara, et actuellement en fuite, sont également accusés dans ce procès. Le 15 octobre 1987, quelques années après avoir été porté au pouvoir par un coup d'État en 1983, le capitaine Sankara a été tué avec douze de ses collaborateurs, alors qu'il dirigeait une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR).

À noter qu'une autre question a été tranchée : l’autorisation de filmer le procès n'a pas été accordée. Les parties civiles estimaient qu’il serait bon pour le pays de conserver des archives audiovisuelles. Une disposition de la loi prévoit que cela soit possible dans les moments exceptionnels. Mais la cour en a décidé autrement. « C’est dommage, à l'avenir, nous n’aurons aucune trace, se désole Luc Damiba, secrétaire général du comité du mémorial Thomas Sankara. Les juges n’ont pas mesuré l’importance historique de ce procès, ni le besoin pour le continent africain de garder ces archives. »

RFI

Lundi 11 Octobre 2021 18:54


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