Les tractations se sont poursuivies toute la nuit. Comme promis, un civil a été finalement choisi pour présider aux destinées du pays pendant un an.
Après de laborieux jours de tractations, ponctuées de visites de médiateurs africains, le Burkina Faso connait un retour aux affaires des civils, deux semaines après la prise du pouvoir par l'armée consécutive à la chute du président Blaise Compaoré. Beaucoup de Burkinabè craignaient le maintien au pouvoir de M. Zida, ancien numéro 2 de la garde présidentielle.
Le diplomate burkinabè Michel Kafando a qualifié de "redoutable responsabilité" sa nomination au poste de président intérimaire du Burkina Faso, qu'il conduira pendant un an, jusqu'aux élections de novembre 2015. "Plus qu'un honneur, c'est une redoutable responsabilité qui m'échoit, dont j'entrevois déjà les écueils et l'immensité de la tâche. J'ai naturellement accepté comme chaque fois lorsque que j'ai été sollicité par le devoir. Nous ne ménagerons aucun effort pour relever les défis car il en va de la crédibilité du Burkina Faso qui, après des journées terribles, a besoin de redonner confiance et de mettre le cap sur l'avenir," a déclaré Michel Kafando, qui a fait savoir qu'il s'adressera au peuple burkinabè dès que ce sera possible.
Le collège de désignation, réunissant toutes les composantes civiles et l'armée, s'est réuni vers 18H00 dimanche dans un bâtiment de Ouaga 2000, un quartier aisé de Ouagadougou, à proximité de la présidence. La première audition d'un postulant, celle de Joséphine Ouédraogo, a finalement débuté vers 23H45. Les 23 membres du collège, dont une majorité de civils, sont parvenus à une décision vers 04h00 du matin.
Outre Kafando, l'ex-ministre Joséphine Ouédraogo et le journaliste Cherif Sy, ont été les deux autres candidats auditionnés par le collège de désignation, un organe de 23 membres dans lequel les civils étaient majoritaires. Sa désignation doit encore être confirmée par le Conseil constitutionnel avant d'être définitivement validée. Ensuite, le pouvoir lui sera officiellement transmis par le Lt-colonel Isaac Zida, actuel homme fort du pays.
La désignation de Michel Kafando intervient à quelques heures de l'expiration de l'ultimatum donné par l'Union africaine (UA) le 3 novembre au régime militaire pour valider les institutions de transition et choisir un président intérimaire.