Le résultat peut paraître anodin. Mais le parti au pouvoir, l’opposition et la société civile se sont mis d’accord pour négocier intensivement, de manière continue et le plus rapidement possible, a annoncé le président ougandais. Yoweri Museveni n’a pas voulu entrer dans les détails de ces négociations. « Ce dont nous avons parlé est très sérieux, ce n’est pas simplement pour les journaux, c’est pour l’avenir du Burundi », a-t-il déclaré.
C’est la première fois que le mot « négociations » est utilisé depuis le début de la crise burundaise. Jusqu’à présent, il était question de dialogue qui avait lieu sous l’égide de l’ONU et qui n’avait rien donné. Le premier médiateur avait été rejeté par l’opposition, le deuxième par le camp présidentiel. Cette fois, toutes les parties ont promis au médiateur ougandais de négocier et sans exiger de conditions préalables.
Le président ougandais a, semble-t-il, mis la pression sur toutes les parties. Le président Museveni n’a pas mâché ses mots dans les consultations à huis clos, ont raconté plusieurs participants à RFI. Il a renvoyé toutes les parties dos à dos, mais il a également su écouter, puisqu’il a restitué à la fin les positions de chacun, lors de la session plénière. Mais il n’a véritablement rien tranché. Le chef de l’Etat ougandais n’a même pas ouvertement exigé le report de la présidentielle, prévue pour mardi prochain. Il a même refusé de répondre à cette question. Or c’est l’un des points de désaccord qui a ressurgi dès la sortie de la salle.
Pour le CNDD-FDD, le processus électoral doit continuer
Interrogé sur le maintien de cette élection, le président du parti au pouvoir, Pascal Nyabenda, a insisté sur l’importance des négociations, du dialogue et a fini par dire qu’il y avait un décret présidentiel prévoyant cette élection pour le 21 et que cela devait être respecté. « Il n'y a rien qui dit qu’il faut arrêter le processus électoral. Au CNDD-FDD, nous sommes prêts pour le dialogue mais nous devons le faire en même temps que le processus électoral. Il y a un décret qui a été signé par le chef de l’Etat fixant la date de l’élection et cela devra être respecté », a-t-il déclaré.
C'est aussi l'avis du ministre de l’Intérieur, pour qui il est clair que cela ne doit pas empêcher le processus électoral de continuer. « Nous sommes satisfaits et nous allons poursuivre ce dialogue en tenant compte des circonstances actuelles, parce qu’il y a un programme électoral qui est déjà en place. Donc le dialogue va se poursuivre même après les élections. Nous sommes toujours pour un dialogue pour autant qu’il vient consolider la paix et la démocratie dans notre pays. Tous les sujets seront discutés néanmoins il y a des sujets qui ont déjà été clôturés. Je pense que maintenant le sujet qui intéresse le plus c’est la composition du gouvernement d’unité national comme l’a proposé le sommet de Dar es Salaam », a fait savoir Edouard Nduwimana.
« Un pas en avant », selon Agathon Rwasa
Dans l’opposition en revanche, on considère que si tous les sujets sont sur la table, cela implique aussi une remise en cause du clanedrier électoral et des résultats des scrutins passés. Ce qui, pour Agathon Rwasa, par exemple, est signe d'un progrès notable. « On peut avoir le droit d’être satisfait puisqu’au moins il y a un pas en avant de la part de la partie gouvernementale qui se refusait à négocier avec les autres mais qui, actuellement, accepte que dés demain on puisse s’asseoir ensemble et qu’on puisse discuter de tous les problèmes qui sont là. Il n’y a pas à poser de pré-conditions ou quoique ce soit. Il faut qu’on y aille intensivement et expéditivement. […] Il n’y a pas lieu de parler de boycott ou de participation puisque c’est l’heure du dialogue et toutes les questions doivent être mises sur la table », a déclaré cet opposant majeur, à la tête de la coalition des Indépendants de l’Espoir.
Pour Leonce Ngendakumana, le président d’une autre coalition, l’ADC, si le camp présidentiel persiste avec ces élections, ce sera véritablement suicidaire. Et il « devra en assumer toutes les conséquences » pour le pays. Mais il se dit « confiant », notamment au vue de la « méthodologie » du facilitateur et de sa connaissance « duBurundi, des problèmes dans ce pays, des Burundais ».
Du côté de la société civile, Pierre-Claver Mbonimpa s'est dit optimiste. C’est la première fois, explique-t-il, que tous les sujets pourront être débattus, y compris l’épineuse question du troisième mandat. « Comment Museveni s’est comporté, comment il a dirigé ces négociations, ça me donne espoir. D’autant plus qu’il a pris la décision de faire ces négociations continuellement à partir de demain et après-demain et on va attaquer les problèmes qu’on avait jamais attaqué dans d’autres négociations, notamment le troisième mandat. »
Ce qui est certain, c'est que président ougandais a en tout cas ouvert une porte qui était fermée, du moins jusqu'après les élections. Le vice-président burundais l’avait d’ailleurs dit à l’ouverture de ces consultations, le dialogue ne reprendra qu’après les scrutins. L’ouverture de négociations immédiate donc, mais aussi sur tous les sujets. Et c’était ce que voulait notamment l’Union africaine, lors du conseil paix et sécurité. Reste à savoir comment l’émissaire du président Museveni, le ministre ougandais de la Défense, Crispus Kyonga, va conduire ces négociations.
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