Pas de trêve au Burundi. La sortie de l’armée et de la police ont d'autant plus surpris que la tension due à la polémique sur de possibles fraudes massives dans l’enrôlement des électeurs était en train de retomber à la suite d’un dialogue politique amorcé depuis le début de la semaine.
Pour le coordinateur du Forsc, une plateforme qui regroupe quelque 200 associations de la société civile burundaise, le premier à avoir évoqué la possibilité de manifestations « à la burkinabè » au Burundi, tout ça est « inadmissible ». « C’est vraiment aberrant et surprenant d’entendre que ces corps de défense et de sécurité s’adonnent à un tel exercice, alors que ces corps doivent être professionnels et neutres. C’est une menace grave et directe à l’endroit des citoyens burundais, ce qui est inacceptable étant donné que c’est notre droit de protester contre toute fraude électorale parce qu’il en va de la crédibilité du processus électoral, même de la paix et de la stabilité du pays », s'insurge Vital Nshimirimana.
Même ton indigné du côté de l’opposition burundaise. Léonce Ngendakumana, président de l’ADC-Ikibiri, l’opposition radicale du Burundi, estime que l’armée et la police du Burundi ont perdu là une bonne occasion de se taire. Il appelle ces corps à « être enfin républicains, professionnels et neutres, comme ils se définissent [...] L’armée et la police ne sont pas au service du parti Cndd-FDD [au pouvoir, ndlr], s’ils ne le reconnaissent pas, s’ils ne le savent pas, ils mettront le pays en danger ! » Et de rappeler que, malheureusement, ce n’est pas la première fois que soldats et policiers burundais interviennent avec leurs grosses bottines dans le débat politique dans ce pays.