Pierre Claver Mbonimpa, figure de la société civile burundaise, avait été arrêté il y a une semaine alors qu’il enquêtait sur la possible présence dans l’est de la République démocratique du Congo de camps de formation militaire de jeunes civils burundais, mais aussi sur l'enrôlement d’autres jeunes au sein d’un groupe rebelle dissident du FNL (Forces nationales de libération). Pour Pierre Claver Mbonimpa, il y avait un faisceau d’indices indiquant que l’un des trois plaignants, Heri Ngendanzi, allait au Congo, voire y avait peut-être perdu la vie. Le président de l’Aprodh, inquiet, n’avait pas hésité à en parler à la police, mais aussi aux médias qu’il croisait, pour demander d’enquêter sur son cas et sur d’autres qui lui paraissaient suspects.
Lors de sa déposition devant le parquet, Heri Ngendanzi a démenti tout voyage au Congo. Et pourtant, la semaine présente, un chef de la sous-commune où il habite, avait expliqué que son ami, Heri, allait bel et bien au Congo et qu’il en ramenait des pagnes qu’il revendait.
Heri Ngendanzi dément également avoir rencontré deux journalistes venus enquêter sur son sort. Faux encore, car après plus de quatre heures d’enquête sur le terrain, grâce au concours du chef de la sous-colline et d’enfants du voisinage, son domicile avait été localisé quelques heures avant l’arrestation de Pierre Claver Mbonimpa.
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Ce jour-là, le jeune Heri s’y trouve bel et bien, mais plutôt que de décliner son identité, il se met à crier pour rameuter le voisinage. Pour décourager les journalistes d’enquêter, son oncle, le chef de secteur avec lequel il habite, était allé jusqu’à dire que toute la famille avait déménagé très loin, à Musigati. Les enfants du voisinage expliqueront par la suite - devant des adultes apeurés - que Heri les a menacés de les égorger s’ils révélaient son identité. Ils l’identifiaient comme un vendeur de poisson, mais expliquaient aussi qu’il y avait des gens qui disaient qu’il était militaire.
Les déclarations de Heri Ngendanzi au parquet sont l’un des éléments à charge contre Pierre Claver Mbonimpa. Par ailleurs, il n’a pas hésité à dire au parquet que les deux journalistes venus s’enquérir sur sa situation avaient séquestré l’un des sous-chefs de colline et ami, Jean Minani et que ce dernier avait dû casser la vitre de leur véhicule pour s’enfuir. Ce que notre envoyée spéciale et son confrère burundais démentent formellement.
Source : Rfi.fr