Comme il le fait à chaque fois, le procureur général de la République a tenté de justifier pourquoi ces généraux très influents n’ont jamais été inquiétés. « Ce n’est pas parce que untel dit ceci ou untel dit cela que le magistrat-instructeur doit absolument prendre les choses comme une vérité de l’Evangile », a insisté Valentin Bagorikunda, le procureur général.
La meilleure défense, c’est l’attaque, selon un célèbre adage. C’est donc à ce moment précis que le patron du ministère public burundais a lâché sa bombe en annonçant officiellement qu’il avait à sa disposition « des éléments de preuve » contre le président de l’Olucome, Gabriel Rufyiri, principale figure de la lutte anti-corruption au Burundi et véritable poil à gratter pour le régime de Bujumbura, dans l’assassinat de son n°2, il y a cinq ans.
« Intimidation », proteste la société civile
Stupeur dans les rangs de la presse et devant l’insistance des journalistes, le procureur général lâche : « Il ne faut pas que l’instruction se passe à la radio. Quand l’enquête aura été clôturée, les gens sauront pourquoi et quel est son intérêt dans cette affaire. »
La société civile burundaise, qui dénonce depuis tout ce temps l’arrestation puis la condamnation de ceux qu’elle appelle des « boucs-émissaires », a réagi tout de suite par la bouche d’un de ses représentants, Pacifique Nininahazwe : « Je pense qu’ils ont inventé ce moyen pour intimider le président de l’Olucome, mais cela ne va pas marcher. Nous ne comptons pas abandonner par ces formes de diversion ou d’intimidation. »
Il appelle à manifester ce samedi contre l’impunité au Burundi.
Source : Rfi.fr