Le directeur de la RPA Bob Rugurika a été arrêté il y a huit jours. Après une nuit passée dans la prison de Mpimba à Bujumbura, il a été transféré à celle de Muramvya, à environ 50 km à l’est de la capitale burundaise dans des conditions dignes d’un scénario de série B.
L’administration pénitentiaire lui avait affirmé qu’il allait rencontrer le procureur, mais l’homme a cru sa dernière heure venue lorsqu’il a vu la voiture qui le conduisait prendre une route allant vers l’intérieur du pays. Il faut en effet savoir qu’au Burundi, différentes organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé au cours des dernières années de nombreux cas d’exécutions extrajudiciaires.
Placé à l'isolement
Une fois à Muramvya, le directeur de la RPA a été placé à l’isolement dans une petite cellule de deux mètres sur trois sans fenêtre. On ne lui ouvrait la porte que trois fois par jour, à 6, 12 et 18 heures pour aller aux toilettes, raconte-t-il. S’il avait envie entre temps, les gardiens lui intimaient d’attendre l’heure réglementaire ou de se débrouiller.
Devant le tollé suscité par ce traitement inhumain, Bob Rugurika a été très rapidement transféré dans une petite cellule propre où il a de la lumière et droit à des visites. Chaque jour depuis, des délégations de journalistes, des membres de la société civile et de sa famille viennent lui manifester leur soutien.
Lorsque notre convoi arrive à la prison de Muramvya, un député et un sénateur de l’opposition burundaise viennent de voir le détenu. D’autres visiteurs sont passés le matin nous explique-t-on.
Sa mère, qui s’est déjà rendue à plusieurs reprises à son chevet, trouve qu’il va beaucoup mieux. « Il est plus ou moins en bonne santé, j’ai trouvé qu’il avait bonne mine aujourd’hui, mais je préfère qu’il soit libéré parce qu’il n’est pas fautif. »
« J’ai touché là où ça fait mal »
Dans le petit bureau du directeur de la prison où il a reçu ses visiteurs, Bob Rugurika distribue les blagues et les bons mots. C’est donc un homme totalement transformé que nous avons rencontré aujourd’hui. Un homme qui a repris le dessus, très combatif. « Je n’ai pas le droit de perdre le moral », lâche-t-il en éclatant de rire.
Mais malgré la forte mobilisation locale et internationale en faveur de sa libération, le directeur de la RPA sait que le combat sera rude, car, dit-il : « J’ai touché là où ça fait mal avec les révélations sur les vrais assassins des trois religieuses italiennes en septembre 2014 à Bujumbura ». Ces crimes auraient été commandités par de hauts responsables des services de sécurité du Burundi, selon ces révélations.
La visite a été courte, mais elle semble avoir redonné du tonus au journaliste qui nous glisse à l’oreille les yeux brillants : « Je suis prêt à me battre jusqu’au bout ».
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