Burundi, une élection présidentielle jouée d'avance.





L'élection présidentielle de lundi au Burundi semble avoir généré peu d'enthousiasme dans ce pays de l'Afrique des Grands Lacs, les six candidats de l'opposition boycottant l'exercice face au chef de l'Etat sortant.

Les six adversaires du président Pierre Nkurunziza, qui se retrouve seul en lice, se sont retirés pour protester en évoquant des fraudes généralisées.
Une vague d'attentats à la grenade a également contribué à faire monter la tension lors de la campagne électorale.
"Un scrutin avec un seul candidat en piste n'a aucun sens", commente Willy Harerimana, attablé à un café internet. "Je bois une tasse et je repars chez moi me reposer".
Pour compliquer les choses, l'un des principaux opposants au chef de l'Etat, l'ancien chef rebelle Agathon Rwasa, s'est évanoui dans la nature pour, croit-on, se réfugier en République démocratique du Congo voisine. L'état-major de son parti, les Forces pour la libération nationale (FLN), assure qu'il a pris deux semaines de vacances.
Les FLN étaient arrivées en deuxième position lors des élections municipales du 24 mai, derrière le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, qui avait obtenu 64% des voix.
Des médias burundais font état de nouvelles attaques à la grenade, tôt lundi, en brousse, sans qu'il y ait des victimes.

STABILISATION PROGRESSIVE

Le scrutin présidentiel a été précédé durant le week-end d'une vague d'arrestations dans les rangs des dirigeants de l'opposition qui, dit-on, envisageaient de perturber le vote. Cette dernière accusation a été rejetée par les opposants, qui ont accusé en retour le gouvernement de réprimer l'opposition.
"Il existe une énorme différence entre aujourd'hui et la dernière consultation: une heure après l'ouverture des bureaux de vote, seule une poignée d'électeurs se sont déplacés", raconte à Reuters le président d'un bureau.
Les bulletins pour le chef de l'Etat sortant sont glissés dans des enveloppes blanches, elles-mêmes introduites dans des urnes de cette couleur - même processus pour les bulletins de ses rivaux, dont le noir est la couleur distinctive.
"J'ai voté pour le président Nkurunziza pour le remercier d'avoir instauré la gratuité des soins médicaux pour les mères qui viennent d'accoucher", explique Cubwa Zainabu, une mère de six enfants.
Le Burundi, ancien mandat belge qui a une histoire politique très mouvementée et connaît des tensions récurrentes entre la majorité hutue et la minorité tutsie, doit organiser en juillet des élections législatives.

Ce calendrier électoral chargé illustre toutefois la stabilisation progressive de ce pays de 8,3 millions d'habitants depuis 2005, date à laquelle Nkurunziza, un ancien rebelle, a été élu à la magistrature suprême au terme d'un long processus de réconciliation nationale engagé sous les auspices de l'Onu.
"Certains ont décidé de rester chez eux, moi je suis venu voter parce que j'ai besoin de la paix", témoigne un électeur de 32 ans, Gahungu Elias.

L'express

Mardi 29 Juin 2010 15:12


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