La finale de la CAN-2013 propose une affiche inattendue entre le Nigeria, en quête d’un troisième sacre, et le Burkina Faso, novice à ce stade de l’épreuve et qui provoquerait une énorme sensation en succédant à la Zambie, dimanche à Johannesburg (18h30 GMT).
Personne n’aurait osé parier quoi que ce soit au début du tournoi sur ces deux nations, tous les regards étant alors braqués sur la Côte d’Ivoire de Drogba et Yaya Touré, le Ghana ou les trois nations maghrébines (Tunisie, Algérie, Maroc).
Mais la CAN-2013 aura été marquée par une succession de surprises et la débâcle des ténors continentaux, une brèche dans laquelle Super Eagles et Etalons se sont engouffrés.
Le Nigeria, qui disputera sa septième finale, est un poids lourd du continent mais il faisait profil bas en arrivant en Afrique du Sud.
Absente en 2012, mêlant joueurs expérimentés et jeunes pousses aux dents longues, la sélection dirigée par Stephen Keshi, membre de la dernière équipe nigériane championne d’Afrique en 1994, a débuté la compétition de manière poussive, alimentant le scepticisme ambiant au pays, avant de monter en puissance.
Son parcours en phase finale (succès contre la Côte d’Ivoire 2-1 et le Mali 4-1) a mis tout le monde d’accord, révélant des talents tels que le robuste avant-centre Emenike, meilleur buteur du tournoi avec 4 buts (à égalité avec le Ghanéen Wakaso), et son compère Moses, jeune attaquant de 22 ans, déjà enrôlé par Chelsea.
Touchés en demi-finales, les deux joueurs sont légèrement incertains mais Keshi se voulait plutôt rassurant samedi. « Emenike (cuisse), on n’est pas sûr à 100%, son état physique s’est amélioré et on en saura plus demain (dimanche), a-t-il expliqué. Moses, il a eu une petite blessure (cheville), c’est une course contre-la-montre avec le médecin. S’il est à 80% de ses capacités physiques, on le prend, comme Emenike. Nous prendrons une décision demain (dimanche) matin ».
Au milieu, les Super Eagles peuvent compter sur le métronome des « Blues » Obi Mikel, seule vedette internationale de l’équipe avant l’éclosion de la nouvelle génération au cours de cette CAN.
Les Nigérians ont pour eux le physique, la technique et un leader charismatique en la personne de « Big Boss » Keshi, qui pourrait rejoindre dans les annales l’Egyptien Mahmoud El Gohary, le seul à avoir soulevé le trophée en tant que joueur et entraîneur.
Mais le Burkina Faso a prouvé qu’il possédait un mental capable de renverser des montagnes.
Les Etalons ont eu le mérite de remporter un groupe C comprenant notamment le tenant du titre zambien, éjecté sans ménagement de la CAN dès le premier tour, et… le Nigeria, les deux équipes s’étant d’ailleurs séparées sur un nul (1-1).
La suite a été encore plus mouvementée avec la blessure du canonnier Alain Traoré, forfait pour le reste de la CAN, une prolongation en quart contre le Togo (1-0, a.p.) avant une demi-finale polémique face au Ghana marquée par la désormais fameuse « affaire Pitroipa » (1-1 a.p., 3 t.a.b à 2).
Injustement exclu, comme l’a reconnu l’arbitre tunisien Slim Jdidi, l’attaquant de Rennes a été rétabli dans son bon droit et pourra disputer la finale. Son art du dribble sera utile au Burkina pour désarçonner une défense nigériane globalement inexpérimentée et se frayer une place à la Coupe des Confédérations (15-30 juin au Brésil).
« Personne ne s’attendait à nous voir là mais on a cru en nous, a résumé le Rennais. On s’était d’abord fixé l’objectif de franchir la phase de poules mais après, on ne s’est plus fixé de limites. Au fur et à mesure des matches, on a pris de la confiance. »
Keshi n’a pas cessé de son côté d’insister sur la jeunesse de ses troupes, refusant toute comparaison avec la glorieuse équipe de 1994.
« L’équipe de 1994 a pris cinq ans à se construire alors que l’équipe actuelle n’a que cinq semaines, a-t-il déclaré. Nous sommes en train de grandir et je suis en train de construire quelque chose. Mais ce que nous avons fait jusqu’ici ne nous aidera pas dimanche. C’est seulement en finale que vous devez prouver que vous êtes la meilleure équipe d’Afrique. »
AFP
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