Selon un rapport annuel publié aujourd'hui par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), 23 journalistes étaient derrière les barreaux au 1er décembre pour leur travail en Afrique sub-saharienne, les deux tiers étant détenus sans aucune inculpation.
Pour la première fois, le nombre de journalistes internet emprisonnés dans le monde a dépassé celui de leurs confrères d'autres médias, selon ce rapport.
Le décompte annuel du CPJ a relevé 125 journalistes emprisonnés à travers le monde, soit deux de moins qu’en 2007. (Lire les comptes-rendus détaillés de chaque journaliste emprisonné.) Parmi les 29 nations emprisonnant des journalistes au monde, la Chine est restée la première, une position déshonorable qu’elle occupe pour la dixième année consécutive. Elle est suivie de Cuba, de la Birmanie, de l'Erythrée, et de l'Ouzbékistan. Ces cinq nations ont constamment figuré parmi les plus grands geôliers de journalistes au monde.
Treize journalistes restent emprisonnés en Érythrée, qui est le pays africain ou les prisons renferment le plus de journalistes et le quatrième geôlier de journalistes au monde.
En effet, les prisons secrètes de l'Érythrée ne manquent que quatre des 17 journalistes au monde détenus dans des lieux secrets. Les autorités érythréennes ont refusé de révéler les informations concernant les lieux de détention, l’état de santé ou le statut juridique des journalistes détenus depuis plusieurs années. Selon des informations non vérifiées, au moins trois de ces journalistes seraient morts en détention, mais le gouvernement Érythréen refuse même de dire si ces détenus sont vivants ou morts.
Deux autres journalistes érythréens sont détenus au secret en Ethiopie voisine, tandis que le gouvernement de la Gambie a refusé de fournir toute information sur l’arrestation en juillet 2006 du journaliste « Chief » Ebrima Manneh. De nombreux observateurs internationaux, du Sénat américain à la Cour des droits de l'homme de l'Afrique de l'Ouest, ont appelé les autorités gambiennes à libérer Manneh, qui a été emprisonné pour avoir tenté de publier un article critique à l’égard du président gambien, Yahya Jammeh.
Environ 13% des journalistes emprisonnés dans le monde, notamment en Érythrée, en Éthiopie et en Gambie, sont détenus sans aucune accusation formelle. Des pays aussi divers qu’Israël, l'Iran, les États-Unis d’Amérique, et l'Ouzbékistan ont utilisé cette tactique de détention indéfinie sans procédure légale. En Afrique sub-saharienne, par exemple, 16 journalistes sur 23 sont emprisonnées sans inculpation.
Des allégations d’atteinte à la sûreté nationale comme la subversion, la divulgation de secrets d'État, et les actes contre les intérêts nationaux sont les accusations plus communément utilisées à travers le monde pour emprisonner des journalistes, selon le rapport du CPJ. Selon son recensement, environ 59% des journalistes sont emprisonnées sous ces accusations, dont plusieurs par les gouvernements chinois et cubain, mais aussi par des pays comme le Sénégal, la République démocratique du Congo et la Côte d'Ivoire.
L'enquête a par ailleurs révélé que 45% de tous les professionnels des médias emprisonnés dans le monde sont des blogueurs, des rédacteurs en chef d'un site ou des journalistes en ligne. Pour la première fois, les journalistes en ligne représentent la plus grande catégorie professionnelle dans le recensement du CPJ. En effet, au moins 56 journalistes en ligne sont emprisonnés dans le monde, dépassant ainsi celui des journalistes de la presse écrite et ceux de la presse audiovisuelle.
Cette tendance s'applique en Afrique sub-saharienne où au moins un journaliste en ligne était en détention au 1er décembre 2008.
«Le journalisme en ligne a commencé à changer le paysage médiatique en Afrique sub-saharienne et a facilité l'accès à l’information », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. « Cependant, certains gouvernements ont réagi négativement à ce phénomène et nous constatons une tendance croissante au harcèlement des journalistes en ligne », a-t-il ajouté.
Le nombre de journalistes en ligne emprisonnés a augmenté régulièrement depuis 1997 lorsque le CPJ avait rapporté le premier emprisonnement d’un reporter de cette catégorie professionnelle. Les journalistes de la presse écrite, les éditeurs et les photographes constituent la seconde plus grande catégorie professionnelle, avec 53 cas en 2008. Le reste est constitué de journalistes de télévision et de radio et de réalisateurs de documentaires.
En octobre dernier, le CPJ s'est joint aux sociétés du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), aux investisseurs et aux associations de défense des droits de l'homme pour lutter contre la répression gouvernementale de la libre expression en ligne. Après deux années de négociations, ce groupe a annoncé la création de l’Initiative Mondiale des réseaux TIC , qui met au point des lignes directrices permettant aux entreprises du secteur TIC de protéger la liberté d'expression et la vie privée en ligne. Yahoo, Google et Microsoft se sont notamment joints à cette initiative.
Illustrant l'évolution du paysage médiatique, l'augmentation des emprisonnements liés à l’usage de l’internet a été accompagnée d’une augmentation des emprisonnements de journalistes indépendants. Quarante-cinq parmi les journalistes figurant dans le recensement du CPJ sont indépendants, la plupart d'entre eux travaillent en ligne. Ils ne sont pas des employés de sociétés de médias et n'ont souvent pas de ressources juridiques ou de relations politiques susceptibles de les aider à regagner leur liberté. Le nombre de journalistes indépendants détenus a augmenté de plus de 40% au cours des deux dernières années, selon des recherches du CPJ.
«L'image du blogueur solitaire travaillant à domicile en pyjamas peut être séduisante, mais quand on frappe à sa porte, il est seul et vulnérable», a déclaré M. Simon du CPJ. «Nous devons tous défendre leurs droits, en collaboration avec les entreprises du secteur TIC, les journalistes et les groupes de défense de la liberté de la presse. L'avenir du journalisme est sur internet et nous sommes maintenant dans une bataille avec les ennemis de la liberté de la presse qui utilisent l'emprisonnement pour définir les limites du discours public», a-t-il martelé.
L'essor du journalisme en ligne est le plus manifeste en Chine plus que nulle part ailleurs, où 24 des 28 journalistes emprisonnés travaillaient en ligne. Sur la liste des prisonniers en Chine, figure Hu Jia, un éminent militant des droits de l'homme et un blogueur, qui purge une peine d'emprisonnement de trois ans et demi pour des propos publiés sur internet et des entretiens accordés à la presse étrangère dans lesquelles il a critiqué le Parti communiste chinois. Il a été reconnu coupable d’ «incitation au renversement du pouvoir de l’État», une accusation fréquemment utilisée par les autorités chinoises pour emprisonner des rédacteurs critiques. Au moins 22 journalistes sont emprisonnés en Chine pour ce motif ou sur la base d’autres accusations d’atteinte à la sûreté nationale.
Cuba, le second pays au monde avec le plus grand nombre de journalistes en prison, a libéré cette année deux journalistes détenus après des négociations avec l'Espagne. Madrid, qui a repris certains programmes de coopération avec Cuba en février dernier, a demandé la libération des journalistes et des dissidents emprisonnés dans des pourparlers avec La Havane. Mais 21 journalistes et éditeurs restaient placés en détention au 1er décembre. Tous, sauf un, ont été emprisonnés en 2003 durant un acte de répression de Fidel Castro contre la presse indépendante. En novembre, le CPJ a honoré Héctor Maseda Gutiérrez, 65 ans, le plus âgé de tous les prisonniers à Cuba, en le désignant comme lauréat de son Prix international de la liberté de la presse.
La Birmanie, le troisième plus grand geôlier, compte 14 journalistes détenus. Cinq d’entre eux ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de diffuser des nouvelles et des images depuis des zones dévastées par le cyclone Nargis. Le blogueur et comédien Maung Thura, dont le nom de plume est Zarganar, a été condamné à une peine de 59 ans de prison au cours d’un procès à huis clos en novembre dernier. Les autorités birmanes ont accusé Maung Thura de diffusion illégale d’images vidéo sur les efforts de secours dans les zones violemment touchées, d’avoir communiqué avec les dissidents en exil et causé la frayeur publique dans ses commentaires aux médias étrangers.
L’Ouzbékistan, avec six journalistes détenus, vient en cinquième position. Parmi les détenus, figure Dzhamshid Karimov, neveu du président ce pays. Karimov, qui travaille pour des sites Web d’informations indépendants, est détenu de force dans un hôpital psychiatrique depuis 2006.
Voici d'autres détails et tendances qui sont ressortis de l’analyse du CPJ:
o Dans environ 11% des cas, les gouvernements ont utilisé diverses accusations sans rapport avec le journalisme pour exercer des représailles contre des journalistes, éditeurs, et photojournalistes critiques. Ces accusations vont des violations réglementaires à la possession de drogue. Dans les cas inclus dans ce recensement, le CPJ a déterminé que les accusations ont été plus vraisemblablement formulées à titre de représailles contre le travail du journaliste.
o Les violations des règles de censure, la seconde plus commune accusation, sont appliquées dans environ 10% des cas. Les accusations pénales de diffamation sont formulées dans environ 7% des cas, tandis que celles relatives à l’injure d’ordre ethnique ou religieux le sont pour 4%. Deux journalistes sont emprisonnés pour la publication de ce que les autorités considèrent comme de « fausses » nouvelles, notamment le journaliste sénégalais El Malick Seck. (Plus d'un type d’accusation peut s’appliquer à chaque cas).
o Les journalistes de la presse écrite et ceux d’en ligne constituent l'essentiel du recensement. Les journalistes de télévision constituent la seconde plus grande catégorie professionnelle, avec 6% des cas. Quant aux journalistes de radio et les réalisateurs de documentaires, ils représentent respectivement 4% et 3% des cas.
o Le chiffre de 2008 reflète la deuxième baisse consécutive du nombre total de journalistes emprisonnés, ce qui est plus ou moins cohérent avec les résultats des recensements annuels depuis 2000. Les recherches du CPJ montrent que les emprisonnements ont sensiblement augmenté en 2001, après que les gouvernements ont imposé des lois radicales de sécurité nationale suite aux attaques terroristes du 11 septembre contre les États-Unis d’Amérique. Le nombre de journalistes emprisonnées était de 81 en 2000, mais depuis lors, la moyenne a été 128 selon les enquêtes annuelles du CPJ.
o Les États-Unis d’Amérique, qui détiennent le photographe Ibrahim Jassam sans inculpation en Irak, figurent sur la liste des pays geôliers de journalistes du CPJ pour la cinquième année consécutive. Au cours de cette période, les autorités militaires américaines ont emprisonné des dizaines de journalistes en Irak, certains pendant des jours, et d'autres pendant plusieurs mois successifs, sans inculpation ni procédure régulière. Aucune accusation n'a jamais été prouvée dans ces cas.
Le CPJ n'applique pas une définition rigide du journalisme en ligne, mais il évalue avec prudence le travail des blogueurs et des rédacteurs en ligne pour déterminer si le contenu est de nature journalistique. En général, le CPJ examine si le contenu est caractéristique d’un reportage ou si c’est un commentaire basé sur des faits. Dans une société répressive où les médias traditionnels sont réduits, le CPJ a une vue inclusive du travail produit sur internet
Le CPJ croit que les journalistes ne devraient pas être emprisonnées pour l'exercice de leur fonction, prônant plutôt le recours juridique en cour civile en matière de diffamation. L'organisation a envoyé des lettres exprimant ses vives inquiétudes à chaque pays qui a incarcéré un journaliste.
La liste du CPJ est une analyse sélective de ceux incarcérés à la date du 1er décembre 2008 à minuit. Elle n’inclut pas les nombreux journalistes emprisonnés et libérés tout au long de l'année. Les comptes-rendus de ces cas peuvent être trouvés sur www.cpj.org. Les journalistes pris en compte vont figurer sur la liste du CPJ jusqu'à ce que l'organisation détermine avec certitude s'ils ont été relâchés ou s’ils sont morts en prison.
Les journalistes qui disparaissent ou sont enlevés par des entités non étatiques, notamment des gangs criminels, des rebelles ou des groupes militants, ne sont pas inclus sur la liste des détenus. Leurs cas sont classés dans la catégorie des « portés disparus » ou des « enlevés ».
Pour la première fois, le nombre de journalistes internet emprisonnés dans le monde a dépassé celui de leurs confrères d'autres médias, selon ce rapport.
Le décompte annuel du CPJ a relevé 125 journalistes emprisonnés à travers le monde, soit deux de moins qu’en 2007. (Lire les comptes-rendus détaillés de chaque journaliste emprisonné.) Parmi les 29 nations emprisonnant des journalistes au monde, la Chine est restée la première, une position déshonorable qu’elle occupe pour la dixième année consécutive. Elle est suivie de Cuba, de la Birmanie, de l'Erythrée, et de l'Ouzbékistan. Ces cinq nations ont constamment figuré parmi les plus grands geôliers de journalistes au monde.
Treize journalistes restent emprisonnés en Érythrée, qui est le pays africain ou les prisons renferment le plus de journalistes et le quatrième geôlier de journalistes au monde.
En effet, les prisons secrètes de l'Érythrée ne manquent que quatre des 17 journalistes au monde détenus dans des lieux secrets. Les autorités érythréennes ont refusé de révéler les informations concernant les lieux de détention, l’état de santé ou le statut juridique des journalistes détenus depuis plusieurs années. Selon des informations non vérifiées, au moins trois de ces journalistes seraient morts en détention, mais le gouvernement Érythréen refuse même de dire si ces détenus sont vivants ou morts.
Deux autres journalistes érythréens sont détenus au secret en Ethiopie voisine, tandis que le gouvernement de la Gambie a refusé de fournir toute information sur l’arrestation en juillet 2006 du journaliste « Chief » Ebrima Manneh. De nombreux observateurs internationaux, du Sénat américain à la Cour des droits de l'homme de l'Afrique de l'Ouest, ont appelé les autorités gambiennes à libérer Manneh, qui a été emprisonné pour avoir tenté de publier un article critique à l’égard du président gambien, Yahya Jammeh.
Environ 13% des journalistes emprisonnés dans le monde, notamment en Érythrée, en Éthiopie et en Gambie, sont détenus sans aucune accusation formelle. Des pays aussi divers qu’Israël, l'Iran, les États-Unis d’Amérique, et l'Ouzbékistan ont utilisé cette tactique de détention indéfinie sans procédure légale. En Afrique sub-saharienne, par exemple, 16 journalistes sur 23 sont emprisonnées sans inculpation.
Des allégations d’atteinte à la sûreté nationale comme la subversion, la divulgation de secrets d'État, et les actes contre les intérêts nationaux sont les accusations plus communément utilisées à travers le monde pour emprisonner des journalistes, selon le rapport du CPJ. Selon son recensement, environ 59% des journalistes sont emprisonnées sous ces accusations, dont plusieurs par les gouvernements chinois et cubain, mais aussi par des pays comme le Sénégal, la République démocratique du Congo et la Côte d'Ivoire.
L'enquête a par ailleurs révélé que 45% de tous les professionnels des médias emprisonnés dans le monde sont des blogueurs, des rédacteurs en chef d'un site ou des journalistes en ligne. Pour la première fois, les journalistes en ligne représentent la plus grande catégorie professionnelle dans le recensement du CPJ. En effet, au moins 56 journalistes en ligne sont emprisonnés dans le monde, dépassant ainsi celui des journalistes de la presse écrite et ceux de la presse audiovisuelle.
Cette tendance s'applique en Afrique sub-saharienne où au moins un journaliste en ligne était en détention au 1er décembre 2008.
«Le journalisme en ligne a commencé à changer le paysage médiatique en Afrique sub-saharienne et a facilité l'accès à l’information », a déclaré le directeur de la section Afrique du CPJ, Tom Rhodes. « Cependant, certains gouvernements ont réagi négativement à ce phénomène et nous constatons une tendance croissante au harcèlement des journalistes en ligne », a-t-il ajouté.
Le nombre de journalistes en ligne emprisonnés a augmenté régulièrement depuis 1997 lorsque le CPJ avait rapporté le premier emprisonnement d’un reporter de cette catégorie professionnelle. Les journalistes de la presse écrite, les éditeurs et les photographes constituent la seconde plus grande catégorie professionnelle, avec 53 cas en 2008. Le reste est constitué de journalistes de télévision et de radio et de réalisateurs de documentaires.
En octobre dernier, le CPJ s'est joint aux sociétés du secteur des technologies de l’information et des communications (TIC), aux investisseurs et aux associations de défense des droits de l'homme pour lutter contre la répression gouvernementale de la libre expression en ligne. Après deux années de négociations, ce groupe a annoncé la création de l’Initiative Mondiale des réseaux TIC , qui met au point des lignes directrices permettant aux entreprises du secteur TIC de protéger la liberté d'expression et la vie privée en ligne. Yahoo, Google et Microsoft se sont notamment joints à cette initiative.
Illustrant l'évolution du paysage médiatique, l'augmentation des emprisonnements liés à l’usage de l’internet a été accompagnée d’une augmentation des emprisonnements de journalistes indépendants. Quarante-cinq parmi les journalistes figurant dans le recensement du CPJ sont indépendants, la plupart d'entre eux travaillent en ligne. Ils ne sont pas des employés de sociétés de médias et n'ont souvent pas de ressources juridiques ou de relations politiques susceptibles de les aider à regagner leur liberté. Le nombre de journalistes indépendants détenus a augmenté de plus de 40% au cours des deux dernières années, selon des recherches du CPJ.
«L'image du blogueur solitaire travaillant à domicile en pyjamas peut être séduisante, mais quand on frappe à sa porte, il est seul et vulnérable», a déclaré M. Simon du CPJ. «Nous devons tous défendre leurs droits, en collaboration avec les entreprises du secteur TIC, les journalistes et les groupes de défense de la liberté de la presse. L'avenir du journalisme est sur internet et nous sommes maintenant dans une bataille avec les ennemis de la liberté de la presse qui utilisent l'emprisonnement pour définir les limites du discours public», a-t-il martelé.
L'essor du journalisme en ligne est le plus manifeste en Chine plus que nulle part ailleurs, où 24 des 28 journalistes emprisonnés travaillaient en ligne. Sur la liste des prisonniers en Chine, figure Hu Jia, un éminent militant des droits de l'homme et un blogueur, qui purge une peine d'emprisonnement de trois ans et demi pour des propos publiés sur internet et des entretiens accordés à la presse étrangère dans lesquelles il a critiqué le Parti communiste chinois. Il a été reconnu coupable d’ «incitation au renversement du pouvoir de l’État», une accusation fréquemment utilisée par les autorités chinoises pour emprisonner des rédacteurs critiques. Au moins 22 journalistes sont emprisonnés en Chine pour ce motif ou sur la base d’autres accusations d’atteinte à la sûreté nationale.
Cuba, le second pays au monde avec le plus grand nombre de journalistes en prison, a libéré cette année deux journalistes détenus après des négociations avec l'Espagne. Madrid, qui a repris certains programmes de coopération avec Cuba en février dernier, a demandé la libération des journalistes et des dissidents emprisonnés dans des pourparlers avec La Havane. Mais 21 journalistes et éditeurs restaient placés en détention au 1er décembre. Tous, sauf un, ont été emprisonnés en 2003 durant un acte de répression de Fidel Castro contre la presse indépendante. En novembre, le CPJ a honoré Héctor Maseda Gutiérrez, 65 ans, le plus âgé de tous les prisonniers à Cuba, en le désignant comme lauréat de son Prix international de la liberté de la presse.
La Birmanie, le troisième plus grand geôlier, compte 14 journalistes détenus. Cinq d’entre eux ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de diffuser des nouvelles et des images depuis des zones dévastées par le cyclone Nargis. Le blogueur et comédien Maung Thura, dont le nom de plume est Zarganar, a été condamné à une peine de 59 ans de prison au cours d’un procès à huis clos en novembre dernier. Les autorités birmanes ont accusé Maung Thura de diffusion illégale d’images vidéo sur les efforts de secours dans les zones violemment touchées, d’avoir communiqué avec les dissidents en exil et causé la frayeur publique dans ses commentaires aux médias étrangers.
L’Ouzbékistan, avec six journalistes détenus, vient en cinquième position. Parmi les détenus, figure Dzhamshid Karimov, neveu du président ce pays. Karimov, qui travaille pour des sites Web d’informations indépendants, est détenu de force dans un hôpital psychiatrique depuis 2006.
Voici d'autres détails et tendances qui sont ressortis de l’analyse du CPJ:
o Dans environ 11% des cas, les gouvernements ont utilisé diverses accusations sans rapport avec le journalisme pour exercer des représailles contre des journalistes, éditeurs, et photojournalistes critiques. Ces accusations vont des violations réglementaires à la possession de drogue. Dans les cas inclus dans ce recensement, le CPJ a déterminé que les accusations ont été plus vraisemblablement formulées à titre de représailles contre le travail du journaliste.
o Les violations des règles de censure, la seconde plus commune accusation, sont appliquées dans environ 10% des cas. Les accusations pénales de diffamation sont formulées dans environ 7% des cas, tandis que celles relatives à l’injure d’ordre ethnique ou religieux le sont pour 4%. Deux journalistes sont emprisonnés pour la publication de ce que les autorités considèrent comme de « fausses » nouvelles, notamment le journaliste sénégalais El Malick Seck. (Plus d'un type d’accusation peut s’appliquer à chaque cas).
o Les journalistes de la presse écrite et ceux d’en ligne constituent l'essentiel du recensement. Les journalistes de télévision constituent la seconde plus grande catégorie professionnelle, avec 6% des cas. Quant aux journalistes de radio et les réalisateurs de documentaires, ils représentent respectivement 4% et 3% des cas.
o Le chiffre de 2008 reflète la deuxième baisse consécutive du nombre total de journalistes emprisonnés, ce qui est plus ou moins cohérent avec les résultats des recensements annuels depuis 2000. Les recherches du CPJ montrent que les emprisonnements ont sensiblement augmenté en 2001, après que les gouvernements ont imposé des lois radicales de sécurité nationale suite aux attaques terroristes du 11 septembre contre les États-Unis d’Amérique. Le nombre de journalistes emprisonnées était de 81 en 2000, mais depuis lors, la moyenne a été 128 selon les enquêtes annuelles du CPJ.
o Les États-Unis d’Amérique, qui détiennent le photographe Ibrahim Jassam sans inculpation en Irak, figurent sur la liste des pays geôliers de journalistes du CPJ pour la cinquième année consécutive. Au cours de cette période, les autorités militaires américaines ont emprisonné des dizaines de journalistes en Irak, certains pendant des jours, et d'autres pendant plusieurs mois successifs, sans inculpation ni procédure régulière. Aucune accusation n'a jamais été prouvée dans ces cas.
Le CPJ n'applique pas une définition rigide du journalisme en ligne, mais il évalue avec prudence le travail des blogueurs et des rédacteurs en ligne pour déterminer si le contenu est de nature journalistique. En général, le CPJ examine si le contenu est caractéristique d’un reportage ou si c’est un commentaire basé sur des faits. Dans une société répressive où les médias traditionnels sont réduits, le CPJ a une vue inclusive du travail produit sur internet
Le CPJ croit que les journalistes ne devraient pas être emprisonnées pour l'exercice de leur fonction, prônant plutôt le recours juridique en cour civile en matière de diffamation. L'organisation a envoyé des lettres exprimant ses vives inquiétudes à chaque pays qui a incarcéré un journaliste.
La liste du CPJ est une analyse sélective de ceux incarcérés à la date du 1er décembre 2008 à minuit. Elle n’inclut pas les nombreux journalistes emprisonnés et libérés tout au long de l'année. Les comptes-rendus de ces cas peuvent être trouvés sur www.cpj.org. Les journalistes pris en compte vont figurer sur la liste du CPJ jusqu'à ce que l'organisation détermine avec certitude s'ils ont été relâchés ou s’ils sont morts en prison.
Les journalistes qui disparaissent ou sont enlevés par des entités non étatiques, notamment des gangs criminels, des rebelles ou des groupes militants, ne sont pas inclus sur la liste des détenus. Leurs cas sont classés dans la catégorie des « portés disparus » ou des « enlevés ».
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