Ce nouveau comité de défense des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P) a vu le jour grâce à une libération, celle du Franco-Camerounais Michel-Thierry Atangana, libéré en février après 17 ans de détention. Après avoir appris l'heureuse nouvelle, plusieurs membres de son comité de soutien ont décidé de continuer le combat en faveur des autres détenus d'opinion camerounais, reconnus comme tels par les organisations internationales.
« On a milité au sein du comité de soutien à Michel-Thierry Atangana et on s’est donc naturellement intéressé à toutes les affaires qui tournaient autour. Et ce que l’on a découvert était hallucinant. On a vu les cas de toutes ces personnes qui sont en prison, parfois pour rien, sur la base de simples soupçons ou tout simplement parce qu’ils ont été victimes de règlements de compte politiques », explique René Dassié, président de cette nouvelle structure.
Prisonniers d'opinion
La plupart des prisonniers politiques reconnus par l'association sont de hauts fonctionnaires de l'Etat. Pour l'heure le comité a recensé cinq prisonniers d’opinion. Parmi- eux figurent l'ancien ministre Pierre Désiré Engo, emprisonné depuis 14 ans pour « détournement de fonds », Paul-Eric Kingué, ancien maire de Njombé Penja, arrêté en 2008 et condamné à la prison à vie pour « pillage en bande organisée » et « détournement ».
L'ex-ministre Marafa Hamidou Yaya, arrêté en avril 2012 et condamné à 25 ans de prison pour « complicité intellectuelle de détournement de fonds publics » dans une affaire relative à l'achat d'un avion présidentiel est également sur la liste des cinq détenus recensés par le comité. Une liste qui pourrait rapidement doubler. Son épouse, Jeannette Marafa est réfugiée à Paris depuis deux ans. Elle est aussi membre active du comité. « Ce comité me donne l’occasion de pouvoir m’exprimer et de crier ma vérité à moi. Ce n’est pas facile… Je ne me sens plus seule. Et moi-même, j’apprends aussi, j’apprends à m’occuper des autres. Il n’y a pas que mon mari. »
Le cas de Marafa Hamidou Yaya
Le « cas Marafa » est cependant « le plus emblématique », explique Joël Didier Engo, porte-parole du comité et fils de Pierre Désiré Engo. « Marafa, au-delà du fait qu’il a été un proche collaborateur du président de la République [Paul Biya, ndlr], c’est l’un des ceux qui ont fondé la Société nationale des hydrocarbures au Cameroun. L’un des rares ingénieurs pétrochimistes que l’on avait au Cameroun, formé aux Etats-Unis, qui se retrouve pris en tenaille dans une affaire qui n’est pas la sienne : cette affaire de l’avion présidentiel au Cameroun dont il ne sait rien. » Pour le CL2P, le cas Marafa est « symptomatique » de « l’instrumentalisation de la justice camerounaise à des fins politiques, parce que Marafa est unanimement reconnu comme quelqu’un pouvant naturellement postuler à la présidence de la République, par ses compétences et par son expérience. » Raison pour laquelle le comité entend en en faire l’une des figures de son « combat pour la restauration de l’Etat de droit au Cameroun, et, singulièrement, de la démocratie ».