Pendant des années, pour éviter de froisser le Cameroun, les autorités françaises n'ont jamais commenté officiellement cette affaire sensible. Le véritable tournant, c'est l'élection de François Hollande. Dès sa prise de fonction, le chef de l'Etat demande à l'ambassadeur en poste à Yaoundé de faire du dossier Atangana-Edzoa une priorité.
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En janvier 2013, le président français reçoit Paul Biya à l'Elysée et lui demande une mesure de clémence. Clémence rejetée par le président camerounais qui indique qu'il ne veut pas « contrarier des décisions de justice ».
Détention « inadmissible »
Sur notre antenne en juin 2013, François Hollande prend officiellement position et juge la détention de Thierry Michel Atangana « inadmissible ». En off, une source à l'Elysée affirme que le président du Cameroun souhaite que la procédure judiciaire soit complètement terminée avant de prendre une décision.
En décembre dernier justement, la Cour suprême de justice de son pays confirme la seconde condamnation à vingt ans de prison pour les mêmes faits de détournement d'argent public. Atangana et Edzoa n'ont désormais plus de recours possible.
Prise de position onusienne
D'après les avocats du Français, ce qui a pesé pour entraîner la libération, c'est le rapport, daté de novembre, du haut commissariat aux Droits de l'homme de l'ONU. Un rapport qui appelle à une libération immédiate, car « Atangana est détenu dans des conditions inhumaines et a été jugé deux fois pour les mêmes faits », ce qui est illégal.
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Il est également demandé aux autorités camerounaises de poursuivre les ministres responsables de cette longue détention arbitraire et d'indemniser Thierry Michel Atangana. Une procédure que souhaitent désormais lancer les avocats du Français.
Suite à ce rapport onusien, suite aux pressions de Paris, aux requêtes des équipes d'avocats en France et au Cameroun, aux manifestations du comité de soutien, Paul Biya a fini par signer, la semaine passée, le fameux décret qui permet juridiquement de libérer Thierry Michel Atangana et Titus Edzoa.
Source : Rfi.fr