Il y avait, dans les allées du pouvoir camerounais hier, comme un goût de victoire. Avec en premier lieu, la libération des trois religieux occidentaux enlevés le 4 avril dernier dans leur paroisse, dans l'extrême nord du pays.
Le gouvernement camerounais est resté très discret sur les conditions de cette libération, mais on sait que, depuis plusieurs semaines, les responsables camerounais menaient de longues tractations. Alors que la secte Boko Haram n'a pas revendiqué cette prise d'otages, certains analystes estiment que les missionnaires étaient détenus par des élements de la secte qui opèrent en solo, organisés en une sorte de mafia locale. C'est l'analyse de Guitaï Gatama, le directeur de publication de l'Oeil du Sahel, spécialisée dans l'actualité du nord du Cameroun.
Le père Vandenbeusch, appelé le père George, a longtemps vécu dans la même paroisse que les otages libérés. Il les connaît. Il avait par ailleurs lui-même été enlevé dans le nord du Cameroun en novembre 2013, et libéré fin décembre 2013. Il se dit soulagé de savoir les otages libres.
« Je suis évidemment extrêmement content. Je pensais à eux il y a quelques jours car ils venaient d'être en captivité depuis près de deux mois. J'avais vraiment peur qu'ils ne soient pas libérés parce qu'avec l'enlèvement des Chinois récemment, avec tous les combats contre Boko Haram. En plus, c'était la saison sèche, cela devait être assez rude particulèriement pour la soeur. Je suis extrêmement heureux pour mes amis là-bas et ce diocèse qui a été pas mal marqué ces derniers temps. »
L'armée camerounaise à l'offensive
Ensuite, et de manière quasi concomitante, la mise en échec d'un assaut des éléments de Boko Haram sur une position de l'armée camerounaise, dans la localité de Waza. Le violent accrochage a fait subir à Boko Haram son plus lourd bilan en territoire camerounais, avec une quarantaine d'assaillants tués et un important stock de munitions détruit.
Cette riposte a donné l'occasion à l'état-major camerounais de tester son dispositif déployé depuis quelques jours dans la région. Face à un ennemi déterminé, 3000 hommes environ et des équipements de guerre incluant des blindés, des hélicoptères et des avions de chasse. D'autres renforts en hommes et en logistique sont du reste annoncés dans la région.
La secte islamiste détient néanmoins toujours dix otages chinois enlevés dans la nuit du 16 au 17 mai dernier, dans leur campement. Comme quoi la guerre totale annoncée par Paul Biya contre Boko Haram ne fait que commencer.
Source : Rfi.fr