I QU’EST-CE QUI A PU SE PASSER ?
Il y aurait, à notre avis, deux hypothèses de base pour essayer de s’expliquer une telle situation et une troisième hypothèse aggravante qui combinerait les deux :
• HYPOTHESE A : Les conditions de passation de la commande par l’ancienne Administration de l’Agriculture,
Par une mobilisation tardive du financement devant couvrir ces achats et ou par la contrainte imposée par une trop longue procédure administrative (appels d’offres et autres) préalable à la mise en œuvre.
Le retard ainsi pris sur le départ normal s’étant par la suite répercuté intégralement sur les délais de mise en œuvre industrielle en Usine.
Si telle était le cas, leçon devrait en être tirée, en relation avec les autorités financières et avec l’ARMP ou la DCMP pour trouver la meilleure solution spécifique possible en termes de réglementation de passation de marchés publics pour les équipements destinés à notre Agriculture saisonnière.
• HYPOTHESE B : Défaut d’anticipation dans l’exécution de ladite commande par l’Usine SISMAR
L’autre explication pourrait alors être un trop grand souci prudentiel de la SISMAR à n’avoir pris aucun risque d’anticipation sur certaines dispositions techniques, du reste parfaitement connues, en délais quasi incompressibles. Nous ne pourrions croire à une telle frilosité de gouvernance d’Entreprise qui, au demeurant, ne saurait être de mise pour une Unité industrielle en position de quasi-monopole sur son marché.
En effet, l’on sait qu’en pratique il faut, pour disposer des matières premières à bonne date, environ 3 mois de délais pour lancer des consultations, passer des commandes auprès des Fournisseurs d’aciers et d’accessoires divers principalement en Europe ; avec un bon rapport de qualité et surtout de prix ; donc hors de toute contrainte d’achat dans l’urgence.
Ensuite pour un programme quantitatif moyen, il faudrait 3 à 4 mois de fabrication en Usine ; dans des conditions efficientes. En effet une très courte contraction du temps de fabrication conduit, devant l’imminence des pluies, à devoir recourir à la cadence des 3 quarts de travail en mode 24/24. C’est difficilement compatible avec un contrôle continu de la qualité de fabrication et une maîtrise des surcoûts de main-d’œuvre de production du fait des heures supplémentaires entraînées. Il est aussi à craindre une productivité au travail inférieure à celle des heures normales prestées.
Le tout pouvant, même si l’on parvenait à respecter des délais de fabrication compatibles avec le calendrier pluviométrique, se répercuter quasi infailliblement par une hausse sur les prix des biens produits et ou sur le tassement de la marge commerciale.
II COMMENT TIRER POUR L’AVENIR LES LEÇONS DE CETTE MALHEUREUSE EXPERIENCE
La porte d’entrée d’un nouveau mode opératoire du processus du P.A. matériels agricoles serait, à notre avis et compte tenu de l’échec patent de celui de cette année, de recourir à la méthodologie annoncée par le Ministre de l’Agriculteur, le Dr Abdoulaye SECK qui, pour consolider efficacement toutes les actions à mener, fait désormais une forte option « de gestion hors des urgences ». Comment dans ce nouvel esprit, pourrait-on, à notre avis de modeste contribution citoyenne, s’y prendre ?
II- 1 Que devrait faire l’Industriel de la machine agricole SISMAR
En pratique, il résulte de l’esquisse de processus d’importation d’Europe des matières premières et de fabrication des matériels en Usine, le tout étalé sur 7mois comme ci-dessus estimé, qu’il faut, à coté de tout soucis prudentiel, avoir un fort esprit d’anticipation indispensable ; dans le cadre d’un partenariat sincère et sérieux à construire ; avec une bonne prédisposition de management industriel productif ; management qui doit être professionnel, efficient et d’Entreprise citoyenne engagée ; s’agissant surtout d’une Entreprise en position locale de quasi monopole industriel dans son secteur.
Une telle posture et un tel esprit anticipatif, devraient, pensons-nous, pour rester cadrés, le mieux possible, avec les 7 mois du processus, amener l’Industriel entreprenant à prendre des risques calculés et sans attendre la signature formelle d’un marché, en passant ses consultations bien à l’avance et même à passer des commandes fermes, ne serait-ce que partiellement, sur les approvisionnements les plus sensibles et ou nécessitant plus de temps de fabrication. Cette anticipation stratégique conduisant aussi à démarrer des fabrications bien ciblées.
Au demeurant, de telles anticipations, de loin plus aisées à prendre par une Entreprise locale, deviennent un fort avantage comparatif en termes de meilleurs délais à offrir pour une soumission mieux disante face à la concurrence internationale par rapport à notre saison culturale. Cette concurrence, pour des raisons évidentes, ne pouvant prendre, elle, de tels risques anticipatifs.
La SISMAR n’aurait donc, à notre avis, aucune raison professionnelle ni économique de se cantonner dans une position d’attente la réception formelle d’un marché pour commencer à agir ; ce qui du reste serait contre-productive dans tous les sens du terme.
II- 2 Quelles dispositions pratiques pour l’Administration de l’Agriculture et pour les Structures de Développement agricole.
En pratique, il résulte aussi de la contrainte calendaire qui précède (7 mois pour importation et fabrication en Usine) que pour disposer des équipements agricoles aux mois de Avril-Mai compatibles avec le début de la saison de leur utilisation par les bénéficiaires paysans en agriculture pluviale familiale, les commandes pour la prochaine campagne agricole 2014/2015 devraient avoir déjà été passées au mois de Novembre Décembre 2014 passés.
Un tel calendrier révèle, nous l’avons dit, les nécessaires anticipations industrielles que, de son coté, la SISMAR devrait toujours prendre pour résorber le gap calendaire. Mais concomitamment aussi, il révèle également un nouveau mode de lancement du processus de passation des commandes dont l’Administration, de son coté, reste seule maîtresse.
Ainsi les équipements agricoles de la campagne 2013/2014 qui ont été déclarés disponibles en Octobre 2013, donc en fin de ladite campagne de culture, pourront opportunément être distribués à bonne date pour la prochaine saison 2014/2015 et le « bénéfice » de la contre performance enregistrée aura au moins permis de ne connaître aucun retard dans les mises en place pour cette prochaine campagne agricole.
Alors, en allant plus loin, ne perdons pas un tel avantage ; même si il a été acquis par accident de management et appuyons-nous (SISMAR, Administration de l’Agriculture et autres Organismes de Développement agricole) chacun en ce qui le concerne sur l’avance ainsi gagnée, pour enclencher respectivement et dès à présent les anticipations de risque et de procédure à prendre en vue du prochain P.A. matériels agricoles 2015/2016. Ceci nous sortirait tous avantageusement de la ruineuse « gestion des urgences » pratiquée par le passé.
III- QUE POURRAIT-ON FAIRE DE PLUS POUR CONTRIBUER A L’ACCELERATION DE LA CADENCE PAR LE MACHINISME AGRICOLE
III- 1 Quelles nouvelles dispositions par l’Administration de l’Agriculture
La non implication du tissu de l’Artisanat rural aux cotés de l’Unité Industrielle pour la fabrication, même partielle, des équipements agricoles financés par l’Etat pour le Monde rural se perpétue depuis l’ex-SISCOMA jusqu’à nos jours au profit quasi exclusif de la SISMAR et de nos Fournisseurs en importation des matériels motorisés ; ceci aussi bien pour les programmes spéciaux de relance de l’équipement de l’Agriculture 1997/2000 que ceux actuels sous le régime des deux Alternances depuis 2000 ; les Artisans restant toujours trop insuffisamment impliqués.
Cependant, notre Artisanat rural, grâce à son opiniâtreté dans la réalisation d’une multitude de pièces de remplacement pour les matériels agricoles et aussi par son aptitude acquise dans la réussite à construire aujourd’hui certains équipements relativement sophistiqués, a pu ainsi progresser en capacitation technique malgré des possibilités de travail relativement limitées quantitativement ; faute d’accès aux financements nécessaires à leurs activités et qualitativement aussi en raison d’une obligation de devoir recourir souvent aux matériaux de récupération parmi leurs sources d’approvisionnement en matières premières.
Pour sortir de cette situation inéquitable par rapport à de gros marchés « de développement » financés sur ressources publiques, l’Artisanat rural aurait dû se retrouver dans tous les nouveaux programmes spéciaux à travers de tels marchés pour le rééquipement de l’Agriculture. Pour ce faire, il aurait fallu tout simplement exiger de toute Entreprise industrielle bénéficiaire, local et ou étranger, l’exécution partagée des fabrications en impliquant des acteurs sélectionnés dans ledit réseau.
L’on pourrait alors concevoir, en bonne relation avec la DCMP et ou l’ARMP, que sais-je, un cadre réglementaire de Termes de Références qui imposeront à tout soumissionnaire (Entreprises locales et Etrangères) à installer dans ses offres techniques et financières une part chiffrée de travaux à confier, en sous-traitance aux PME/PMI Artisanales à identifier et à capaciter par elles-mêmes.
Pour départager les Soumissionnaires aux consultations (Appels d’offres et ou aux négociations de fourniture (Coopération Etat/Etat), l’on devrait, à côté de l’appréciation de leurs capacités financière et technique de fabrication, de leurs offres en spécifications techniques et en propositions de prix, prévoir dans la grille de sélection, un fort cœfficient préférentiel à accorder selon le niveau de sous-traitance que le Soumissionnaire-Partenaire offre à l’Artisanat local et qui sera évalué en importance quantitative de travaux ; donc en valeur ajoutée ainsi transférée.
Par rapport à la concurrence étrangère, hors UEMOA/CEDEAO, une clause préférentielle à l’Industrie locale pourrait aussi être prévue et encadrée dans une limite supérieure de différentiel de prix acceptable.
Les délais de livraison des équipements proposés par les Soumissionnaires, locaux et ou Etrangers, devront bénéficier d’une bonne cote de notation pour garantir aux paysans la disponibilité desdits équipements à bonne date par rapport à notre calendrier de campagne agricole.
III- 2 Quelles modalités d’exécution par l’Industriel SISMAR ou le Fournisseur
En pratique, l’Industriel local SISMAR et ou le Fournisseur étranger attributaire de marché en direct ou à l’issue de l’appel d’offres, effectuera l’approvisionnement de la totalité des matières premières et fournitures nécessaires, avec une bonne maîtrise des délais et des économies d’échelle.
L’Entreprise attributaire lancera la fabrication des matériels et équipement en commande sous forme de KITS ; donc jusqu’au niveau de pré-usinage auquel elle s’est engagée dans son offre retenue. Elle transfert ensuite lesdits KITS, avec tout le nécessaire, aux Artisans avec lesquels elle aura contractualisé pour terminer les queues de fabrication en sous-traitance.
Tout ceci, parfaitement faisable puisqu’en la matière cette stratégie de partage de la valeur ajoutée dans la fabrication entre Industrie et Artisanat s’appuierait sur les expériences SISMAR réalisées par le passé au Mali et plus encore en Côte d’Ivoire, en partenariat technico-commercial avec les compagnies cotonnières de ces pays ; notamment la CIDT et IVOIRE COTON, à partir de KITS préfabriqués en Usine au Sénégal et finalisés en fabrication complémentaire par leur réseau d’Artisans ruraux.
L’on peut en conséquence se demander pourquoi notre Industrie locale, dans une position de quasi-monopole n’a pas pris d’elle-même, dans un esprit de Société citoyenne responsable, cette initiative contributive auprès de l’Etat ; d’autant plus que la mémoire d’activités de cette Entreprise enseigne à suffisance en la matière de riches et fructueuses expériences ayant permis de fidéliser le partenariat technico-commercial entre elle d’une part et l’Artisanat rural de plusieurs pays.
Nous pensons sincèrement qu’aucune ambition contreproductive de ne raisonner qu’en termes d’accaparement ne pourrait justifier ce qui semble être un manque de vision technico-commerciale de partage constructif avec l’Artisanat. Au contraire, ne faudrait-il pas, avec les importants financements annoncés pour les équipements agricoles, s’installer positivement dans le sillage de la nouvelle politique d’accélération de la cadence et de la contribution que le secteur privé apporte à la création d’emplois ; notamment en milieu rural.
En clair, la chaîne de fabrication avec transfert technologique de l’Industrie-Adjudicataire vers l’Artisanat, prendrait le schéma opérationnel suivant :
• Pour chaque matériel agricole, la définition technique du niveau minimal de finition à faire en Usine serait spécifiée dans les Cahiers des charges (par une Commission technique machinisme : ISRA, Agriculture et PADER ex-PROMER) ; mais le Soumissionnaire sera libre, à l’avantage de l’Artisanat, de faire des proposions en variantes allant au-delà des niveaux minima indiqués. La proposition qui sera la mieux disante en terme de volume, de nature et de valeur des queux de travaux résiduels concédés pour finaliser la fabrication, entre autres critères, serait à retenir ;
• Cette part complémentaire de fabrication artisanale locale sera assurée en quantité et en qualité à travers :
• Des sessions utiles de formation-perfectionnement des artisans qui sera assurée par l’Industriel-Fournisseur;
• Celui-ci mettra à disposition de ses partenaires Artisans tous les gabarits spécifiques d’assemblage, les baguettes pour la soudure, la boulonnerie et les accessoires mécaniques complémentaires et la peinture;
Cette nouvelle procédure ; que conforterait la volonté de changer de paradigme en terme de consécration d’une démarche prévisionnelle et anticipative dans les actions, donc à l’opposé de toute forme de gestion des urgences, pourra de manière concrète s’opérationnaliser entre ces deux acteurs, en suivant le schéma de déclinaison technique ci-après à titre d’exemple pratique :
CHAINE OPERATIONNELLE DE TRANSFERT TECHNOLOGIQUE POUR UNE EXECUTION PARTAGEE INDUSRIE – ARTISANAT D’UN PROGRAMME D’EQUIPEMENT AGRICOLE
ACTIONS ACTEURS
III. 2. Dans la maintenance des équipements agricoles quel partenariat utile à tous la SISMAR devrait-t-elle entreprendre avec l’Artisanat
L’Artisanat local dans les Villages et Centres urbains du Pays se consacre avec beaucoup d’efficacité à contribuer à assurer le plus longtemps possible l’exploitation des équipements de l’Agriculteur en lui assurant réparation et fourniture de pièces de remplacement.
Cette action de maintenance après-vente ne peut être menée de façon aussi diffuse par l’Industrie SISMAR de production des équipements agricoles pour des raisons évidentes de coûts d’un tel schéma d’intervention directe.
Il s’agit donc de deux rôles fortement complémentaires et tous ces deux acteurs techniques, de même que les Agriculteurs exploitant desdits équipements, ont tous besoins dans leurs activités respectives.
Or, actuellement il n’existe aucun partenariat technique ni aucune autre forme de collaboration organisée entre les acteurs techniques que sont d’une part notre Industrie SISMAR et ou nos Fournisseurs d’équipements importés et d’autre part notre Artisanat rural ; ni en terme de perfectionnement et mise à niveau, ni en dotation de documentation technique sur les équipements produits et ou importés, encore moins de mise à disposition, même sous condition, d’un stock de pièces spéciales de première nécessité.
L’industriel SISMAR, même avec sa position avantageuse de constructeur local et disposant d’un Centre de formation technique au sein de l’Usine, ne prend plus quasiment aucune initiative en la matière et l’Artisanat rural, laissé à son propre sort, fournit avec difficulté le service après vente pourtant si nécessaire à tous sur les matériels de culture attelée.
Pour combler efficacement le vide organisationnel qui caractérise actuellement l’activité de maintenance des équipements agricoles en milieu rural, il serait fort nécessaire que la SISMAR actuelle revisite, pour s’en inspirer, les contextualiser et les améliorer, les expériences passées; à savoir :
1 Entre l’ex-SISCOMA et le Réseau des anciens magasins SONADIS dans la mise en place et la co-gestion d’un stock de pièces détachées d’origine industrielle.
2 Entre la SISMAR dans ses 1ères années 1982/1990 avec d’une part des Entreprises du métal et des Commerçants en milieu rural et d’autre part des Organismes de développement comme SODEFITEX avec un système de dépôt-consignation de lots de pièces détachées.
Avec les perspectives de forte relance des équipements agricoles à travers la nouvelle politique des Autorités, les bénéfices d’une relance appropriée de l’activité organisée de la maintenance technique en milieu rural seraient de plusieurs ordres au plan économique :
• Pour la SISMAR, une meilleure appréciation de ses produits par sa clientèle, donc plus de possibilité de vente ;
• Pour l’Agriculteur une plus longue vie de son matériel, avec une meilleure rentabilisation ;
• Pour l’Artisanat un élargissement de son activité, avec maintien voire accroissement des emplois offerts et de ses revenus.
Birame Ngoye FALL Ingénieur Machinisme Agricole
Ancien Chef de Division au Ministère du Développement Rural/DSA
Ancien Directeur à SISCOMA et à SISMAR
Président V2A (Ingénieurs et Cadres Retraités de l’Agriculture)
Ex-Président de la Commission Monde Rural et Secteur Primaire des ASSISES NATIONALES
E. mail : fallbirame29@yahoo.fr
Il y aurait, à notre avis, deux hypothèses de base pour essayer de s’expliquer une telle situation et une troisième hypothèse aggravante qui combinerait les deux :
• HYPOTHESE A : Les conditions de passation de la commande par l’ancienne Administration de l’Agriculture,
Par une mobilisation tardive du financement devant couvrir ces achats et ou par la contrainte imposée par une trop longue procédure administrative (appels d’offres et autres) préalable à la mise en œuvre.
Le retard ainsi pris sur le départ normal s’étant par la suite répercuté intégralement sur les délais de mise en œuvre industrielle en Usine.
Si telle était le cas, leçon devrait en être tirée, en relation avec les autorités financières et avec l’ARMP ou la DCMP pour trouver la meilleure solution spécifique possible en termes de réglementation de passation de marchés publics pour les équipements destinés à notre Agriculture saisonnière.
• HYPOTHESE B : Défaut d’anticipation dans l’exécution de ladite commande par l’Usine SISMAR
L’autre explication pourrait alors être un trop grand souci prudentiel de la SISMAR à n’avoir pris aucun risque d’anticipation sur certaines dispositions techniques, du reste parfaitement connues, en délais quasi incompressibles. Nous ne pourrions croire à une telle frilosité de gouvernance d’Entreprise qui, au demeurant, ne saurait être de mise pour une Unité industrielle en position de quasi-monopole sur son marché.
En effet, l’on sait qu’en pratique il faut, pour disposer des matières premières à bonne date, environ 3 mois de délais pour lancer des consultations, passer des commandes auprès des Fournisseurs d’aciers et d’accessoires divers principalement en Europe ; avec un bon rapport de qualité et surtout de prix ; donc hors de toute contrainte d’achat dans l’urgence.
Ensuite pour un programme quantitatif moyen, il faudrait 3 à 4 mois de fabrication en Usine ; dans des conditions efficientes. En effet une très courte contraction du temps de fabrication conduit, devant l’imminence des pluies, à devoir recourir à la cadence des 3 quarts de travail en mode 24/24. C’est difficilement compatible avec un contrôle continu de la qualité de fabrication et une maîtrise des surcoûts de main-d’œuvre de production du fait des heures supplémentaires entraînées. Il est aussi à craindre une productivité au travail inférieure à celle des heures normales prestées.
Le tout pouvant, même si l’on parvenait à respecter des délais de fabrication compatibles avec le calendrier pluviométrique, se répercuter quasi infailliblement par une hausse sur les prix des biens produits et ou sur le tassement de la marge commerciale.
II COMMENT TIRER POUR L’AVENIR LES LEÇONS DE CETTE MALHEUREUSE EXPERIENCE
La porte d’entrée d’un nouveau mode opératoire du processus du P.A. matériels agricoles serait, à notre avis et compte tenu de l’échec patent de celui de cette année, de recourir à la méthodologie annoncée par le Ministre de l’Agriculteur, le Dr Abdoulaye SECK qui, pour consolider efficacement toutes les actions à mener, fait désormais une forte option « de gestion hors des urgences ». Comment dans ce nouvel esprit, pourrait-on, à notre avis de modeste contribution citoyenne, s’y prendre ?
II- 1 Que devrait faire l’Industriel de la machine agricole SISMAR
En pratique, il résulte de l’esquisse de processus d’importation d’Europe des matières premières et de fabrication des matériels en Usine, le tout étalé sur 7mois comme ci-dessus estimé, qu’il faut, à coté de tout soucis prudentiel, avoir un fort esprit d’anticipation indispensable ; dans le cadre d’un partenariat sincère et sérieux à construire ; avec une bonne prédisposition de management industriel productif ; management qui doit être professionnel, efficient et d’Entreprise citoyenne engagée ; s’agissant surtout d’une Entreprise en position locale de quasi monopole industriel dans son secteur.
Une telle posture et un tel esprit anticipatif, devraient, pensons-nous, pour rester cadrés, le mieux possible, avec les 7 mois du processus, amener l’Industriel entreprenant à prendre des risques calculés et sans attendre la signature formelle d’un marché, en passant ses consultations bien à l’avance et même à passer des commandes fermes, ne serait-ce que partiellement, sur les approvisionnements les plus sensibles et ou nécessitant plus de temps de fabrication. Cette anticipation stratégique conduisant aussi à démarrer des fabrications bien ciblées.
Au demeurant, de telles anticipations, de loin plus aisées à prendre par une Entreprise locale, deviennent un fort avantage comparatif en termes de meilleurs délais à offrir pour une soumission mieux disante face à la concurrence internationale par rapport à notre saison culturale. Cette concurrence, pour des raisons évidentes, ne pouvant prendre, elle, de tels risques anticipatifs.
La SISMAR n’aurait donc, à notre avis, aucune raison professionnelle ni économique de se cantonner dans une position d’attente la réception formelle d’un marché pour commencer à agir ; ce qui du reste serait contre-productive dans tous les sens du terme.
II- 2 Quelles dispositions pratiques pour l’Administration de l’Agriculture et pour les Structures de Développement agricole.
En pratique, il résulte aussi de la contrainte calendaire qui précède (7 mois pour importation et fabrication en Usine) que pour disposer des équipements agricoles aux mois de Avril-Mai compatibles avec le début de la saison de leur utilisation par les bénéficiaires paysans en agriculture pluviale familiale, les commandes pour la prochaine campagne agricole 2014/2015 devraient avoir déjà été passées au mois de Novembre Décembre 2014 passés.
Un tel calendrier révèle, nous l’avons dit, les nécessaires anticipations industrielles que, de son coté, la SISMAR devrait toujours prendre pour résorber le gap calendaire. Mais concomitamment aussi, il révèle également un nouveau mode de lancement du processus de passation des commandes dont l’Administration, de son coté, reste seule maîtresse.
Ainsi les équipements agricoles de la campagne 2013/2014 qui ont été déclarés disponibles en Octobre 2013, donc en fin de ladite campagne de culture, pourront opportunément être distribués à bonne date pour la prochaine saison 2014/2015 et le « bénéfice » de la contre performance enregistrée aura au moins permis de ne connaître aucun retard dans les mises en place pour cette prochaine campagne agricole.
Alors, en allant plus loin, ne perdons pas un tel avantage ; même si il a été acquis par accident de management et appuyons-nous (SISMAR, Administration de l’Agriculture et autres Organismes de Développement agricole) chacun en ce qui le concerne sur l’avance ainsi gagnée, pour enclencher respectivement et dès à présent les anticipations de risque et de procédure à prendre en vue du prochain P.A. matériels agricoles 2015/2016. Ceci nous sortirait tous avantageusement de la ruineuse « gestion des urgences » pratiquée par le passé.
III- QUE POURRAIT-ON FAIRE DE PLUS POUR CONTRIBUER A L’ACCELERATION DE LA CADENCE PAR LE MACHINISME AGRICOLE
III- 1 Quelles nouvelles dispositions par l’Administration de l’Agriculture
La non implication du tissu de l’Artisanat rural aux cotés de l’Unité Industrielle pour la fabrication, même partielle, des équipements agricoles financés par l’Etat pour le Monde rural se perpétue depuis l’ex-SISCOMA jusqu’à nos jours au profit quasi exclusif de la SISMAR et de nos Fournisseurs en importation des matériels motorisés ; ceci aussi bien pour les programmes spéciaux de relance de l’équipement de l’Agriculture 1997/2000 que ceux actuels sous le régime des deux Alternances depuis 2000 ; les Artisans restant toujours trop insuffisamment impliqués.
Cependant, notre Artisanat rural, grâce à son opiniâtreté dans la réalisation d’une multitude de pièces de remplacement pour les matériels agricoles et aussi par son aptitude acquise dans la réussite à construire aujourd’hui certains équipements relativement sophistiqués, a pu ainsi progresser en capacitation technique malgré des possibilités de travail relativement limitées quantitativement ; faute d’accès aux financements nécessaires à leurs activités et qualitativement aussi en raison d’une obligation de devoir recourir souvent aux matériaux de récupération parmi leurs sources d’approvisionnement en matières premières.
Pour sortir de cette situation inéquitable par rapport à de gros marchés « de développement » financés sur ressources publiques, l’Artisanat rural aurait dû se retrouver dans tous les nouveaux programmes spéciaux à travers de tels marchés pour le rééquipement de l’Agriculture. Pour ce faire, il aurait fallu tout simplement exiger de toute Entreprise industrielle bénéficiaire, local et ou étranger, l’exécution partagée des fabrications en impliquant des acteurs sélectionnés dans ledit réseau.
L’on pourrait alors concevoir, en bonne relation avec la DCMP et ou l’ARMP, que sais-je, un cadre réglementaire de Termes de Références qui imposeront à tout soumissionnaire (Entreprises locales et Etrangères) à installer dans ses offres techniques et financières une part chiffrée de travaux à confier, en sous-traitance aux PME/PMI Artisanales à identifier et à capaciter par elles-mêmes.
Pour départager les Soumissionnaires aux consultations (Appels d’offres et ou aux négociations de fourniture (Coopération Etat/Etat), l’on devrait, à côté de l’appréciation de leurs capacités financière et technique de fabrication, de leurs offres en spécifications techniques et en propositions de prix, prévoir dans la grille de sélection, un fort cœfficient préférentiel à accorder selon le niveau de sous-traitance que le Soumissionnaire-Partenaire offre à l’Artisanat local et qui sera évalué en importance quantitative de travaux ; donc en valeur ajoutée ainsi transférée.
Par rapport à la concurrence étrangère, hors UEMOA/CEDEAO, une clause préférentielle à l’Industrie locale pourrait aussi être prévue et encadrée dans une limite supérieure de différentiel de prix acceptable.
Les délais de livraison des équipements proposés par les Soumissionnaires, locaux et ou Etrangers, devront bénéficier d’une bonne cote de notation pour garantir aux paysans la disponibilité desdits équipements à bonne date par rapport à notre calendrier de campagne agricole.
III- 2 Quelles modalités d’exécution par l’Industriel SISMAR ou le Fournisseur
En pratique, l’Industriel local SISMAR et ou le Fournisseur étranger attributaire de marché en direct ou à l’issue de l’appel d’offres, effectuera l’approvisionnement de la totalité des matières premières et fournitures nécessaires, avec une bonne maîtrise des délais et des économies d’échelle.
L’Entreprise attributaire lancera la fabrication des matériels et équipement en commande sous forme de KITS ; donc jusqu’au niveau de pré-usinage auquel elle s’est engagée dans son offre retenue. Elle transfert ensuite lesdits KITS, avec tout le nécessaire, aux Artisans avec lesquels elle aura contractualisé pour terminer les queues de fabrication en sous-traitance.
Tout ceci, parfaitement faisable puisqu’en la matière cette stratégie de partage de la valeur ajoutée dans la fabrication entre Industrie et Artisanat s’appuierait sur les expériences SISMAR réalisées par le passé au Mali et plus encore en Côte d’Ivoire, en partenariat technico-commercial avec les compagnies cotonnières de ces pays ; notamment la CIDT et IVOIRE COTON, à partir de KITS préfabriqués en Usine au Sénégal et finalisés en fabrication complémentaire par leur réseau d’Artisans ruraux.
L’on peut en conséquence se demander pourquoi notre Industrie locale, dans une position de quasi-monopole n’a pas pris d’elle-même, dans un esprit de Société citoyenne responsable, cette initiative contributive auprès de l’Etat ; d’autant plus que la mémoire d’activités de cette Entreprise enseigne à suffisance en la matière de riches et fructueuses expériences ayant permis de fidéliser le partenariat technico-commercial entre elle d’une part et l’Artisanat rural de plusieurs pays.
Nous pensons sincèrement qu’aucune ambition contreproductive de ne raisonner qu’en termes d’accaparement ne pourrait justifier ce qui semble être un manque de vision technico-commerciale de partage constructif avec l’Artisanat. Au contraire, ne faudrait-il pas, avec les importants financements annoncés pour les équipements agricoles, s’installer positivement dans le sillage de la nouvelle politique d’accélération de la cadence et de la contribution que le secteur privé apporte à la création d’emplois ; notamment en milieu rural.
En clair, la chaîne de fabrication avec transfert technologique de l’Industrie-Adjudicataire vers l’Artisanat, prendrait le schéma opérationnel suivant :
• Pour chaque matériel agricole, la définition technique du niveau minimal de finition à faire en Usine serait spécifiée dans les Cahiers des charges (par une Commission technique machinisme : ISRA, Agriculture et PADER ex-PROMER) ; mais le Soumissionnaire sera libre, à l’avantage de l’Artisanat, de faire des proposions en variantes allant au-delà des niveaux minima indiqués. La proposition qui sera la mieux disante en terme de volume, de nature et de valeur des queux de travaux résiduels concédés pour finaliser la fabrication, entre autres critères, serait à retenir ;
• Cette part complémentaire de fabrication artisanale locale sera assurée en quantité et en qualité à travers :
• Des sessions utiles de formation-perfectionnement des artisans qui sera assurée par l’Industriel-Fournisseur;
• Celui-ci mettra à disposition de ses partenaires Artisans tous les gabarits spécifiques d’assemblage, les baguettes pour la soudure, la boulonnerie et les accessoires mécaniques complémentaires et la peinture;
Cette nouvelle procédure ; que conforterait la volonté de changer de paradigme en terme de consécration d’une démarche prévisionnelle et anticipative dans les actions, donc à l’opposé de toute forme de gestion des urgences, pourra de manière concrète s’opérationnaliser entre ces deux acteurs, en suivant le schéma de déclinaison technique ci-après à titre d’exemple pratique :
CHAINE OPERATIONNELLE DE TRANSFERT TECHNOLOGIQUE POUR UNE EXECUTION PARTAGEE INDUSRIE – ARTISANAT D’UN PROGRAMME D’EQUIPEMENT AGRICOLE
ACTIONS ACTEURS
Approvisionnement groupé des matières premières et composantes diverses | Usine Centrale SISMAR |
PREFABRICATION DES MATERIELS EN KIT -Découpage -Perçage -Formage -Traitement thermique de pièces -Mise en paquets de fournitures diverses importées en l’état (boulonnerie, pignon, courroies, baguettes de soudure,etc.) | Usine Centrale SISMAR |
LIVRAISON DES KITS PRE-FABRIQUES PAR SISMAR LIVRAISON DES PAQUAGES DE FOURNITURES DIVERSES | EXPEDITION départ usine par SISMAR DESTINATAIRES-RECEPTIONISTES - le Réseau de l’Artisanat Rural - les Organismes de Développement SODEFITEX et autres |
TRAVAUX COMPLEMENTAIRES DE FABRICATION FINITION ET MONTAGE • Soudure des éléments en kits • Montage des accessoires • Peinture | EN ATELIER EN MILIEU RURAL - Micro-entreprise - GIE Forgerons Nota : formation et perfectionnement de ces acteurs par la SISMAR |
LIVRAISON AUX AGRICULTEURS DES EQUIPEMENTS FABRIQUES ET DESTINES • En vente directe • En exécution de BONS de crédits CNAS • En clientèle diverses (ONG, organismes de développement, coopératives | PAR SISMAR et Partenaires Artisans Dans les lieux de livraison renseignés sur la commande (Sièges CNCAS soit Sièges Organismes de développement |
III. 2. Dans la maintenance des équipements agricoles quel partenariat utile à tous la SISMAR devrait-t-elle entreprendre avec l’Artisanat
L’Artisanat local dans les Villages et Centres urbains du Pays se consacre avec beaucoup d’efficacité à contribuer à assurer le plus longtemps possible l’exploitation des équipements de l’Agriculteur en lui assurant réparation et fourniture de pièces de remplacement.
Cette action de maintenance après-vente ne peut être menée de façon aussi diffuse par l’Industrie SISMAR de production des équipements agricoles pour des raisons évidentes de coûts d’un tel schéma d’intervention directe.
Il s’agit donc de deux rôles fortement complémentaires et tous ces deux acteurs techniques, de même que les Agriculteurs exploitant desdits équipements, ont tous besoins dans leurs activités respectives.
Or, actuellement il n’existe aucun partenariat technique ni aucune autre forme de collaboration organisée entre les acteurs techniques que sont d’une part notre Industrie SISMAR et ou nos Fournisseurs d’équipements importés et d’autre part notre Artisanat rural ; ni en terme de perfectionnement et mise à niveau, ni en dotation de documentation technique sur les équipements produits et ou importés, encore moins de mise à disposition, même sous condition, d’un stock de pièces spéciales de première nécessité.
L’industriel SISMAR, même avec sa position avantageuse de constructeur local et disposant d’un Centre de formation technique au sein de l’Usine, ne prend plus quasiment aucune initiative en la matière et l’Artisanat rural, laissé à son propre sort, fournit avec difficulté le service après vente pourtant si nécessaire à tous sur les matériels de culture attelée.
Pour combler efficacement le vide organisationnel qui caractérise actuellement l’activité de maintenance des équipements agricoles en milieu rural, il serait fort nécessaire que la SISMAR actuelle revisite, pour s’en inspirer, les contextualiser et les améliorer, les expériences passées; à savoir :
1 Entre l’ex-SISCOMA et le Réseau des anciens magasins SONADIS dans la mise en place et la co-gestion d’un stock de pièces détachées d’origine industrielle.
2 Entre la SISMAR dans ses 1ères années 1982/1990 avec d’une part des Entreprises du métal et des Commerçants en milieu rural et d’autre part des Organismes de développement comme SODEFITEX avec un système de dépôt-consignation de lots de pièces détachées.
Avec les perspectives de forte relance des équipements agricoles à travers la nouvelle politique des Autorités, les bénéfices d’une relance appropriée de l’activité organisée de la maintenance technique en milieu rural seraient de plusieurs ordres au plan économique :
• Pour la SISMAR, une meilleure appréciation de ses produits par sa clientèle, donc plus de possibilité de vente ;
• Pour l’Agriculteur une plus longue vie de son matériel, avec une meilleure rentabilisation ;
• Pour l’Artisanat un élargissement de son activité, avec maintien voire accroissement des emplois offerts et de ses revenus.
Birame Ngoye FALL Ingénieur Machinisme Agricole
Ancien Chef de Division au Ministère du Développement Rural/DSA
Ancien Directeur à SISCOMA et à SISMAR
Président V2A (Ingénieurs et Cadres Retraités de l’Agriculture)
Ex-Président de la Commission Monde Rural et Secteur Primaire des ASSISES NATIONALES
E. mail : fallbirame29@yahoo.fr
Autres articles
-
Visite du Président Nigérian en France: un changement de cap diplomatique ? (Par Magaye Gaye, économiste)
-
Commémorer Thiaroye 44 en ayant en mémoire toutes les violences coloniales commises dans le monde
-
Diomaye, la photo officielle du corps sacré (Par Bacary Domingo Mané)
-
La citoyenneté, socle de la rupture systémique (Par Bocar Kâne)
-
Analyse du rachat supposé de la Société générale sénégalaise par l'Etat du Sénégal SÉNÉGAL PAR L'ÉTAT DU SÉNÉGAL