Campagne - Wade conspué au front: Mais où sont le Pds et Karim ?


Rédigé le Mercredi 22 Février 2012 à 10:54 | Lu 1205 commentaire(s)


Le candidat controversé Abdoulaye Wade est en campagne ou veut en donner en tout cas l’impression en sillonnant le pays. Bluffe-t-il simplement ? Sa caravane visite les 45 départements des 14 régions du pays, affirme El Hadji Amadou Sall son porte-parole. Soit, mais où sont son parti, le Parti démocratique sénégalais (Pds), sa coalition les Forces alliées 2012 (Fal 2012) et son fils, Karim Wade dans tout ça?


Abdoulaye Wade, président sortant, candidat à sa (re)succession, sillonne le pays et bat campagne. A la date d’hier, mardi 21 février, assurait sur les ondes son porte-parole, l’avocat El Hadji Amadou Sall, sa caravane avait fini de visiter plus de 40 départements sur les 45 que compte le pays et compte boucler la boucle le vendredi prochain dans la banlieue dakaroise, notamment à Pikine-Guédiawaye.

Avec qui, est-on cependant tenté de s’interroger en observant l’absence ou le mutisme des figures importantes de son parti, de sa coalition et de son fils, Karim Wade ? Si le caravansérail libéral de campagne draine foule à chaque étape, se plaisent à souligner et à inviter à noter par l’opinion nationale et internationale, les proches du président-candidat, bon nombre de militants et de responsables libéraux se demandent qui sont ceux qui organise et mobilise ces foules à leur place. Nul n’a vu dans aucune des étapes encore visitées, l’ombre de son fils, le ministre d’Etat Karim Wade, pourtant membre du directoire de campagne, s’il n’en tire pas les ficelles. Wade s’appuie-t-il sur « ses deux mousquetaires » que sont Serigne Mbacké Ndiaye et El Hadji Amadou Sall qui sont les seuls qu’on entend depuis le début de la campagne ?

Où sont les Pape Diop, Abdoulaye Faye, Ousmane Masseck Ndiaye, Iba Der Thiam, Mamadou Seck, le ministre d’Etat directeur de cabinet du président, responsable à Linguère, Habib Sy, Doudou Wade, le tonitruant, président du groupe parlementaire libéral, Awa Diop, la présidente des femmes, pour n’en citer que ceux là. Personne ne les entend dans cette campagne qui prend fin dans la tension. De sources généralement bien informées, on apprend que Doudou Wade frustré du choix porté sur son cousin Youga Sakho, patron de la Sapco dans son fief de Biscuiterie pour porter les couleurs du candidat, avait voulu démissionner. Parents, amis, frères de parti et alliés sont parvenus à l’en dissuader, mais depuis il a quasiment gelé ses activités.

« On a l’impression que le président se déplace avec une foule qui lui est propre qu’il draine d’étape en étape. C’est comme si il a des mobilisateurs inconnus qui rameutent ou lèvent des troupes à chaque étape de sa campagne », avancent sous le sceau de l’anonymat certains responsables libéraux très frustrés. « Nous tous avons été sacqués par le Secrétaire général national. Il s’est évertué depuis la proclamation des résultats de la présidentielle 2007 à brimer notre leadership dans nos bases. Se refusant à tous renouvellements de nos instances de base du parti, il s’est donné les moyens d’éroder nos positions au profit d’autres individus sortis du néant et qui se disent proches de la Génération du concret de son fils », confient-ils. A cela s’ajoutent, poursuivent-ils, le fait « que jamais campagne n’a été aussi mal préparée.

Les responsables n’ont rien reçu qui leur permettent de battre campagne. Ni argent, ni moyens logistiques». Tout au plus deux pauvres millions de Fcfa par fédération. Ce qui est une goutte d’eau dans l’immensité des besoins, indiquent-ils. « Il est vrai que pour les manifestations d’envergure dans les départements, notamment les meetings du candidat, un budget harmonisé de 10 millions de Fcfa pour la fédération hôtesse, est dégagé, mais on a l’impression que c’est une obole destinée plus à créer la zizanie entre les responsables et les militants après le départ du candidat. C’est à quoi, on a assisté un peu partout sur son passage depuis le début», se lamentent-ils. Ces responsables d’indiquer « qu’une campagne se prépare en amont et se consolide en aval. Ce qui n’est point le cas pour cette campagne ci».

Sacqués ou bâillonnés


Sacqué ou bâillonné semble être le seul choix offert aux responsables libéraux par leur frère Secrétaire général national. C’est ainsi que Abdou Fall qui a finalement rendu le tablier aussi bien de sa fonction de ministre d’Etat, directeur de cabinet politique, ce qui est une bonne trouvaille libérale bien sénégalaise, que de son poste de membre du Comité directeur, a été proprement « chassé » de Thiès où il avait été pourtant envoyé en mission commando. Depuis la cité du rail ne dispose que d’un « simple mandataire, c’est-à-dire quelqu’un qui sert de tampon entre l’administration et le parti », explique un esprit taquin libéral.

Un mandataire, selon lui qui « gère les affaires courantes, mais qui ne dispose d’aucun leadership dans le parti. La preuve au passage du candidat, la parole ne lui a même pas été donnée. Et aucun leader ne bat campagne ou le fait du bout des lèvres ». Il n’y a pas pire humiliation que ce qui a été « infligée à Ousmane Masseck Ndiaye à Saint Louis lors du passage du candidat », disent d’autres sources libérales. Elles refusent de mettre sur le compte d’un timing serré, la privation de parole du Secrétaire général fédéral, non moins quatrième personnalité du pays, lors du meeting de son candidat alors qu’il a mobilisé.

Et le fait d’avoir privé la parole aux autres leaders du Saint-Louis libéral que sont Ousmane Ngom, Cheikh Tidiane Sy, le ministre de la Justice et Awa Ndiaye, du mouvement des femmes libérales, ministre de la Culture ne dédouane à leurs yeux, le président de la République. Cette situation de Ousmane Masseck Ndiaye à Saint-Louis n’est pas pourtant singulière. Elle est quasiment partagée par tous les autres à travers le pays. Abdoulaye Baldé le maire de Ziguinchor à qui le candidat de la coalition, « Macky 2012 », fait des clins d’œil depuis qu’il a été sevré de parole dans son fief par le candidat président en témoigne.

A Mbacké, le cercle restreint du président a argué des divergences entre les responsables pour les priver de parole. A Kaolack, c’est la camarade de Abdourahim Agne l’allié, Nafi Ngom qui a été propulsée au devant de la scène à la grande surprise des vieux baroudeurs libéraux comme Goumbala ou même Daouda Faye. Partout c’est quasiment le même scénario, soulignent les mêmes sources. Le président bat campagne sans le parti, encore moins les alliés. « C’est comme s’il ne croyait pas à la tenue de l’élection ou qu’il ne voudrait rien nous devoir en cas de victoire pour mieux nous chasser certainement ». Etayant leurs arguments les mêmes sources de faire remarquer que, le candidat ne cesse de se plaindre en privé de l’inaction de son directoire de campagne.
Madior FALL (Sud quotidien)



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