Des camions à perte de vue, garés en file indienne sur la route droite, l’unique voie de sortie du nord de Bangui ; des camions bondés de valises, de bâches, de couvertures, de meubles en bois, de gros bidons jaunes, d’électroménagers en tous genres. Leur chargement a débuté aux premières lueurs du jour. Depuis des mois, tous attendent ce grand départ.
Les 1 400 derniers musulmans, piégés depuis décembre au cœur du quartier du PK12 ont quitté la capitale en direction des villes de Kabo et de Sido, près de la frontière tchadienne où ils seront pris en charge sur un site spécialement aménagé pour les accueillir.
La relocalisation de ces populations, victimes chaque jour d’attaques anti-balaka, a été prise en charge par l’ONU. Vingt-deux de ces musulmans ont été tués dans cette enclave ces quatre derniers mois.
Pendant le chargement, certains préfèrent brûler leurs affaires qu’ils ne peuvent pas emporter dans ce voyage. Une voiture est ainsi incendiée, de la fumée noire s’échappe là de la cour d’une concession. Mes à peine le convoi parti, des centaines de jeunes qui guettaient son départ derrière une barrière de sécurité tenue par les soldats de la Misca ont fondu sur ce site pour piller ce qui restait, désosser les maisons, voler au cri de messages anti-musulmans.
Polémique
Il existe toujours une quinzaine d'enclaves au sud de RCA où vivent entre 15 000 et 20 000 musulmans. Depuis un mois, la question de leur relocalisation divise les autorités et la communauté internationale. Pendant longtemps, la France fut réticente à mettre en œuvre une politique de relocalisation malgré l'instance des organisations humanitaires. Paris, tout comme les autorités de la transition, ne veut pas cautionner et encore moins participer à la logique d'épuration ethnico-religieuse mise en place par les anti-balaka. Paris et Bangui ont jusqu'alors privilégié une politique de sécurisation des populations et des enclaves.
Mais cette politique a montré ses limites. À Bangui, il ne se passe pas une semaine sans heurts, affrontements ou assassinats entre chrétiens et musulmans. Les défenseurs des droits de l'homme et les organisations humanitaires ont tiré la sonnette d'alarme, et Paris a suivi. Désormais, la priorité est de sauver des vies humaines. Lorsque les populations sont en danger, il faut les évacuer, affirme l'ambassadeur de France à Bangui.
Reste le gouvernement de transition qui feint d'ignorer la comptabilité macabre et refuse la politique de relocalisation. Ce gouvernement est pourtant dans l'incapacité d'assurer un minimum de sécurité. Un seul exemple, les dix chefs de bande anti-balaka arrêtés par la Misca en février dernier se sont évadés quelques semaines plus tard. Depuis, ils ont repris leurs activités sans que cela n'émeuve quiconque au gouvernement.
Source : Rfi.fr
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