Sur le chemin de Bouar, vendredi 14 février, la colonne de l'opération Sangaris marque une pause sur une route en descente. En face, un homme pousse sa moto. « Le carburateur est cassé ! », lance-t-il, avant d'enchaîner : « Bravo l'armée française ! Merci pour votre présence ici. Attention, dans la forêt, il y a des Peuls avec des kalachnikovs. »
Les tensions sont encore très vives entre communautés. A chaque village traversé, des ruines calcinées de maisons ou de pâtés de maisons sont visibles. A Baoro, à environ 50 kilomètres de Bouar, les maisons incendiées sont à l'entrée et à la sortie de la ville. Ce sont les stigmates des violences et des représailles qui ont fait 152 morts en trois jours, du 20 au 22 janvier, quand les Seleka sont partis, explique un prêtre, qui dirige une radio à Bouar. « Ils ont laissé leurs armes à certains musulmans qui sont allés s'en prendre aux chrétiens. Les anti-balaka de Bozoum sont descendus le lendemain pour les venger », raconte-t-il.
Fouilles, interrogatoires, tout est passé au peigne fin
Bouar est située au bout de la piste qui vient de Baoro. Dans cette localité, 8 200 musulmans vivent actuellement réfugiés à la grande mosquée centrale et dans l'école primaire qui la jouxte, fuyant les pillages, les violences et le racket des anti-balaka. Pour eux, l'arrivée des soldats français promet, ils en sont sûrs, de meilleurs lendemains.
Dimanche, les Français commencent leurs premières recherches. Il est un peu moins de six heures du matin quand la colonne de Sangaris se poste devant une cour fermée par un grand portail en fer. Les hommes du premier RCP et du premier RHP réveillent un groupe de quatre jeunes anti-balaka. Fouilles, interrogatoires, tout est passé au peigne fin. Finalement, les soldats français mettent la main sur deux vieilles kalachnikovs, un arc et quelques chargeurs. Les anti-balaka présents sur les lieux affirment, eux, garder l'endroit pour son propriétaire, un musulman qui se serait mis à l'abri.
10 heures, la colonne repart vers un site anciennement tenu par les Forces armées centrafricaines (Faca), non loin du camp Leclerc, où Sangaris a pris ses quartiers. Les interrogatoires commencent. Rapidement, les militaires français se dirigent vers une maison sur les hauteurs. Elle est occupée par le chef des anti-balaka présents, un lieutenant prénommé Igor. Dans les faux plafonds et les recoins de la maison, les soldats français trouvent trois kalachnikovs, sept chargeurs pleins, trois grenades, et même une roquette. Le lieutenant anti-balaka et ses hommes sont interrogés. Une quinzaine d'entre eux sont même interpellés. Leurs téléphones sont saisis, ainsi que ceux de toutes les personnes présentes à proximité, ce qui provoquera d'ailleurs une manifestation de colère vite contenue.
Source : Rfi.fr
Des fusils, des munitions, des grenades et une roquette