Centrafrique: les audiences de confirmation des charges contre Maxime Mokom ont débuté à la CPI

À la Cour pénale internationale (CPI), les audiences de confirmation des charges portées contre Maxime Mokom ont débuté ce mardi 22 août 2023. Considéré par le procureur comme l’ex-chef des opérations militaires des anti-balaka, Maxime Mokom est poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique, en 2013 et 2014.



Les audiences de confirmation des charges portées contre Maxime Mokom ont débuté ce 22 août 2023 devant la Cour pénale internationale (CPI). Cet ex-coordinateur de la milice anti-balaka est poursuivi pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre qui auraient été commis en 2013 et 2014 en République centrafricaine.
 
Tout l’enjeu de ces trois jours d’audience consiste, pour le procureur, à convaincre les juges de confirmer les accusations portées contre Maxime Mokom et de le renvoyer vers un procès.
 
C’est le procureur général adjoint qui a pris la parole, ce mardi matin. Mandiaye Niang a dressé le contexte dans lequel les crimes ont été commis : la guerre de 2013, la chute du président d’alors, François Bozizé, renversé par la coalition Seleka, puis la réponse des anti-balaka formés par les partisans de l’ex-chef d’État en exil.
 
Selon le procureur Niang, en 2014, les anti-balaka ont utilisé le même mode opératoire contre la population civile, comme à Bossemptélé. « Une fois de plus, ils ont tué plusieurs civils musulmans, affirme Mandiaye Niang. Ils ont pillé et brûlé des maisons, des magasins et des mosquées. Des civils musulmans se sont enfuis en masse ou ont pris refuge dans la mission catholique de la ville. Au mois de juillet 2014, presque toute la population de la ville – presque toute la population ! – avait été évacuée. Ce modus operandi a été répété dans les villages de Guen, Carnot Berberati et Boda. »
 
Les avocats des victimes ont ensuite pris la parole ainsi que le suspect. Maxime Mokom a reproché en substance à la Cour de criminaliser la résistance en Centrafrique.
 
Maxime Mokom, 44 ans, était le coordonnateur des anti-balaka, des milices autoproclamées d'autodéfense formées majoritairement de combattants chrétiens et animistes, créées en 2013 en réaction à la prise de Bangui par la Seleka, une coalition de groupes armés principalement composée de musulmans opposés à l'ancien président François Bozizé.
 
L'ex-milicien a nié avoir participé à un quelconque plan criminel. Debout dans la salle d'audience, vêtu d'une tunique blanche, Maxime Mokom a affirmé que les anti-balaka se sont formés pour résister aux exactions de la Seleka, un groupe formé selon lui de mercenaires soudanais, nigériens et tchadiens.
 
« Le peuple centrafricain a été abandonné à son propre sort, a-t-il affirmé. Il lui fallait organiser sa propre résistance par des actions d'autodéfense, afin d'assurer sa survie face aux horreurs perpétrées par la Seleka. L’état de nécessité dans lequel était plongé la population centrafricaine exigeait de sa part le recours à des actes de légitime de défense, d'où l'émergence de cette révolution populaire dénommée anti-balaka. Pourquoi les Centrafricains ne pourraient-ils pas prendre les armes pour faire face à l'agression, comme la France l'a par exemple fait face à l'Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale ? Pourquoi pas les Centrafricains ? »
 
Il faut rappeler que les crimes que lui reproche le procureur, notamment les meurtres et les persécutions, auraient été commis au premier chef contre des civils. Les audiences doivent se poursuivre jusqu'au 24 août. Les juges auront ensuite deux mois pour rendre leurs décisions.
 
Maxime Mokom fait face à 20 chefs d'accusation de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité pour des atrocités commises en 2013 et 2014, parmi lesquels des attaques dirigées contre des civils, des meurtres, des viols, des pillages et des attaques contre des mosquées.

RFI

Mercredi 23 Aout 2023 10:39


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