Après les violences de vendredi qui ont fait au moins trois morts à Bangui, la nuit et la matinée ont été plus calmes dans la capitale centrafricaine, dont les rues sont désertes. Les voitures et les commerces ouverts étaient rares ce samedi matin et un hélicoptère militaire français survolait régulièrement la capitale. Un important convoi militaire composé de blindés français et de véhicules des contingents congolais et rwandais de la Misca était déployé notamment sur l’avenue Koudoukou de Bangui.
A l’aide de tractopelles, les militaires ont dégagé ce qui restait de barricades érigées les jours précédents et les grosses pierres qui gênaient la circulation. Sur l’avenue du quartier chrétien de Miskine, les habitants étaient sortis en nombre, certains huant le convoi à son passage. Les habitants de Miskine rencontrés par RFI ce matin insistaient sur le désarmement du PK5, la dernière enclave musulmane de la capitale centrafricaine. « Nous demandons le désarmement du PK5 », nous ont-ils dit.
Marche pacifique contre le désarmement dans le PK5
En fin de matinée, une marche pacifiste a réuni dans ce quartier musulman plusieurs centaines de personnes. « Non à l’injustice de Catherine Samba-Panza », « Non à la partialité et oui à l’égalité et à la liberté pour tous », pouvait-on lire sur certaines pancartes tenues par les manifestants. Vendredi, dans un discours Catherine-Samba Panza promettait de désarmer les troisième et cinquième arrondissements, autrement dit le quartier musulman. La population du PK5 - environ 15 000 personnes - estime que cette mesure est dirigée contre elle. Elle accuse la présidente Samba-Panza de partialité, réclame son départ et demande aux Nations unies de les aider à quitter Bangui. L'inquiétude y est très vive.
« Ce qui nous a choqués, c’est d’abord qu’elle ne nous considère pas comme étant des Centrafricains, explique Saoudi Dodo, le porte-parole de la communauté musulmane du PK5. Pendant les six mois qu’on a connu la crise, on a toujours été agressé mais madame la présidente n’a jamais tenu un discours d’apaisement, même pas un discours pour que l’on arrête tout ce que nous avons vécu. Vous savez, elle est incapable de nous sécuriser ; elle est incapable de nous protéger. Elle ne désarme pas les bandits, les anti-balaka qui nous attaquent mais elle veut nous désarmer nous qui sommes des victimes. Ça c’est une manière claire de nous envoyer à la mort ,vous comprenez ? Nous disons « non », on ne va jamais désarmer ! Nous demandons que l’on nous regroupe et que les Nations unies nous sortent du pays. Tous les musulmans sont prêts aujourd’hui à quitter le Kilomètre 5, à quitter Bangui, à quitter même la République centrafricaine ».
Source : Rfi.fr