Un nouveau front dans la bataille juridique contre l’intelligence artificielle. Le quotidien américain New York Times a lancé mercredi 27 décembre des poursuites auprès d'un tribunal fédéral à New York à l'encontre d’OpenAI et Microsoft pour violation des droits d’auteur.
Le cœur du litige porte sur le modèle de développement des IA génératives, en particulier ChatGPT, qui "repose sur des modèles d'apprentissage massif construits en copiant et en utilisant des millions d'articles du Times protégés par les droits d'auteur", selon la plainte.
Le New York Times affirme avoir tenté de trouver une "résolution à l'amiable" avec Microsoft et OpenAI en avril, leur faisant part de ses préoccupations concernant l'utilisation de sa propriété intellectuelle. Il a proposé un accord commercial et des "garde-fous technologiques", mais les négociations n'ont pas abouti. Le journal estime le préjudice subi à plusieurs milliards de dollars.
En 2019, le New York Times a publié une enquête sur l'industrie des taxis de la ville de New York. L'enquête, qui a nécessité 18 mois de travail, a été récompensée par un prix Pulitzer et a conduit à la promulgation de nouvelles lois. ChatGPT est accusé dans la plainte d'avoir repris de grandes parties de cette enquête mot pour mot, "sans avoir joué aucun rôle dans sa création".
Malgré la menace de ce concurrent sérieux et la baisse constante du nombre d’abonnés à la presse écrite, le New York Times s'en sort mieux que la plupart des autres grands médias. En septembre 2023, il comptait 9,41 millions d'abonnés uniquement numériques, contre 8,59 millions un an plus tôt.
C’est ce qui s’est produit lorsque Copilot, le chatbot de Microsoft, a fourni des informations incorrectes en citant le Times, notamment des résultats pour "les 15 aliments les plus sains pour le cœur", dont 12 n'étaient pas mentionnés dans l’article du journal. Cet exemple représente une atteinte à la marque, selon le journal, et donc à sa réputation.
"La force de la plainte du New York Times réside dans son argumentaire en faveur de la protection de la liberté de la presse ", estime Giada Pistilli, éthicienne pour la start-up française Hugging Face et chercheuse à Sorbonne Université. "Le contenu écrit est avant tout une production humaine. Le New York Times insiste sur le fait que le journalisme est essentiel à la démocratie. Toute atteinte envers la presse met en danger le tissu-même de la société de demain."
L'action en justice intentée par le NY Times pourrait potentiellement créer une brèche et générer de nouvelles sources de revenus pour les médias à travers le monde. "Si le New York Times gagne son procès, la décision du tribunal pourrait faire jurisprudence aux États-Unis", relève Giada Pistilli. "Cela pourrait avoir un effet cascade pour d'autres journaux qui intenteraient des procès similaires ailleurs."
Cependant, une autre implication doit être prise en compte selon la spécialiste : "Si la Cour suprême (la plus haute autorité judiciaire du pays, NDLR) doit se prononcer sur la question, un vrai bras de fer va démarrer entre les défenseurs du progrès technologique et les défenseurs du journalisme. Les élections de l'année prochaine et la montée du trumpisme, qui déteste les médias, pourraient influencer la décision de la Cour."
"La marge d’amélioration est considérable"
Cette affaire soulève aussi des questions importantes sur le développement de l'IA générative. "Il est possible que des chercheurs finissent par trouver des solutions pour contourner le problème et améliorer la qualité des réponses de ces systèmes", analyse Fabrice Popineau, enseignant-chercheur à la CentraleSupélec.
"Aujourd’hui, les outils d’IA générative ont atteint un plafond dans leur capacité à générer du texte de qualité. Ils sont entraînés sur des ensembles de données qui contiennent l’intégralité des textes disponibles générés humainement. Cependant, cet ensemble de données est limité et ne permet pas aux outils d’IA d’atteindre une qualité optimale. La marge d’amélioration est considérable."
Au-delà de l’industrie de l’information, l’IA générative est au centre d’un nombre croissant de plaintes. En janvier, des artistes ont engagé des poursuites contre les générateurs d’images Stability AI et Midjourney, les accusant d’avoir "violé" leurs droits d’auteur.
Plusieurs romanciers ont également intenté une action en justice contre OpenAI et Microsoft, affirmant que ces sociétés ont utilisé leurs textes de façon "abusive". En juillet, l’écrivaine et comédienne Sarah Silverman a porté plainte contre OpenAI et Meta, la société mère de Facebook, les accusant d’utiliser son livre "The Bedwetter" pour entraîner leurs chatbots. Aucune de ces poursuites n’a encore abouti.
Le cœur du litige porte sur le modèle de développement des IA génératives, en particulier ChatGPT, qui "repose sur des modèles d'apprentissage massif construits en copiant et en utilisant des millions d'articles du Times protégés par les droits d'auteur", selon la plainte.
Le New York Times affirme avoir tenté de trouver une "résolution à l'amiable" avec Microsoft et OpenAI en avril, leur faisant part de ses préoccupations concernant l'utilisation de sa propriété intellectuelle. Il a proposé un accord commercial et des "garde-fous technologiques", mais les négociations n'ont pas abouti. Le journal estime le préjudice subi à plusieurs milliards de dollars.
Un concurrent sérieux
Si la plainte du New York Times vise à protéger les droits d’auteurs, elle soulève également la question de la concurrence dans le secteur de l’information. Lorsque les chatbots sont interrogés sur l’actualité, ils peuvent générer des réponses qui reprennent les informations publiées par le New York Times. Le journal craint que les utilisateurs se contentent de ces réponses et ne visitent pas son site, ce qui pourrait entraîner une perte de revenus publicitaires et d'abonnements, précise-t-il dans cet article.En 2019, le New York Times a publié une enquête sur l'industrie des taxis de la ville de New York. L'enquête, qui a nécessité 18 mois de travail, a été récompensée par un prix Pulitzer et a conduit à la promulgation de nouvelles lois. ChatGPT est accusé dans la plainte d'avoir repris de grandes parties de cette enquête mot pour mot, "sans avoir joué aucun rôle dans sa création".
Malgré la menace de ce concurrent sérieux et la baisse constante du nombre d’abonnés à la presse écrite, le New York Times s'en sort mieux que la plupart des autres grands médias. En septembre 2023, il comptait 9,41 millions d'abonnés uniquement numériques, contre 8,59 millions un an plus tôt.
Atteinte à la réputation
La plainte met en évidence un autre risque lié à l'utilisation de chatbots pour générer des réponses à des questions sur l'actualité : les "hallucinations" de l'IA. Ce phénomène se produit lorsque les chatbots génèrent une réponse fausse ou trompeuse qui est ensuite attribuée à tort à une source.C’est ce qui s’est produit lorsque Copilot, le chatbot de Microsoft, a fourni des informations incorrectes en citant le Times, notamment des résultats pour "les 15 aliments les plus sains pour le cœur", dont 12 n'étaient pas mentionnés dans l’article du journal. Cet exemple représente une atteinte à la marque, selon le journal, et donc à sa réputation.
"La force de la plainte du New York Times réside dans son argumentaire en faveur de la protection de la liberté de la presse ", estime Giada Pistilli, éthicienne pour la start-up française Hugging Face et chercheuse à Sorbonne Université. "Le contenu écrit est avant tout une production humaine. Le New York Times insiste sur le fait que le journalisme est essentiel à la démocratie. Toute atteinte envers la presse met en danger le tissu-même de la société de demain."
L'action en justice intentée par le NY Times pourrait potentiellement créer une brèche et générer de nouvelles sources de revenus pour les médias à travers le monde. "Si le New York Times gagne son procès, la décision du tribunal pourrait faire jurisprudence aux États-Unis", relève Giada Pistilli. "Cela pourrait avoir un effet cascade pour d'autres journaux qui intenteraient des procès similaires ailleurs."
Cependant, une autre implication doit être prise en compte selon la spécialiste : "Si la Cour suprême (la plus haute autorité judiciaire du pays, NDLR) doit se prononcer sur la question, un vrai bras de fer va démarrer entre les défenseurs du progrès technologique et les défenseurs du journalisme. Les élections de l'année prochaine et la montée du trumpisme, qui déteste les médias, pourraient influencer la décision de la Cour."
"La marge d’amélioration est considérable"
Cette affaire soulève aussi des questions importantes sur le développement de l'IA générative. "Il est possible que des chercheurs finissent par trouver des solutions pour contourner le problème et améliorer la qualité des réponses de ces systèmes", analyse Fabrice Popineau, enseignant-chercheur à la CentraleSupélec.
"Aujourd’hui, les outils d’IA générative ont atteint un plafond dans leur capacité à générer du texte de qualité. Ils sont entraînés sur des ensembles de données qui contiennent l’intégralité des textes disponibles générés humainement. Cependant, cet ensemble de données est limité et ne permet pas aux outils d’IA d’atteindre une qualité optimale. La marge d’amélioration est considérable."
Au-delà de l’industrie de l’information, l’IA générative est au centre d’un nombre croissant de plaintes. En janvier, des artistes ont engagé des poursuites contre les générateurs d’images Stability AI et Midjourney, les accusant d’avoir "violé" leurs droits d’auteur.
Plusieurs romanciers ont également intenté une action en justice contre OpenAI et Microsoft, affirmant que ces sociétés ont utilisé leurs textes de façon "abusive". En juillet, l’écrivaine et comédienne Sarah Silverman a porté plainte contre OpenAI et Meta, la société mère de Facebook, les accusant d’utiliser son livre "The Bedwetter" pour entraîner leurs chatbots. Aucune de ces poursuites n’a encore abouti.
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