Chronique: Attention Danger !





L’histoire se répète sous forme de tragédie ou de comédie, dit-on ! Nous prenons appui sur cette maxime prémonitoire pour sonner l’alerte à propos des risques de troubles à l’occasion de l’inauguration du Monument de la Renaissance Africaine (MRA), veille de la Fête de l’Indépendance. L’opposition a décidé de manifester contre cette statue qu’elle juge inopportune. Le pouvoir, par la voix du Préfet de Dakar a, de son coté, pris la décision de l’interdire. Les postions semblent inconciliables. Par voie de conséquence, il est probable qu’on assiste à des débordements regrettables.

Comparaison n’est pas raison, et nous ne jouons pas les oiseaux de mauvais augure, mais ce qui s’est passé en Guinée, le 28 septembre dernier, doit faire réfléchir plus d’un citoyen épris de paix et de liberté. A cette date, jour de l’indépendance chez nos voisins, satanique coïncidence, les leaders de l’opposition avaient organisé une manifestation contre le pouvoir en place mais celui-ci l’avait interdite et réprimée dans le sang. Plusieurs dizaines de victimes. On connaît les conséquences sociopolitiques malheureuses de cette intransigeance en Guinée.

Ce 3 avril, le Sénégal joue gros. La coalition Benno Siggil Sénégal qui s’est résolue à marcher contre vents et marées pour faire entendre sa voix, pourrait faire face à une répression féroce de la part des forces de l’ordre. Celles-ci, instruites par l’autorité, ne se gêneront pas à casser du manifestant. De deux choses l’une. Soit l’opposition cède pour éviter le grabuge en dénonçant ses maux par des mots dans les médias. Le risque serait moindre de faire éclater la violence dont personne ne sort glorieux, ou du moins ce serait une victoire à la pyrrhus. Soit le pouvoir laisse faire ses contradicteurs, en montrant par l’occasion la vivacité démocratique du Sénégal, où les citoyens expriment librement, dans la paix, leurs opinions. Ce serait passablement bien pour l’Etat, même si cela porterait, du reste, une ombre à ses festivités.

Ainsi, la double célébration du 4 avril se tiendrait paisiblement nonobstant les positions de part et d’autre. C’est à cet esprit de responsabilité et de dépassement auquel notre classe politique doit s’astreindre pour préserver l’image du Sénégal et la quiétude de ses hôtes. Toute autre attitude jusqu’au-boutiste n’est qu’entêtement et aveuglement, évidemment préjudiciables, et qui peuvent pousser notre pays vers un précipice dont il aura du mal à sortir. Célébrer l’indépendance, c’est aussi et surtout montrer que nous sommes assez mûrs pour gérer nos contradictions, après 50 ans d’autonomie relative.

Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com

Charles Thialice SENGHOR

Samedi 3 Avril 2010 13:57


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