Chronique : Des mendiants dans les rues d’un pays mendiant.



Le gouvernement du Sénégal vient de s’illustrer encore dans sa volonté de lutter contre la mendicité. C’est interdit de mendier à partir de ce mercredi 25 août 2010 dans les rues de Dakar. Et certainement bientôt dans toutes les rues de toutes les villes du pays. La mendicité est partout au Sénégal et concerne des milliers de personnes surtout l’image insoutenable et inacceptable de nos enfants dans les rues partout et à toute heure. Il s’agit d’appliquer la loi, la mendicité est bel et bien interdite par la loi. D’ailleurs depuis quelques temps, le programme dit PARER (partenariat pour le retrait et l’insertion des enfants de la rue), qui regroupe des institutions publiques et leurs partenaires, sensibilise à travers affiches et annonces à la radio et à la télé sur le phénomène et ce qu’en dit la loi.

Espérons que ce ne sera pas une déclaration de plus. Le combat ne sera pas du tout facile mais le jeu en vaut la chandelle. C’est un combat contre des intérêts et contre un fait ancré dans une société de paraître et de bizarreries religieuses où des gens qui ont des moyens préfèrent donner de l’aumône toute leur vie au lieu d’aider leur prochain à sortir de la situation de dépendance. Une société où des millions sont distribués tous les jours sans rendement dans des cérémonies (mariage, baptême, funérailles, soirées musicales…). L’image de ces enfants en haillon dans les rues, incapable de réciter correctement une sourate du Coran ne renvoie en rien à l’Islam. C’est en contradiction avec les valeurs de solidarité, de paix. La mendicité renvoie juste à la démission de parents et à la cupidité de faux marabouts comme tous ces faux hommes de Dieu impliqués chaque jour dans des scandales de pédophilie et de viol mais aussi à l’irresponsabilité d’un gouvernement frileux qui parle aujourd’hui encore d’éventuelles sanctions de partenaires pour décider de mettre un terme à la mendicité. Un Etat qui d’ailleurs tend la main depuis 1960 et qui a du mal à quitter la catégorie des pays pauvre très endettés.

La mendicité bien sûr ne concerne pas seulement les enfants mais c’est la partie du phénomène qui pose plus de problème. Il est plus facile de canaliser les adultes surtout invalides qui s’adonnent à cela devant les lieux de culte et certains points des rues. Une forte sensibilisation, une application rigoureuse de la loi et des engagements du gouvernement doivent faire l’affaire. Tout cela va naturellement sortir du système les gens valides qui sans aucune raison valable au lieu de se battre pour vivre préfèrent tendre la main. C’est un travail de longue haleine qu’il faut mener avec sincérité, rigueur dans un esprit d’ouverture vers toutes parties concernées pour un changement définitif de comportement. Le développement c’est aussi un comportement disait l’autre… la mendicité c’est aussi un état d’esprit !

NDiaga Diouf

Mercredi 25 Aout 2010 11:56


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