Destin tragique pour les deux frères ennemis de AJ/PADS
Ainsi donc Me Abdoulaye Wade a tranché, si tant est que c’est à lui de trancher ce débat.
Mamadou Diop Decroix est le secrétaire général d’And Jëf/Pads. Le patron du Parti Démocratique Sénégalais, lui a adressé une lettre pour le féliciter d’avoir été porté à la tête de AJ. Le message est simple et clair. Me Abdoulaye Wade ne reconnait qu’un seul et unique And Jëf/PADS, et ne lui reconnait qu’un seul et unique secrétaire général, Mamadou Diop Decroix. Une position pas du tout surprenante, puisque Wade n’a jamais caché sa préférence pour son ancien ministre du commerce, dans le bras de fer qui l’oppose à Landing Savané.
Préférence assimilée à de la complicité par Landing qui avait d’ailleurs accusé son ex-adjoint d’être un pion du patron du PDS pour détruire AJ. En tout cas, les autorités n’avaient pas hésité à faire reporter la finale de la coupe du Sénégal de basketball pour permettre à Decroix de tenir son congrès au stadium Marius Ndiaye. Quoi qu’il en soit, Landing Savané et Mamadou Diop Decroix ont choisi chacun son camp. Decroix part avec Wade tandis que Landing Savané rejoint le camp de l’opposition, en prenant le train des Assises nationales à la gare, non au départ mais à l’arrivée. Une séparation sur fond de tragi-comédie, assez symptomatique du destin dramatique de leur parti, qui, pendant longtemps, a été l’un des rares dans ce pays à faire de la politique de manière respectable.
Un parti pour qui, éthique et morale avaient toute leur place en politique, un parti dont les animateurs, encore dans la clandestinité, théorisaient le concept : «Défar ba mu baax, askan wi tekki» (Bien faire ou construire pour l’intérêt du peuple). Entre temps les responsables de And Jëf/PADS, goûtant aux délices du pouvoir qu’ils venaient de découvrir, ont très vite oublié les années de privation dans la clandestinité d’abord et dans l’opposition ensuite. Ils ont aussi oublié leurs grands idéaux de l’époque «reeni rewmi», «xarébi», et autres mouvements dans lesquels ils se battaient, pour un Sénégal meilleur, au péril de leur liberté, et même de leur vie pour certains. C’est à croire que comme le disait Amadou Aly Dieng, «la lutte des places a pris le dessus sur la lutte des classes».
C’est pourquoi, quand la LD et le PIT, alliés de AJ dans le pôle de gauche, affirmaient leur indépendance et leur liberté de ton vis-à-vis du PDS, au point de se faire débarquer du gouvernement, And Jëf, prenait sur lui de se montrer très docile en avalant même des couleuvres pour conserver les quelques postes de ministres et de directeurs généraux qui lui étaient attribués pour sa contribution à l’élection de Me Abdoulaye Wade, même si c’est au prix de maintes brimades et humiliations. Au bout du compte, on se rend compte que la participation à la gestion du pouvoir depuis 2000 a été plus dommageable que profitable à And Jëf/PADS. Et le plus grave c’est que Landing, Decroix et leurs camarades n’ont pas eu l’ouverture d’esprit d’en faire le bilan pour en tirer tous les enseignements. Ceux qui ont voulu poser le débat, au sortir de la présidentielle 2007 ont tout simplement été exclus du parti (les initiateurs de Yoonou Askan WI).
Il faut tout de même reconnaître que Mamadou Diop Decroix lui-même avait essayé de susciter une réflexion sur les conséquences de la candidature de Landing, mais personne dans le parti n’a eu le courage d’aborder la question de manière lucide. Il faut dire aussi que l’alternative posée par Mamadou Diop Decroix dans un long texte publié à l’époque dans les colonnes du quotidien ‘’Le Soleil’’ ne poussait pas non plus à un grand débat idéologique. Elle se résumait à ceci : «retourner avec Wade ou… retourner avec Wade». Et comme on le sait, là où la force de l’argument ne s’impose pas, c’est souvent l’argument de la force qui l’emporte. Landing et ses proches, soupçonnant Decroix de comploter pour s’emparer du parti et le remettre à Wade, décide de l’exclure avant qu’il ne soit trop tard. Ce dernier n’avait donc d’autre choix que de se battre pour ne pas être enterré vivant, politiquement s’entend. D’où ce duel à mort entre Landing Savané et Mamadou Diop Decroix pour le contrôle de And Jëf/PADS.
La scission étant déjà consommée, avec le congrès qui a fait de Decroix un secrétaire général convaincu de sa légitimité et l’autre qui va se tenir en décembre pour confirmer Landing Savané comme secrétaire général. On est, en réalité, en face de deux partis qui portent le même nom. Ce qui va ouvrir forcément un autre combat à la fois juridique et administratif pour le contrôle du sigle, alors que la bataille pour le siège, fermé par les autorités, n’a pas encore livré son verdict. Par un raisonnement par l’absurde, on pourrait penser à cette solution du roi Salomon, quand il devait départager deux femmes qui se disputaient la maternité d’un enfant. Le roi avait décidé de fendre le bébé en deux pour donner une partie à chaque mère. Pour les follistes, ce sera plus simple puisque la scission est déjà constatée, il s’agit seulement de la formaliser en divisant le sigle. And Jëf/Pads, en deux, donnerait, And Jëf pour Landing Savané et Pads pour Mamadou Diop Decroix. On n’en est pas encore là, il est vrai, et un raisonnement par l’absurde ne signifiant pas raisonnement absurde, tout peut arriver.
En tout cas, Mamadou Diop Decroix était donc tout fier de brandir la missive du chef de l’Etat, preuve d’une légitimation fort symbolique et qui vaut son pesant d’or dans le bras de fer qui l’oppose à son ancien frère Landing Savané. C’est donc, fort de cette reconnaissance qu’il entend faire un pas en avant, pour parachever ( ?) une réconciliation dont les premiers jalons ont été posés à Touba, devant le khalife général des mourides. Mais ce qui rend intéressante la nouvelle posture de Mamadou Diop Decroix, c’est qu’il tend la main à Landing, non pour reprendre la place qui était la sienne, avant la scission, mais en tant que chef de parti. Autant dire que c’est une main qui restera longtemps tendue, puisque de l’autre côté, on considère que ce qui s’est passé les 12, 13 et 14 juin est un non-congrès et l’élection de Mamadou Diop Decroix comme secrétaire général est nul et non avenue. C’est dire que malgré la bonne volonté affichée par les deux talibés devant leur marabout à Touba, il est peu probable que les deux responsables politiques se retrouvent un jour.
Mais comme on dit, en politique, il ne faut jamais dire jamais. Et puis il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas. Et c’est justement toute une montagne de problèmes qui sépare aujourd’hui les deux hommes au point que chacun s’agrippe sur son lambeau de ce qui reste du parti, avec son titre de secrétaire général.
Mamadou Diop Decroix est le secrétaire général d’And Jëf/Pads. Le patron du Parti Démocratique Sénégalais, lui a adressé une lettre pour le féliciter d’avoir été porté à la tête de AJ. Le message est simple et clair. Me Abdoulaye Wade ne reconnait qu’un seul et unique And Jëf/PADS, et ne lui reconnait qu’un seul et unique secrétaire général, Mamadou Diop Decroix. Une position pas du tout surprenante, puisque Wade n’a jamais caché sa préférence pour son ancien ministre du commerce, dans le bras de fer qui l’oppose à Landing Savané.
Préférence assimilée à de la complicité par Landing qui avait d’ailleurs accusé son ex-adjoint d’être un pion du patron du PDS pour détruire AJ. En tout cas, les autorités n’avaient pas hésité à faire reporter la finale de la coupe du Sénégal de basketball pour permettre à Decroix de tenir son congrès au stadium Marius Ndiaye. Quoi qu’il en soit, Landing Savané et Mamadou Diop Decroix ont choisi chacun son camp. Decroix part avec Wade tandis que Landing Savané rejoint le camp de l’opposition, en prenant le train des Assises nationales à la gare, non au départ mais à l’arrivée. Une séparation sur fond de tragi-comédie, assez symptomatique du destin dramatique de leur parti, qui, pendant longtemps, a été l’un des rares dans ce pays à faire de la politique de manière respectable.
Un parti pour qui, éthique et morale avaient toute leur place en politique, un parti dont les animateurs, encore dans la clandestinité, théorisaient le concept : «Défar ba mu baax, askan wi tekki» (Bien faire ou construire pour l’intérêt du peuple). Entre temps les responsables de And Jëf/PADS, goûtant aux délices du pouvoir qu’ils venaient de découvrir, ont très vite oublié les années de privation dans la clandestinité d’abord et dans l’opposition ensuite. Ils ont aussi oublié leurs grands idéaux de l’époque «reeni rewmi», «xarébi», et autres mouvements dans lesquels ils se battaient, pour un Sénégal meilleur, au péril de leur liberté, et même de leur vie pour certains. C’est à croire que comme le disait Amadou Aly Dieng, «la lutte des places a pris le dessus sur la lutte des classes».
C’est pourquoi, quand la LD et le PIT, alliés de AJ dans le pôle de gauche, affirmaient leur indépendance et leur liberté de ton vis-à-vis du PDS, au point de se faire débarquer du gouvernement, And Jëf, prenait sur lui de se montrer très docile en avalant même des couleuvres pour conserver les quelques postes de ministres et de directeurs généraux qui lui étaient attribués pour sa contribution à l’élection de Me Abdoulaye Wade, même si c’est au prix de maintes brimades et humiliations. Au bout du compte, on se rend compte que la participation à la gestion du pouvoir depuis 2000 a été plus dommageable que profitable à And Jëf/PADS. Et le plus grave c’est que Landing, Decroix et leurs camarades n’ont pas eu l’ouverture d’esprit d’en faire le bilan pour en tirer tous les enseignements. Ceux qui ont voulu poser le débat, au sortir de la présidentielle 2007 ont tout simplement été exclus du parti (les initiateurs de Yoonou Askan WI).
Il faut tout de même reconnaître que Mamadou Diop Decroix lui-même avait essayé de susciter une réflexion sur les conséquences de la candidature de Landing, mais personne dans le parti n’a eu le courage d’aborder la question de manière lucide. Il faut dire aussi que l’alternative posée par Mamadou Diop Decroix dans un long texte publié à l’époque dans les colonnes du quotidien ‘’Le Soleil’’ ne poussait pas non plus à un grand débat idéologique. Elle se résumait à ceci : «retourner avec Wade ou… retourner avec Wade». Et comme on le sait, là où la force de l’argument ne s’impose pas, c’est souvent l’argument de la force qui l’emporte. Landing et ses proches, soupçonnant Decroix de comploter pour s’emparer du parti et le remettre à Wade, décide de l’exclure avant qu’il ne soit trop tard. Ce dernier n’avait donc d’autre choix que de se battre pour ne pas être enterré vivant, politiquement s’entend. D’où ce duel à mort entre Landing Savané et Mamadou Diop Decroix pour le contrôle de And Jëf/PADS.
La scission étant déjà consommée, avec le congrès qui a fait de Decroix un secrétaire général convaincu de sa légitimité et l’autre qui va se tenir en décembre pour confirmer Landing Savané comme secrétaire général. On est, en réalité, en face de deux partis qui portent le même nom. Ce qui va ouvrir forcément un autre combat à la fois juridique et administratif pour le contrôle du sigle, alors que la bataille pour le siège, fermé par les autorités, n’a pas encore livré son verdict. Par un raisonnement par l’absurde, on pourrait penser à cette solution du roi Salomon, quand il devait départager deux femmes qui se disputaient la maternité d’un enfant. Le roi avait décidé de fendre le bébé en deux pour donner une partie à chaque mère. Pour les follistes, ce sera plus simple puisque la scission est déjà constatée, il s’agit seulement de la formaliser en divisant le sigle. And Jëf/Pads, en deux, donnerait, And Jëf pour Landing Savané et Pads pour Mamadou Diop Decroix. On n’en est pas encore là, il est vrai, et un raisonnement par l’absurde ne signifiant pas raisonnement absurde, tout peut arriver.
En tout cas, Mamadou Diop Decroix était donc tout fier de brandir la missive du chef de l’Etat, preuve d’une légitimation fort symbolique et qui vaut son pesant d’or dans le bras de fer qui l’oppose à son ancien frère Landing Savané. C’est donc, fort de cette reconnaissance qu’il entend faire un pas en avant, pour parachever ( ?) une réconciliation dont les premiers jalons ont été posés à Touba, devant le khalife général des mourides. Mais ce qui rend intéressante la nouvelle posture de Mamadou Diop Decroix, c’est qu’il tend la main à Landing, non pour reprendre la place qui était la sienne, avant la scission, mais en tant que chef de parti. Autant dire que c’est une main qui restera longtemps tendue, puisque de l’autre côté, on considère que ce qui s’est passé les 12, 13 et 14 juin est un non-congrès et l’élection de Mamadou Diop Decroix comme secrétaire général est nul et non avenue. C’est dire que malgré la bonne volonté affichée par les deux talibés devant leur marabout à Touba, il est peu probable que les deux responsables politiques se retrouvent un jour.
Mais comme on dit, en politique, il ne faut jamais dire jamais. Et puis il n’y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas. Et c’est justement toute une montagne de problèmes qui sépare aujourd’hui les deux hommes au point que chacun s’agrippe sur son lambeau de ce qui reste du parti, avec son titre de secrétaire général.