Le 30 juin dernier, nous avions écrit une chronique dans ces mêmes ces mêmes colonnes une chronique intitulée : « Qui a élu Alex Segura ? ». La question pouvait paraître osée voire déplacée mais la récente affaire Aex Segura semble nous conforter dans l’idée d’une réputation surfaite accordée à ce fonctionnaire international. Nous nous interrogions sur l’étendue des pouvoirs pour ne pas dire la toute-puissance de M. Alex Segura dans la conduite de nos affaires économiques et sociales. Les non-initiés à la chose financière pouvaient même se demander, s’il n’était pas le véritable ministre des finances en lieu et place de celui-là officiel nommé par décret.
Il donnait en tant que « maître », les bons ou mauvais points au bon ou mauvais élève. Segura félicitait ou réprimandait avec aplomb ses « disciples », selon sa conduite appréciée ou non du moment. Il commentait à bout de champ quasiment toutes les informations. Pour un diplomate, il est bien spécial. Il avait même, selon l’opinion publique, accroché à son tableau de chasse la « tête de l’ancien ministre du Budget, Ibrahima Sarr à l’antipode de sa doxa économique et financière.
Quand on lui faisait le reproche fondé, il rétorquait : « Ni Alex Segura, ni le Fmi que je représente ici, ne sont au Sénégal pour jouer un rôle de gendarme et intervenir dans toutes les affaires économiques de l’Etat ». Qui leurre-t-on ? Que l’on nous comprenne bien, il n’est nullement question d’exonérer l’Etat du Sénégal de ses obligations de bonne gouvernance ou de cautionner des errements budgétaires. Loin s’en faut. Mais la souveraineté, si elle a encore un sens, voudrait que l’Etat en réponde préalablement devant les instances nationales habilitées (Assemblée nationale, Cour des comptes, Inspection générale de l’Etat, Inspection générale des finances…).
Hélas que voulons-nous ? Un adage local bien de chez nous dit en substance que « le cordonnier noue la commande à la tête du client ». Les égards ne se décrètent pas. Ils s’acquièrent pour ne pas dire qu’ils s’arrachent ! Si M. Segura pouvait se permettre autant de libertés, c’est que ses interlocuteurs lui facilitaient la tâche.
Que cherchait-on en l’approchant « financièrement » avant son départ du Sénégal ? Voudrait-on faire de lui un défenseur du Sénégal auprès du Fonds en rejoignant le siège à Washington ? Ou bien essayait-on de le salir pour montrer qu’il est corruptible comme beaucoup de gens qu’il dénonçait ? Blanc bonnet, bonnet blanc ! Récompense pour bons et loyaux services rendus ou sanction pour critiques acerbes ? Autant de questions encore sans réponse.
Plus fondamentalement, aujourd’hui que le nom de Segura est mêlé de même ainsi que celui des autorités sénégalaises à une filandreuse affaire de tentative de corruption- à tirer au clair-, l’occasion nous est donnée de corriger nos rapports avec ces institutions devant lesquelles nous nous aplatissons souvent sans raison. Les organismes comme le Fonds monétaire international doivent encore se ressaisir pour ne pas faire renaître dans nos esprits ces sombres perspectives qu’ils représentaient notamment dans les années 80 faites notamment d’ajustements structurels fatals à nos économies avachies.
Faute de quoi, ils continueront d’être éclaboussés, avec nos Etats, par des affaires… monétaires et d’être comme des arroseurs arrosés avec leurs propres arrosoirs.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
Il donnait en tant que « maître », les bons ou mauvais points au bon ou mauvais élève. Segura félicitait ou réprimandait avec aplomb ses « disciples », selon sa conduite appréciée ou non du moment. Il commentait à bout de champ quasiment toutes les informations. Pour un diplomate, il est bien spécial. Il avait même, selon l’opinion publique, accroché à son tableau de chasse la « tête de l’ancien ministre du Budget, Ibrahima Sarr à l’antipode de sa doxa économique et financière.
Quand on lui faisait le reproche fondé, il rétorquait : « Ni Alex Segura, ni le Fmi que je représente ici, ne sont au Sénégal pour jouer un rôle de gendarme et intervenir dans toutes les affaires économiques de l’Etat ». Qui leurre-t-on ? Que l’on nous comprenne bien, il n’est nullement question d’exonérer l’Etat du Sénégal de ses obligations de bonne gouvernance ou de cautionner des errements budgétaires. Loin s’en faut. Mais la souveraineté, si elle a encore un sens, voudrait que l’Etat en réponde préalablement devant les instances nationales habilitées (Assemblée nationale, Cour des comptes, Inspection générale de l’Etat, Inspection générale des finances…).
Hélas que voulons-nous ? Un adage local bien de chez nous dit en substance que « le cordonnier noue la commande à la tête du client ». Les égards ne se décrètent pas. Ils s’acquièrent pour ne pas dire qu’ils s’arrachent ! Si M. Segura pouvait se permettre autant de libertés, c’est que ses interlocuteurs lui facilitaient la tâche.
Que cherchait-on en l’approchant « financièrement » avant son départ du Sénégal ? Voudrait-on faire de lui un défenseur du Sénégal auprès du Fonds en rejoignant le siège à Washington ? Ou bien essayait-on de le salir pour montrer qu’il est corruptible comme beaucoup de gens qu’il dénonçait ? Blanc bonnet, bonnet blanc ! Récompense pour bons et loyaux services rendus ou sanction pour critiques acerbes ? Autant de questions encore sans réponse.
Plus fondamentalement, aujourd’hui que le nom de Segura est mêlé de même ainsi que celui des autorités sénégalaises à une filandreuse affaire de tentative de corruption- à tirer au clair-, l’occasion nous est donnée de corriger nos rapports avec ces institutions devant lesquelles nous nous aplatissons souvent sans raison. Les organismes comme le Fonds monétaire international doivent encore se ressaisir pour ne pas faire renaître dans nos esprits ces sombres perspectives qu’ils représentaient notamment dans les années 80 faites notamment d’ajustements structurels fatals à nos économies avachies.
Faute de quoi, ils continueront d’être éclaboussés, avec nos Etats, par des affaires… monétaires et d’être comme des arroseurs arrosés avec leurs propres arrosoirs.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com