Décidément au Sénégal, on aime jouer avec des allumettes au bord d’un baril de poudre ou danser au bord du précipice. Autrement dit, les dangers sont sous-estimés. Ces griefs, nous les portons contre la classe politique, au premier chef : le Chef de l’Etat et son camp. Comment comprendre tous ces feux qui s’allument en même temps, troublant la paix sociale.
Les imams et quelques associations musulmans se sont bruyamment fait entendre pour protester contre les propos peu amène du président de la République traitant les imams qui critiquent le Monument de la Renaissance africaine d’ignorants qui ne s’informent pas. Piqués au vif, ils ont rué dans les brancards pour apporter la réplique au tout connaisseur Wade. Ils ne l’ont pas raté dans leurs sermons du vendredi nonobstant le respect dû à son rang.
Ensuite, c’était autour de représentants du clergé catholique qui se sont sentis offensés pour avoir été qualifiés, à la limite, d’ingrats, par Me Wade, lors de la pose de la première pierre de la mosquée mouride Massalikoul Djinane de Colobane. Avouons que ce n’était ni opportun, ni le cadre pour tenir de tels propos aux antipodes de la courtoisie.
L’opposition, la société civile et la presse en ont aussi pris pour leurs grades. Le ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, Bécaye Diop, au lieu de renouer les fils du dialogue avec les partis de l’opposition n’a pas jugé utile d’entendre leurs doléances lors de l’ouverture de la revue du code électoral. Ce qui a créé, avec les propositions-décisions de la coalition Sopi, un boycott de la coalition Benno Siggil Senegaal, empêchant ainsi la réalisation du consensus.
Le même ministre d’Etat, homme fort de la Place Washington, ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il est parti à Touba pour menacer les journalistes de ne pas donner les résultats proclamés par les bureaux de votes avant 22 heures. Et pourquoi 22 heures, dans la nuit noire ? La levée de bouclier politico-médiatique l’a poussé à faire machine arrière pour « préciser » sa pensée de simple citoyen. Sous l’alternance, on adore le dédoublement fonctionnel quand ça arrange pour se sortir d’une passe difficile.
La tension a même dépassé nos frontières jusqu’à Paris où de jeunes gens de la société civile et de l’opposition ont été brutalisés pour avoir essayé de manifester devant la résidence de l’ambassadrice du Sénégal où se trouvait le président Wade. Peut-on en tant que démocrates refuser le jeu de la démocratie qui autorise aussi ces servitudes. Ceux qui ne sont pas d’accord peuvent bien le signifier en respectant la loi et le règlement. On aurait dû simplement appeler la police française pour les déguerpir quand ils ont commencé à jeter des œufs. Cela aurait permis d’éviter la bataille rangée et l’écoulement du sang
Tout cela constitue des germes qui sont un terreau fertile pour tous les extrêmes. Il nous faut nous ressaisir. Quelle que soit la nature des contradictions, il faut les gérer de manière civilisée et responsable. En utilisant la force de l’argument au lieu du facile et risqué argument de la force.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com
Les imams et quelques associations musulmans se sont bruyamment fait entendre pour protester contre les propos peu amène du président de la République traitant les imams qui critiquent le Monument de la Renaissance africaine d’ignorants qui ne s’informent pas. Piqués au vif, ils ont rué dans les brancards pour apporter la réplique au tout connaisseur Wade. Ils ne l’ont pas raté dans leurs sermons du vendredi nonobstant le respect dû à son rang.
Ensuite, c’était autour de représentants du clergé catholique qui se sont sentis offensés pour avoir été qualifiés, à la limite, d’ingrats, par Me Wade, lors de la pose de la première pierre de la mosquée mouride Massalikoul Djinane de Colobane. Avouons que ce n’était ni opportun, ni le cadre pour tenir de tels propos aux antipodes de la courtoisie.
L’opposition, la société civile et la presse en ont aussi pris pour leurs grades. Le ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, Bécaye Diop, au lieu de renouer les fils du dialogue avec les partis de l’opposition n’a pas jugé utile d’entendre leurs doléances lors de l’ouverture de la revue du code électoral. Ce qui a créé, avec les propositions-décisions de la coalition Sopi, un boycott de la coalition Benno Siggil Senegaal, empêchant ainsi la réalisation du consensus.
Le même ministre d’Etat, homme fort de la Place Washington, ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il est parti à Touba pour menacer les journalistes de ne pas donner les résultats proclamés par les bureaux de votes avant 22 heures. Et pourquoi 22 heures, dans la nuit noire ? La levée de bouclier politico-médiatique l’a poussé à faire machine arrière pour « préciser » sa pensée de simple citoyen. Sous l’alternance, on adore le dédoublement fonctionnel quand ça arrange pour se sortir d’une passe difficile.
La tension a même dépassé nos frontières jusqu’à Paris où de jeunes gens de la société civile et de l’opposition ont été brutalisés pour avoir essayé de manifester devant la résidence de l’ambassadrice du Sénégal où se trouvait le président Wade. Peut-on en tant que démocrates refuser le jeu de la démocratie qui autorise aussi ces servitudes. Ceux qui ne sont pas d’accord peuvent bien le signifier en respectant la loi et le règlement. On aurait dû simplement appeler la police française pour les déguerpir quand ils ont commencé à jeter des œufs. Cela aurait permis d’éviter la bataille rangée et l’écoulement du sang
Tout cela constitue des germes qui sont un terreau fertile pour tous les extrêmes. Il nous faut nous ressaisir. Quelle que soit la nature des contradictions, il faut les gérer de manière civilisée et responsable. En utilisant la force de l’argument au lieu du facile et risqué argument de la force.
Abdoulaye SYLLA
syllaye@gmail.com