Monsieur le Président de la République ;
Votre volonté de restaurer le civisme et de ne pas dissocier la morale de la politique, en prônant une gouvernance vertueuse, sobre et transparente, suscite beaucoup d’espoirs. Les actes que vous commencez à poser, en instaurant une levée mensuelle des couleurs à laquelle vous conviez votre gouvernement, en sont des signaux forts. Mais, quid du sceau de la République Monsieur le Président? Les documents sur lesquels celui-ci est apposé, ne devraient-il pas constituer l’étalon de la vertu ? Le respect des engagements et des contrats authentifiés avec ce symbole ne constitue-t-il pas un acte de civisme ? L’inconsidération notable du sceau de la République par les ministres, n’entame-t-elle pas la crédibilité de l’état ?
Il est difficile d’apaiser le front social quand l’état ne respecte pas ses engagements et viole allègrement ses contrats avec les travailleurs.
Excellence ;
Le Syndicat Autonome de l'Enseignement Supérieur (SAES) a signé, le 21 mars 2011, en présence de la Fédération Nationale des Parents d’Elèves et d’Etudiants du Sénégal (FENAPES) un accord avec le gouvernement sur dix sept (17) points, dont quatre étaient à régler d’urgence ; avant octobre 2011.
Il y était retenu ce qui suit :
1) a) La Construction d’un nombre suffisant de logements administratifs dans toutes les universités, pour permettre aux enseignants de respecter loi 81-59 qui stipule « Les personnels enseignants des universités sont tenus de résider dans l'agglomération urbaine siège de l'établissement où ils enseignent…».
b) la finition des blocs scientifiques ou pédagogiques entamés depuis 2005 dans tous les établissements du supérieur afin que tous les bacheliers puissent être orientés et que les étudiants soient dans les conditions propices pour l’amélioration du rendement pédagogique des universités.
2) l’augmentation conséquente des budgets d’université, afin d’éponger les 14,7 milliards de dettes qui bloquent leur fonctionnement et de relever la proportion d’enseignants permanents de 43,86% à 50% immédiatement pour arriver à 70% en 2015
3) La réactualisation des fonctions universitaires (réforme des grades) en modifiant les dispositions caduques de la loi 81-59 portant statuts du personnel enseignant du supérieur. Il faut savoir que le respect strict de ces dispositions, non seulement paralysera toutes les universités, mais dévalue aussi le doctorat en sous estimant ses détenteurs. Il urge de réformer les titres académiques afin de les moderniser et de rendre lisible et comparable la grille de qualification ou de compétences des enseignants-chercheurs du Sénégal.
4) L’amélioration de la retraite des enseignants en maintenant leur pouvoir d’achat à 80% du dernier salaire net au moins.
Il est regrettable que l’état n’ait, jusqu’ici, voulu respecter aucun de ces points d’accord arrivés à échéance. Ce qui est le cas pour beaucoup d’autres protocoles qu’il a signés avec d’autres syndicats ou des engagements qu’il a contractés avec des enseignants.
Les retards de payement et la démotivation.
Monsieur le Président de la République ;
Ces dernières années, l’enseignant est devenu le fonctionnaire le moins respecté, l’agent public le plus méprisé, celui qui se trouve au bas de la pyramide de la considération sociale. Ses différentes autorités de tutelle, au lieu de le protéger, le mettent dans des situations d’indignité, le dénigrent et le livrent souvent à la vindicte populaire. Il est ainsi poussé à exprimer sa désolation de la manière la plus indigne de son rang.
Rappelons ici qu’aucun travailleur dans la société n’est aussi surveillé, autant attendu en termes de résultats, que l’enseignant. Il est le sujet de tous les contrôles et est évalué par tous les adultes de la nation. Pourtant, il est le seul agent de l’état qu’on entend à la fin du mois réclamer ce qu’on devrait lui donner sans bruit. Comble de malheur; sa tutelle immédiate, au lieu de faire tout pour l’éloigner des lieux d’indignité qui guettent tout père de famille sans salaire, lui demande menaçant de ne réclamer sa rémunération très méritée qu’après le huitième jour du mois suivant. Ce qui le pousse à agir comme un jeune apprenant, oubliant les valeurs de bonne conduite qu’il enseigne toujours.
Il est sûr que ces comportements n’honorent pas ceux qui ont en charge le secteur de l’éducation. Mais, quand la réputation de l’état est si ternie du fait des engagements nos respectés et des contrats violés, les autorités en cause devraient-elles restées impunies? Ne sont-ils pas aussi responsables que coupables quand des enseignants troublent l’ordre public et empêchent les parents d’élèves de dormir ?
Monsieur le Président ;
Les syndicats ont bel et bien respecté leur engagement. Après vous avoir rencontré, ils avaient suspendu leurs mots d’ordre de grève ou observé une pause comme vous l’aviez requis. Ensuite, ils ont laissé votre gouvernement s’installer et lui ont accordé le temps nécessaire pour voir les modalités d’application des protocoles d’accord signés comme vous l’aviez préconisé. Plus, ils ont consenti d’énormes sacrifices pour achever les programmes et éviter au Sénégal une deuxième année blanche. Toutes choses qui devraient permettre de sortir l’Ecole et l’Université sénégalaises de ses tourments chroniques.
Monsieur le Président ;
Nous espérons que sous votre magistère, les promesses engageront ceux qui les tiennent et les actes matérialiseront les paroles mais pas l’inverse. Nous souhaitons que, pendant votre mandat, le contenu d’un document, portant le sceau de l’Etat et la griffe d’un ministre de la République, soit vénéré comme les lignes d’un texte sacré. Sinon, l’appel au civisme et à la gouvernance vertueuse perdrait son sens. Voilà ce qui nous semble être le seul gage de la crédibilité étatique et gouvernementale.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma distinguée considération.
Mamadou Youry SALL
Enseignant-Chercheur à l’UGB
Votre volonté de restaurer le civisme et de ne pas dissocier la morale de la politique, en prônant une gouvernance vertueuse, sobre et transparente, suscite beaucoup d’espoirs. Les actes que vous commencez à poser, en instaurant une levée mensuelle des couleurs à laquelle vous conviez votre gouvernement, en sont des signaux forts. Mais, quid du sceau de la République Monsieur le Président? Les documents sur lesquels celui-ci est apposé, ne devraient-il pas constituer l’étalon de la vertu ? Le respect des engagements et des contrats authentifiés avec ce symbole ne constitue-t-il pas un acte de civisme ? L’inconsidération notable du sceau de la République par les ministres, n’entame-t-elle pas la crédibilité de l’état ?
Il est difficile d’apaiser le front social quand l’état ne respecte pas ses engagements et viole allègrement ses contrats avec les travailleurs.
Excellence ;
Le Syndicat Autonome de l'Enseignement Supérieur (SAES) a signé, le 21 mars 2011, en présence de la Fédération Nationale des Parents d’Elèves et d’Etudiants du Sénégal (FENAPES) un accord avec le gouvernement sur dix sept (17) points, dont quatre étaient à régler d’urgence ; avant octobre 2011.
Il y était retenu ce qui suit :
1) a) La Construction d’un nombre suffisant de logements administratifs dans toutes les universités, pour permettre aux enseignants de respecter loi 81-59 qui stipule « Les personnels enseignants des universités sont tenus de résider dans l'agglomération urbaine siège de l'établissement où ils enseignent…».
b) la finition des blocs scientifiques ou pédagogiques entamés depuis 2005 dans tous les établissements du supérieur afin que tous les bacheliers puissent être orientés et que les étudiants soient dans les conditions propices pour l’amélioration du rendement pédagogique des universités.
2) l’augmentation conséquente des budgets d’université, afin d’éponger les 14,7 milliards de dettes qui bloquent leur fonctionnement et de relever la proportion d’enseignants permanents de 43,86% à 50% immédiatement pour arriver à 70% en 2015
3) La réactualisation des fonctions universitaires (réforme des grades) en modifiant les dispositions caduques de la loi 81-59 portant statuts du personnel enseignant du supérieur. Il faut savoir que le respect strict de ces dispositions, non seulement paralysera toutes les universités, mais dévalue aussi le doctorat en sous estimant ses détenteurs. Il urge de réformer les titres académiques afin de les moderniser et de rendre lisible et comparable la grille de qualification ou de compétences des enseignants-chercheurs du Sénégal.
4) L’amélioration de la retraite des enseignants en maintenant leur pouvoir d’achat à 80% du dernier salaire net au moins.
Il est regrettable que l’état n’ait, jusqu’ici, voulu respecter aucun de ces points d’accord arrivés à échéance. Ce qui est le cas pour beaucoup d’autres protocoles qu’il a signés avec d’autres syndicats ou des engagements qu’il a contractés avec des enseignants.
Les retards de payement et la démotivation.
Monsieur le Président de la République ;
Ces dernières années, l’enseignant est devenu le fonctionnaire le moins respecté, l’agent public le plus méprisé, celui qui se trouve au bas de la pyramide de la considération sociale. Ses différentes autorités de tutelle, au lieu de le protéger, le mettent dans des situations d’indignité, le dénigrent et le livrent souvent à la vindicte populaire. Il est ainsi poussé à exprimer sa désolation de la manière la plus indigne de son rang.
Rappelons ici qu’aucun travailleur dans la société n’est aussi surveillé, autant attendu en termes de résultats, que l’enseignant. Il est le sujet de tous les contrôles et est évalué par tous les adultes de la nation. Pourtant, il est le seul agent de l’état qu’on entend à la fin du mois réclamer ce qu’on devrait lui donner sans bruit. Comble de malheur; sa tutelle immédiate, au lieu de faire tout pour l’éloigner des lieux d’indignité qui guettent tout père de famille sans salaire, lui demande menaçant de ne réclamer sa rémunération très méritée qu’après le huitième jour du mois suivant. Ce qui le pousse à agir comme un jeune apprenant, oubliant les valeurs de bonne conduite qu’il enseigne toujours.
Il est sûr que ces comportements n’honorent pas ceux qui ont en charge le secteur de l’éducation. Mais, quand la réputation de l’état est si ternie du fait des engagements nos respectés et des contrats violés, les autorités en cause devraient-elles restées impunies? Ne sont-ils pas aussi responsables que coupables quand des enseignants troublent l’ordre public et empêchent les parents d’élèves de dormir ?
Monsieur le Président ;
Les syndicats ont bel et bien respecté leur engagement. Après vous avoir rencontré, ils avaient suspendu leurs mots d’ordre de grève ou observé une pause comme vous l’aviez requis. Ensuite, ils ont laissé votre gouvernement s’installer et lui ont accordé le temps nécessaire pour voir les modalités d’application des protocoles d’accord signés comme vous l’aviez préconisé. Plus, ils ont consenti d’énormes sacrifices pour achever les programmes et éviter au Sénégal une deuxième année blanche. Toutes choses qui devraient permettre de sortir l’Ecole et l’Université sénégalaises de ses tourments chroniques.
Monsieur le Président ;
Nous espérons que sous votre magistère, les promesses engageront ceux qui les tiennent et les actes matérialiseront les paroles mais pas l’inverse. Nous souhaitons que, pendant votre mandat, le contenu d’un document, portant le sceau de l’Etat et la griffe d’un ministre de la République, soit vénéré comme les lignes d’un texte sacré. Sinon, l’appel au civisme et à la gouvernance vertueuse perdrait son sens. Voilà ce qui nous semble être le seul gage de la crédibilité étatique et gouvernementale.
Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma distinguée considération.
Mamadou Youry SALL
Enseignant-Chercheur à l’UGB
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