Demain, c’est le 23 juin, une date qui restera désormais gravée dans la mémoire collective des Sénégalais. Que vous inspire-t-elle ?
Le 23 juin pour nous, c’est le début d’une révolution citoyenne marquée par la détermination sans faille de tous les segments de la société pour stopper une dérive monarchique, une régression démocratique. Le mot d’ordre « Touche pas à ma Constitution » lancé le 18 juin, lors de la réunion du Comité d’Initiative, a été comme un cri de ralliement. Il a mobilisé tout le monde, tout de suite. La présence de toutes les forces vives de la nation a permis de déclencher la première révolution citoyenne post coloniale du Sénégal et qu’on peut considérer comme la deuxième indépendance du Sénégal. Elle a été le point de départ de la chute de Wade et des résultats sortis des urnes. L’ancien pouvoir a été perdu par son arrogance, son autisme et son mépris souverain du peuple.
Un an après, quelles leçons tirez-vous de ces évènements ?
Il faut capitaliser cette expérience pour que plus jamais dans ce pays, un président ne soit plus traversé par l’idée de casser la République, les institutions. Qu’il ne soit pas tenté de tout dérégler pour faire de ce pays son patrimoine personnel, celui de sa famille et de son clan. C’est la première leçon. La deuxième leçon à tirer, c’est que ce pays, par la force des choses, est devenu une référence parce que le peuple sénégalais a su relever avec courage, maturité et lucidité, un défi auquel beaucoup d’autres pays africains sont confrontés et pour lequel ils cherchent à trouver un recours. Ce défi, c’est également de stopper les dérives monarchiques et le règne à vie de beaucoup de présidents africains. La leçon essentielle est à livrer par le régime actuel, c'est-à-dire, la forte demande d’une refondation des institutions, d’une refondation de la société, de la moralisation de la vie publique et de la nécessité d’ancrer et d’institutionnaliser une culture de la « recevabilité » et du « rendre compte ». Et de ce point de vue, personne ne peut accepter qu’on recule sur les questions des audits. Il faut aller jusqu’au bout en respectant les droits de la personne et de tous ceux et celles qui sont interpelés.
On vous prête pourtant de vous être ému de tracasseries en direction de l’ancien président Wade de la part des nouvelles autorités ?
C’est ce que j’appelle du bidonnage. J’ai été scandalisé, indigné. J’ai démenti sur les ondes de la radio Rfm, les propos qu’un journal en ligne m’a prêtés en citant une interview publiée dans le journal l’Enquête. Je vous renvoie à cette interview pour découvrir le pot aux roses. Je réaffirme avec force qu’il ne saurait être question d’accepter l’impunité dans les affaires concernant le détournement des deniers publics, la corruption, le blanchissement d’argent et le vol du matériel d’Etat. En fait des pratiques qui, depuis l’indépendance, n’ont cessé de sous développer notre pays et d’appauvrir les plus pauvres, de ruiner l’éducation et de créer l’effondrement de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pour nous, c’est un crime contre l’humanité, et il est temps de faire un lobbying pour que ces crimes économiques soient considérés comme des crimes contre l’humanité.
On constate que beaucoup de personnes qui se réclamaient du M23 ont rejoint le nouveau pouvoir. N’y a-t-il pas lieu de s’interroger ?
Le M23, dans le contexte où il a été créé, avec le slogan Touche pas à ma constitution, qui est un slogan fédérateur de tous les Indignés de la République, a regroupé des gens qui, pendant cette période, avaient pour mission naturelle d’acquérir le pouvoir. Donc, s’il y a eu des éléments de la Société civile et des mouvements citoyens qui avaient le même objectif que le pouvoir et qui l’ont rejoint, il reste un noyau dur formé d’organisations de la société civile, de syndicats et de militants de sensibilité de gauche qui, de plus en plus, avec cette expérience fantastique qu’ils ont vécue, ont décidé de continuer l’expérience pour créer une culture de la vigilance et du contrôle citoyen qui de plus en plus fait surface au Sénégal mais qui a besoin d’être organisé, développé.
Que répondez-vous aux personnes qui persistent à penser que la société civile est composée de politiciens déguisés ?
Les gens de la société civile travaillent au cœur même de la politique. Quand vous êtes militant des droits de l’homme et que vous assurez la surveillance et la mise en œuvre des droits civils et politiques, des droits économiques, sociales et culturelles, c’est une lapalissade que de dire que vous faites la politique. En réalité c’est le travail de ceux que Gramsci appelle « les intellectuels organiques ».
Mais l’essentiel, c’est que la société civile est non partisane. Effectivement dans beaucoup de pays ça peut être un passage pour aller dans les organismes internationaux ou rejoindre le pouvoir d’Etat. Nous avons d’éminentes personnalités de la société civile qui sont devenues président de la République. Vaclav Havel. Lula. Lech Valesa et plus près de nous avec des impacts plus catastrophiques Amadou Toumani Touré (ATT).Ce sont des citoyens et des bénéficiaires des droits et libertés dont ils font la promotion pour tous.
Comment définissez- vous alors la société civile ?
C’est toute la sphère qui n’est pas sous le contrôle de l’Etat. Les partis politiques, les communautés religieuses, les syndicats, tous sont de la société civile. En occident, vous avez des sociétés civiles créées par des partis politiques (Fondation Neiman, Fondation Ebert en Allemagne, le Ndi aux Etats-Unis). On leur assigne de promouvoir la démocratie, les libertés fondamentales, les valeurs de la République et elles le font dans le monde. Le M23 n’est pas partisan. Il rassemble des partis d’obédiences différentes, de gens qui sont dans la mouvance présidentielle et d’autres qui ne sont pas dedans, des syndicats autonomes et des organisations de la société civile comme la Raddho, très sourcilleuse de leur indépendance. Et nous, nous avons convenu de continuer le travail d’alerte, de vigilance citoyenne, d’apprécier positivement les actions du gouvernement quand elles vont dans le sens d’une gouvernance vertueuse répondant au respect des droits de l’homme de la démocratie et l’Etat de droit. Nous nous réservons le droit de critiquer toutes les actions contraires à ces valeurs et nous l’avons réaffirmé au président de la République.
Quel objectif assignez-vous au mouvement citoyen ?
La mission du mouvement citoyen est de promouvoir l’Etat de droit, les libertés fondamentales, un Etat non partisan. Nous avons vu la manière dont l’Etat partisan s’est substitué à l’Etat des compétences et de l’expertise, ce qui a provoqué l’effondrement et l’affaiblissement de beaucoup de pays. Aujourd’hui, l’exemple le plus spectaculaire est l’effondrement de l’Etat malien où les militants avaient pris la place des fonctionnaires dans l’administration. Il faut beaucoup prêter attention à cela. En réalité, quand on prend des pays développés, il y a des écoles de formation de l’élite politique alors que chez nous, même les écoles des partis politiques ont disparu et les idéologies qui souvent intégraient le système ont été cannibalisées par le système et ne sont plus audibles.
Vous avez rencontré le 12 juin dernier, le président de la République pour préparer le 1er anniversaire du M23
C’était la première fois que le M23 rencontrait le président de la République Macky Sall. On l’a rencontré en tant que président de la République et membre du M 23. Il avait en son temps assisté à toutes les manifestations du M23 à l’exception de certains moments de la campagne.
Quand nous l’avons rencontré, la première des choses, c’est de nous dire qu’il est du M23/
N’y a-t-il pas une contradiction entre cette indépendance que vous revendiquez avec le fait de se faire sponsoriser par le chef de l’Etat pour l’organisation de votre anniversaire ?
C’est le président qui, de manière spontanée a décidé de donner une contribution de 10 millions de FCFA, en tant que membre du M23. Nous avons d’ailleurs lancé, comme nous avons l’habitude de le faire, un appel à contribution à tous les membres du M23. En ce moment nous sommes dans une période de levée de fonds où nous appelons tout le monde à cotiser.
Le 23 juin pour nous, c’est le début d’une révolution citoyenne marquée par la détermination sans faille de tous les segments de la société pour stopper une dérive monarchique, une régression démocratique. Le mot d’ordre « Touche pas à ma Constitution » lancé le 18 juin, lors de la réunion du Comité d’Initiative, a été comme un cri de ralliement. Il a mobilisé tout le monde, tout de suite. La présence de toutes les forces vives de la nation a permis de déclencher la première révolution citoyenne post coloniale du Sénégal et qu’on peut considérer comme la deuxième indépendance du Sénégal. Elle a été le point de départ de la chute de Wade et des résultats sortis des urnes. L’ancien pouvoir a été perdu par son arrogance, son autisme et son mépris souverain du peuple.
Un an après, quelles leçons tirez-vous de ces évènements ?
Il faut capitaliser cette expérience pour que plus jamais dans ce pays, un président ne soit plus traversé par l’idée de casser la République, les institutions. Qu’il ne soit pas tenté de tout dérégler pour faire de ce pays son patrimoine personnel, celui de sa famille et de son clan. C’est la première leçon. La deuxième leçon à tirer, c’est que ce pays, par la force des choses, est devenu une référence parce que le peuple sénégalais a su relever avec courage, maturité et lucidité, un défi auquel beaucoup d’autres pays africains sont confrontés et pour lequel ils cherchent à trouver un recours. Ce défi, c’est également de stopper les dérives monarchiques et le règne à vie de beaucoup de présidents africains. La leçon essentielle est à livrer par le régime actuel, c'est-à-dire, la forte demande d’une refondation des institutions, d’une refondation de la société, de la moralisation de la vie publique et de la nécessité d’ancrer et d’institutionnaliser une culture de la « recevabilité » et du « rendre compte ». Et de ce point de vue, personne ne peut accepter qu’on recule sur les questions des audits. Il faut aller jusqu’au bout en respectant les droits de la personne et de tous ceux et celles qui sont interpelés.
On vous prête pourtant de vous être ému de tracasseries en direction de l’ancien président Wade de la part des nouvelles autorités ?
C’est ce que j’appelle du bidonnage. J’ai été scandalisé, indigné. J’ai démenti sur les ondes de la radio Rfm, les propos qu’un journal en ligne m’a prêtés en citant une interview publiée dans le journal l’Enquête. Je vous renvoie à cette interview pour découvrir le pot aux roses. Je réaffirme avec force qu’il ne saurait être question d’accepter l’impunité dans les affaires concernant le détournement des deniers publics, la corruption, le blanchissement d’argent et le vol du matériel d’Etat. En fait des pratiques qui, depuis l’indépendance, n’ont cessé de sous développer notre pays et d’appauvrir les plus pauvres, de ruiner l’éducation et de créer l’effondrement de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pour nous, c’est un crime contre l’humanité, et il est temps de faire un lobbying pour que ces crimes économiques soient considérés comme des crimes contre l’humanité.
On constate que beaucoup de personnes qui se réclamaient du M23 ont rejoint le nouveau pouvoir. N’y a-t-il pas lieu de s’interroger ?
Le M23, dans le contexte où il a été créé, avec le slogan Touche pas à ma constitution, qui est un slogan fédérateur de tous les Indignés de la République, a regroupé des gens qui, pendant cette période, avaient pour mission naturelle d’acquérir le pouvoir. Donc, s’il y a eu des éléments de la Société civile et des mouvements citoyens qui avaient le même objectif que le pouvoir et qui l’ont rejoint, il reste un noyau dur formé d’organisations de la société civile, de syndicats et de militants de sensibilité de gauche qui, de plus en plus, avec cette expérience fantastique qu’ils ont vécue, ont décidé de continuer l’expérience pour créer une culture de la vigilance et du contrôle citoyen qui de plus en plus fait surface au Sénégal mais qui a besoin d’être organisé, développé.
Que répondez-vous aux personnes qui persistent à penser que la société civile est composée de politiciens déguisés ?
Les gens de la société civile travaillent au cœur même de la politique. Quand vous êtes militant des droits de l’homme et que vous assurez la surveillance et la mise en œuvre des droits civils et politiques, des droits économiques, sociales et culturelles, c’est une lapalissade que de dire que vous faites la politique. En réalité c’est le travail de ceux que Gramsci appelle « les intellectuels organiques ».
Mais l’essentiel, c’est que la société civile est non partisane. Effectivement dans beaucoup de pays ça peut être un passage pour aller dans les organismes internationaux ou rejoindre le pouvoir d’Etat. Nous avons d’éminentes personnalités de la société civile qui sont devenues président de la République. Vaclav Havel. Lula. Lech Valesa et plus près de nous avec des impacts plus catastrophiques Amadou Toumani Touré (ATT).Ce sont des citoyens et des bénéficiaires des droits et libertés dont ils font la promotion pour tous.
Comment définissez- vous alors la société civile ?
C’est toute la sphère qui n’est pas sous le contrôle de l’Etat. Les partis politiques, les communautés religieuses, les syndicats, tous sont de la société civile. En occident, vous avez des sociétés civiles créées par des partis politiques (Fondation Neiman, Fondation Ebert en Allemagne, le Ndi aux Etats-Unis). On leur assigne de promouvoir la démocratie, les libertés fondamentales, les valeurs de la République et elles le font dans le monde. Le M23 n’est pas partisan. Il rassemble des partis d’obédiences différentes, de gens qui sont dans la mouvance présidentielle et d’autres qui ne sont pas dedans, des syndicats autonomes et des organisations de la société civile comme la Raddho, très sourcilleuse de leur indépendance. Et nous, nous avons convenu de continuer le travail d’alerte, de vigilance citoyenne, d’apprécier positivement les actions du gouvernement quand elles vont dans le sens d’une gouvernance vertueuse répondant au respect des droits de l’homme de la démocratie et l’Etat de droit. Nous nous réservons le droit de critiquer toutes les actions contraires à ces valeurs et nous l’avons réaffirmé au président de la République.
Quel objectif assignez-vous au mouvement citoyen ?
La mission du mouvement citoyen est de promouvoir l’Etat de droit, les libertés fondamentales, un Etat non partisan. Nous avons vu la manière dont l’Etat partisan s’est substitué à l’Etat des compétences et de l’expertise, ce qui a provoqué l’effondrement et l’affaiblissement de beaucoup de pays. Aujourd’hui, l’exemple le plus spectaculaire est l’effondrement de l’Etat malien où les militants avaient pris la place des fonctionnaires dans l’administration. Il faut beaucoup prêter attention à cela. En réalité, quand on prend des pays développés, il y a des écoles de formation de l’élite politique alors que chez nous, même les écoles des partis politiques ont disparu et les idéologies qui souvent intégraient le système ont été cannibalisées par le système et ne sont plus audibles.
Vous avez rencontré le 12 juin dernier, le président de la République pour préparer le 1er anniversaire du M23
C’était la première fois que le M23 rencontrait le président de la République Macky Sall. On l’a rencontré en tant que président de la République et membre du M 23. Il avait en son temps assisté à toutes les manifestations du M23 à l’exception de certains moments de la campagne.
Quand nous l’avons rencontré, la première des choses, c’est de nous dire qu’il est du M23/
N’y a-t-il pas une contradiction entre cette indépendance que vous revendiquez avec le fait de se faire sponsoriser par le chef de l’Etat pour l’organisation de votre anniversaire ?
C’est le président qui, de manière spontanée a décidé de donner une contribution de 10 millions de FCFA, en tant que membre du M23. Nous avons d’ailleurs lancé, comme nous avons l’habitude de le faire, un appel à contribution à tous les membres du M23. En ce moment nous sommes dans une période de levée de fonds où nous appelons tout le monde à cotiser.
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