Ce n’est pas la première fois que le gouvernement du Sénégal réfléchit sur ses stratégies de communication. C’est d’ailleurs un domaine très privilégié par le Président de la République. Il est accusé récemment de dépenser beaucoup d’argent pour faire la Une des journaux, radios et télévisions de l’hexagone. Il est dit que Me Wade a même une agence de communication qui s’occupe de son image à l’extérieur.
Il faut aussi le reconnaître, en ce qui concerne l’actuel gouvernement, la mérite revient en grande partie à l’actuel Ministre de la communication. Il a souvent posé le débat autour de cette question. Mais voilà le constat, après tous ses efforts, c’est l’échec. Le Premier Ministre, comme à son habitude, a eu le courage de le dire.
« Nous avons constaté que le gouvernement communique très mal, et comme solution, nous avons suggéré que la communication gouvernementale soit réorganisée et que le gouvernement mobilise des moyens nécessaires à sa communication pour que cette communication soit efficace et puisse toucher les populations», a-t-il souligné.
Le Premier Ministre, comme son ministre de la communication, ont relevé la désorganisation, le manque de moyens, le manque de solidarité gouvernementale mais surtout, le nombre important « d’aboyeurs » qui veulent juste plaire au Président. Ce sont des obstacles, mais est-ce que ce sont là les seuls véritables problèmes ?
La communication doit permettre de présenter aux sénégalais et à la face du monde, ce que les dirigeants du Sénégal font de ce pays. Alors si on a bien travaillé, le problème de communication ne va pas se poser. Si y’a problème au niveau de la communication, il y’a problème au niveau de la matière qu’on veut nous faire comprendre. Par exemple devant des scandales, il faut savoir dire la vérité. Combien de fois des ministres portes- parole du gouvernement se sont engagés à défendre le gouvernement sur des questions sensibles et avérées ? Certains en ont même fait les frais ! Par ailleurs, on ne peut pas changer le visage du Sénégal à coups de publi-reportages à travers la télé et des cahiers spéciaux dans des journaux. Il faut là aussi présenter la réalité au temps opportun, sinon on va finir par agacer sa cible, comme un ancien ministre de la communication le faisait avec son pont de Médina Ndiatbé. C’est là où c’est peut-être déplorable de payer des milliards à des experts étrangers, à des publications étrangères pour nous faire comprendre ce que nous sénégalais, nous vivons. On ne va pas oublier les erreurs de l’expert Séguéla sur des slogans du parti socialiste sénégalais lors des élections de 2000. Préférence à l’expertise locale !
Ici le Premier Ministre parle de l’augmentation de la subvention accordée aux médias publics et privés. Ces médias n’ont pas comme vocation de faire la communication du gouvernement mêmes s’ils demeurent des supports fondamentaux. C’est l’un des problèmes de tous les régimes qui se sont succédés au Sénégal : faire des médias publics des outils de communication, notamment la télévision nationale et le journal, le Soleil. Et il faut le reconnaître, la radio nationale et l’APS sont depuis longtemps hors de ce jeu. Elles n’ont rien à envier aux médias privés professionnellement parlant. Il y’a bien sûr matières à réflexion sur comment des médias d’Etat peuvent allier le respect des règles élémentaires d’informer et cette volonté des pouvoirs publics de se faire voir et entendre à travers ces supports ? Comme sur aussi les relations entre communiquer et informer, ce ne sont pas de simples débats d’école.
Un autre problème, les ressources humaines. Le ministère de la communication a annoncé un projet de recrutement d’agents, chargés de la communication au niveau des différents départements du gouvernement. Jusque là des confrères et consœurs s’occupent dans les ministères et autres agences des relations avec la presse.
Tous ces obstacles sont surmontables mais il est plus difficile quand il s’agit de faire la part des choses entre communication gouvernementale et celle de la mouvance politique au pouvoir. Le Premier Ministre parle d’une différence entre la communication du gouvernement et celle du PDS. Le problème ce n’est pas le parti, c’est son Secrétaire Général, par ailleurs Président de la République. La parole du Chef de l’Etat a des répercutions sur ce que fait le gouvernement ce dernier travaille pour lui et vice versa. Voilà pourquoi, il est difficile de trouver une ligne de démarcation nette entre le porte-parole du Président et celui du gouvernement. La solidarité gouvernementale dont invoque le Premier Ministre pour aider le ministre de la communication à porter la parole du gouvernement, dépasse la sphère gouvernementale et touche même les partisans et souteneurs du Président. C’est tout le régime !
Lors du conseil interministériel sur la communication gouvernementale, des journalistes ont relevé un désaccord entre le Premier Ministre et son ministre de la communication. C’était sur l’opportunité de la création d’agences pour s’occuper de cette communication. Rien de grave, parce que c’était juste un débat, un échange d’idées pour trouver la meilleure formule. Mais vous avez peut-être entendu, la manière dont l’information est rapportée par une partie de la presse qui entrevoit des bisbilles entre les deux autorités. Voilà toutes les difficultés de la communication.
Donc pour les prochaines stratégies de la communication gouvernementale, il faut réfléchir avec qui ? Pour qui ? Dans quel but ?
NDIAGA DIOUF. Journaliste
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