Mouammar Kadhafi (D), chef de l'Etat libyen et président en exercice de l'Union Africaine.
Jeudi 28 janvier 2010 se tient à Addis Abeba un conseil des ministres de l’organisation de l ’Unité africaine, prélude au 14e sommet de l'UA qui s'ouvrira le 31 janvier. A l'ordre du jour cette année, un débat sur la communication et les nouvelles technologies en Afrique. Mais il sera surtout question des conflits et des crises politiques (Madagascar, Somalie, Soudan, Guinée...).
Cette année encore, le sommet va être dominé par le colonel Kadhafi. Le guide de la révolution libyenne, président en exercice de l'Union devrait rendre son tablier, mais visiblement il n'en a pas l'intention.
Officiellement le colonel Kadhafi ne brigue pas un nouveau mandat mais en coulisses les Libyens s’activent. Selon des sources diplomatiques plusieurs émissaires du Guide de la révolution libyenne ont sillonné les capitales pour convaincre les dirigeants africains de la nécessité de maintenir le colonel Kadhafi à la tête de l’Union africaine.
Cette campagne de lobbying a connu des fortunes diverses. En Afrique australe les émissaires libyens ont été proprement éconduits parce que, au nom d’une règle non écrite, la présidence de l’Union revient cette année à cette région. L’Afrique australe a choisi son candidat, c’est le président du Malawi. Ailleurs les positions sont plus ambigües : dire « non » au colonel Kadhafi peut parfois se payer très cher. Ce dernier n’hésite d’ailleurs pas à menacer les récalcitrants.
Dans ce contexte, les diplomates de l’Union africaine craignent que ce sommet ne soit pollué par un affrontement entre pro et anti-libyens. Même au sein de la Commission de l’Union africaine l’inquiétude est palpable. La procédure de rotation régionale sera-t-elle respectée ? «Je ne sais pas» répond, embarrassé, un des responsables de l’Union.
Le ministre des Affaires étrangères du Gabon, Jean Ping, a été élu président de la Commission de l'Union africaine le 1er février 2008.
(Photo : Reuters)
Pour le Gabonais Jean Ping, le sommet est l'occasion de faire un premier bilan de son action. Le président de la Commission de l'UA est en place depuis deux ans et donc à mi-mandat. Il se demande si le plus dur n'est pas à venir.
Depuis deux ans, Jean Ping a dû gérer quatre coups d’Etat. En Mauritanie et en Guinée Bissau, il pense avoir facilité des sorties de crise, laborieuses mais réelles. Concernant la Guinée, Jean Ping veut croire que Dadis Camara, le chef de la junte est hors jeu. Mais pour Madagascar, le président de la Commission de l’Union africaine reconnait l’échec des médiations internationales et notamment de la sienne. Pour le reste, Jean Ping estime que ses deux premières années à la tête de l’Union africaine ont été positives.
Jean Ping redoute en réalité que les deux dernières années de son mandat soient beaucoup plus compliquées. Le Sud-Soudan en serait la cause. Pour le président de la Commission, il ne fait aucun doute que les Sudistes vont voter pour l’indépendance lors du référendum de janvier 2011, or les frontières Nord – Sud ne sont pas délimitées et les ressources pétrolières en conséquence, pas réparties.
Il craint également que cette indépendance ne donne des idées aux Darfouris, voire à d’autres peuples au Nigeria, en Angola ou ailleurs. Le président de la Commission aurait certainement préféré que l’on ne touche pas au dogme de l’OUA : l’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Pour Jean Ping et beaucoup d’autres à Addis Abeba, l’indépendance du Sud-Soudan, c’est le grand saut dans l’inconnu et le vent de l’histoire donne des frissons.
Cette année encore, le sommet va être dominé par le colonel Kadhafi. Le guide de la révolution libyenne, président en exercice de l'Union devrait rendre son tablier, mais visiblement il n'en a pas l'intention.
Officiellement le colonel Kadhafi ne brigue pas un nouveau mandat mais en coulisses les Libyens s’activent. Selon des sources diplomatiques plusieurs émissaires du Guide de la révolution libyenne ont sillonné les capitales pour convaincre les dirigeants africains de la nécessité de maintenir le colonel Kadhafi à la tête de l’Union africaine.
Cette campagne de lobbying a connu des fortunes diverses. En Afrique australe les émissaires libyens ont été proprement éconduits parce que, au nom d’une règle non écrite, la présidence de l’Union revient cette année à cette région. L’Afrique australe a choisi son candidat, c’est le président du Malawi. Ailleurs les positions sont plus ambigües : dire « non » au colonel Kadhafi peut parfois se payer très cher. Ce dernier n’hésite d’ailleurs pas à menacer les récalcitrants.
Dans ce contexte, les diplomates de l’Union africaine craignent que ce sommet ne soit pollué par un affrontement entre pro et anti-libyens. Même au sein de la Commission de l’Union africaine l’inquiétude est palpable. La procédure de rotation régionale sera-t-elle respectée ? «Je ne sais pas» répond, embarrassé, un des responsables de l’Union.
Le ministre des Affaires étrangères du Gabon, Jean Ping, a été élu président de la Commission de l'Union africaine le 1er février 2008.
(Photo : Reuters)
Pour le Gabonais Jean Ping, le sommet est l'occasion de faire un premier bilan de son action. Le président de la Commission de l'UA est en place depuis deux ans et donc à mi-mandat. Il se demande si le plus dur n'est pas à venir.
Depuis deux ans, Jean Ping a dû gérer quatre coups d’Etat. En Mauritanie et en Guinée Bissau, il pense avoir facilité des sorties de crise, laborieuses mais réelles. Concernant la Guinée, Jean Ping veut croire que Dadis Camara, le chef de la junte est hors jeu. Mais pour Madagascar, le président de la Commission de l’Union africaine reconnait l’échec des médiations internationales et notamment de la sienne. Pour le reste, Jean Ping estime que ses deux premières années à la tête de l’Union africaine ont été positives.
Jean Ping redoute en réalité que les deux dernières années de son mandat soient beaucoup plus compliquées. Le Sud-Soudan en serait la cause. Pour le président de la Commission, il ne fait aucun doute que les Sudistes vont voter pour l’indépendance lors du référendum de janvier 2011, or les frontières Nord – Sud ne sont pas délimitées et les ressources pétrolières en conséquence, pas réparties.
Il craint également que cette indépendance ne donne des idées aux Darfouris, voire à d’autres peuples au Nigeria, en Angola ou ailleurs. Le président de la Commission aurait certainement préféré que l’on ne touche pas au dogme de l’OUA : l’intangibilité des frontières issues de la colonisation. Pour Jean Ping et beaucoup d’autres à Addis Abeba, l’indépendance du Sud-Soudan, c’est le grand saut dans l’inconnu et le vent de l’histoire donne des frissons.