Au Vietnam, pays de 90 millions d’habitants, les gens ont pris l’habitude de ne pas parler politique. Mais ces derniers jours, il est difficile d’éviter le sujet. Dans toutes les rues ou presque, des posters accrochés aux murs annoncent la tenue du 12e Congrès national du Parti communiste vietnamien.
Deux lignes
Ce grand rendez-vous est l'occasion de désigner le secrétaire général du Parti, le président et le Premier ministre. La liberté d’expression étant étroitement surveillée dans le pays, les gens se défoulent sur les réseaux sociaux, où ils n’hésitent pas à afficher leurs pronostics et à relayer des rumeurs.
Il faut dire que cette année, les dés sont loin d’être jetés. Deux factions s’affrontent. D'un côté : la vieille garde, représentée par le secrétaire général du parti Nguyen Phu Trong, un conservateur. De l'autre : la faction réformatrice du Premier ministre Nguyen Tan Dung.
Ce dernier, considéré comme pro-occidental, a supervisé l'adhésion du Vietnam à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et plus récemment la participation du pays au Partenariat Trans-Pacifique (TTP) sous l'égide des Etats-Unis. Moins dogmatique, Dung est soutenu par les milieux d’affaires.
Enjeux régionaux
Le Premier ministre traîne en revanche quelques casseroles. Certains lui reprochent son implication dans l’endettement colossal de certains grands groupes d’Etat, et à titre plus personnel, les ascensions fulgurantes de son fils au sein de l’appareil d’Etat, et de son beau-fils, qui possède la franchise Mc Donald's.
Face à Dung se dresse donc le chef sortant du Parti, Nguyen Phu Trong, véritable homme fort qui dicte la ligne du Vietnam. C’est à lui que l’on doit un durcissement de la répression à l’égard des militants des droits de l’homme et des contestataires.
Le Congrès durera jusqu'au 28 janvier. Quel qu’en soit le résultat, il pèsera sur les relations entre Hanoï, Pékin et Washington, que l’élite du Parti considère désormais comme un allié sûr, face à l’influence grandissante de la Chine dans la région.
■ Faut-il y voir un signe, ou un mauvais présage pour ce Congrès ? Une tortue géante et presque centenaire est morte mardi soir à Hanoï. La tortue est considérée comme le symbole de la lutte pour l'indépendance du Vietnam. Le régime semble prendre la superstition très au sérieux. Il a rapidement fait effacer toutes les informations relatives à cet événement.
Source: RFI