Les appels à se doter de l’arme nucléaire en Corée du Sud proviennent d’une partie de la droite conservatrice et nationaliste. « La Corée du Nord est maintenant devenue une puissance nucléaire, se justifie ainsi dans un édito le quotidien Chosun Ilbo, proche du gouvernement. Or pour lui faire face, nous n’avons que nos poings. » Le journal en conclut que le Sud aussi a besoin de l’arme atomique.
Objectif stratégique
Plusieurs poids lourds politiques, dont des proches de la présidente, ont lancé des appels similaires. Ils proposent de demander aux Etats-Unis de redéployer au Sud les ogives que celui-ci avait retiré en 1991 ou de convaincre Washington de laisser Séoul se doter de son propre programme nucléaire. En précisant que ces armes seront abandonnées dès que Pyongyang en fera de même.
Ces ambitions sud-coréennes existaient déjà dans le passé. Mais les progrès nucléaires plus rapides que prévu des Nord-Coréens donnent de nouveaux arguments de poids aux conservateurs. Le débat est si vif que le Premier ministre a rappelé jeudi 14 février publiquement que l’objectif stratégique de Séoul restait – pour le moment - la dénucléarisation totale de la péninsule.
Les arguments de ceux qui s’opposent à ce que la Corée du Sud se dote l’arme atomique ne manquent d'ailleurs pas. La Corée du Sud maîtrise déjà parfaitement les technologies de nucléaire civil et pourrait développer une bombe atomique très rapidement. Mais ce serait une violation du traité de non-prolifération nucléaire, ce qui vaudrait à Séoul des sanctions économiques et l’isolement international – comme pour Pyongyang.
« parapluie nuclaire » américain
Les partisans d’une Corée du Sud non-nucléarisée estiment que la protection actuelle du «parapluie nucléaire» américain suffira à dissuader Pyongyang d’utiliser un jour ses bombes. Rappelons que le grand allié américain délpoie de façon permanente 28 000 soldats au sud.
La possession de l’arme atomique serait en outre une violation d’un accord signé avec les Etats-Unis il y a 40 ans, accord qui interdit à Séoul de retraiter les matières fissiles ou d’enrichir de l’uranium. Mais cet accord expire l’année prochaine et Séoul va chercher à négocier une plus grande marge de manœuvre.
Mais les Etats-Unis s'opposent à la nucléarisation de leur allié sud-coréen. Ils ont certes déjà récemment autorisé Séoul à augmenter la portée de ses missiles conventionnels, mais ils craignent un effet domino. Car si la Corée du Sud possède la bombe atomique, le Japon voisin voudra aussi s’équiper.
Ce serait lancer le départ d’une course aux armements très inquiétante dans l’une des régions les plus instables du monde, alors que la lutte contre la prolifération est justement l’un des chevaux de bataille de Barack Obama. Jeudi 14 février, le président américain a d’ailleurs rassuré le Japon en lui promettant sa protection nucléaire.
En fait, ces appels de plus en plus forts pour une Corée du Sud nucléarisée sont aussi un moyen de faire pression sur la Chine. En agitant cette menace d’une bombe sud-coréenne, il s’agit de forcer Pékin, le dernier allié de Pyongyang, à user de toute son influence sur le régime nord-coréen pour que celui-ci renonce à ses ambitions nucléaires. Un objectif qui semble aujourd’hui impossible.
Dépêche RFI
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