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Coronavirus Sénégal : les maladies chroniques face à une réelle politique de prise en charge

Au Sénégal, le virus Covid-19 se propage de plus en plus. Et même si le taux de guérisons enregistrés est assez rassurant, la tranche d’âge et le statut de malade chronique des personnes décédées (14 jusqu’à ce vendredi) interpellent plus d’un observateur sur individus les plus vulnérables face à cette maladie du nouveau Coronavirus. Si on n’a pas une une idée précise du nombre de personne du troisième âge au Sénégal, le Mouvement des Insuffisants rénaux du Sénégal (MIRS) a estimé sa population à plus de 800 000. Si on y ajoute les diabétiques, asthmatiques et hypertendus, cela constitue une bonne frange de la population nationale à protéger plus que les autres.



Coronavirus Sénégal : les maladies chroniques face à une réelle politique de prise en charge
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) 5 à 10 millions de personnes meurent d’insuffisance rénale chaque année. Cette maladie, couplée à celles du diabète, du tabagisme, de l’obésité, surtout en cette période de coronavirus, constitue un véritable problème de santé publique. Les personnes soufrant de cette maladie ne sentent pas trop l’apport de l’Etat dans leur prise en charge. 

Faisant la dialyse depuis plus de 11 ans, El Hadji Hamidou Diallo, président du Mouvement des Insuffisants rénaux du Sénégal déclare que  «le taux de personnes souffrant d’insuffisance rénale dans notre pays est estimé à 800.000 et que 840.000 Sénégalais sont diabétiques. La prise en charge des diabétiques dans le pays devrait être une priorité nationale pour les prochaines années ».

Selon lui, 800.000 Sénégalais sont hypertendus. Près de 500.000 sénégalais se partagent le tabagisme, l’obésité, et autres maladies non transmissibles. Tous les Sénégalais de plus de 50 ans, risquent d’être porteurs d’une maladie non transmissible (diabète, hypertension, AVC, prostate, obésité, tabagisme et autres) dont la prise en charge est extrêmement coûteuse pour l’Etat à plus forte raison pour les individus». 

Origine des chiffres

Joint au téléphone par PressAfrik, Hamidou Diallo affirme d’emblée être l’auteur de ses statistiques avant de d’expliquer comment il a les obtenus. « Je suis économiste et j’ai fait des estimations en fonction des chiffres de la banque mondiale. Car, pour certaines maladies le ministre de la Santé soit refuse de donner les vraies chiffres pour ne pas effrayer la population, soit on n’a pas fait d’enquête dans ces chiffres. C’est pourquoi ces chiffres là, surtout en ce qui  concerne l’insuffisance rénale c’est à partir de données de l’Hôpital Dantec que j’ai fais mon calcul sur un taux de 0.8 %. Ce qui fait qu’on obtient qu’un chiffre de 800.000 personnes atteints d'insuffisance rénale", explique t-il au bout du fil. 

Il ajoute : « Parmi eux il y a 20.000 qui sont arrivés à la phase terminale. Et sur les 20.000  l’Etat  du Sénégal ne s’occupe que de 1 750 dans le public et 250 dans le privé. Et chaque année y a 24 000 nouveaux cas. Ce sont des chiffres que le ministère de Santé refuse de donner", déplore t-il. 

On ne rappellera jamais assez, en cette période de pandémie, les personnes souffrant de ces maladies chroniques sont très exposées. Leurs comorbidités les rendent vulnérables au Covid-19.

Les chiffres sur le tabagisme sont été  confirmés par la Ligue Sénégalaise contre le Tabac (LISTAB). Dans un document consulté par PressAfrik et publié le 28 mai 2018, son président Amadou Moustapha Gaye avait annoncé que le nombre de fumeurs va augmenter d’ici trois (3) ans pour atteindre la barre du million.

« Il y a des chiffres qui sont sortis au niveau de l’ANSD ('Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie et qui disent qu’il y a 500. 000 fumeurs actuellement au Sénégal. Et que, si on ne faisait rien, on aura peut-être dans quelques années 1 million de fumeurs », a-t-il informé.
 

Coronavirus Sénégal : les maladies chroniques face à une réelle politique de prise en charge
Lutte contre le tabagisme
A l’époque, l’Etat du Sénégal avait engagé le combat. La loi de 2014 adoptée interdit de fumer «dans les espaces publics», la publicité pour les cigarettes ainsi que l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques nationales de santé. Selon le texte de loi, «il s’agit de contrer les stratégies utilisées par l’industrie du tabac pour interférer dans les politiques de santé, miner les efforts de lutte anti-tabac et s’opposer aux mesures allant à l’encontre de ses intérêts financiers.»

Depuis août 2017, les paquets de cigarettes vendus au Sénégal affichent des images et des slogans comme «Fumer cause une mort lente et douloureuse», pour mettre en garde les consommateurs contre les maladies liées au tabac.
Si, pour les affiches sur las paquets de cigarettes ont été respectées, le fait ne de pas fumer en public est loin de l’être, pendant que la maladie à coronavirus continue à tuer les milliers de personnes par jour dans le monde.

Pourtant, il n’est pas sans savoir que les fumeurs sont plus susceptibles d’avoir des complications graves si elles sont infectées par le COVID-19, selon une étude rapportée par l’organisation ‘’Campaign For Tobacco Free Kids’’ (CFTK).

« Bien qu’il n’y ait actuellement pas suffisamment de preuves pour affirmer avec certitude que les personnes qui fument du tabac risquent plus d’être infectées par la maladie du coronavirus 2019 (COVID-19), nous savons que les fumeurs sont plus exposés aux infections respiratoires », indique CFTK dans un communiqué.

Une hypothèse confirmée Dr Omar Bâ, pneumologue Coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac  au Sénégal. « Le tabagisme augmente la probabilité de souffrir d’une forme sévère puisque là où en moyenne 5% des personnes atteintes du Covid-19 passent en réanimation, le taux passe à 25% chez les fumeurs ».

Prise en charge des  insuffisants rénaux
 
Revenant sur l’absence de prise en charge réelle des personnes souffrant de maladie chronique, le président du Mouvement des Insuffisants rénaux du Sénégal, Hamidou Diallo pointe du doigt la direction de la Couverture maladie universelle. « La Couverture des maladie universelle dit que depuis le 20 janvier donc en plein coronavirus qu’ils ont décaissé 1.600.000 fcfa pour les hémodialyses. Hier (jeudi 7 mai), une autre information est venue rajouter à cela à savoir 2. 500.000 FCFA pour les hémodialyses. Moi, je suis à l’hôpital Principal, on m’a donné une bouteille de gel antiseptique et un masque.  Donc où est passé l’argent dont ils parlent ? », s'interroge-t-il.  

« La CMU dit qu’elle a décaissé 884 000 millions FCFA pour rembourser la dette qu’elle devrait aux hôpitaux au titre de plan sésame. Mais moi j’ai 70 ans, quand je vais dans n’importe quel hôpital de Dakar on me dit qu’on ne prend plus le plan Sésame. Tout simplement parce que les hôpitaux, on les doit de l’argent. Et on vient de leur payer presque 1 milliard et ne nous les vieux malades on ne  peut pas bénéficier de ce plan Sésame. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes n'en parlons même pas. Entre eux ils sont en train de sortir de l'argent, de rembourser des dettes imaginaires, financer des actions financières, surfacturer,  bouffer ces 1000 milliards que le président Macky Sall a donné aux Sénégalais  sur la base des biens du peuple Sénégalais ». 

Très en verve sur comment se déroule la gestion du budget allouée aux malades, El Hadji Hamidou Diallo, appelle le procureur de la République à s'autosaisir. « Quand nous sortons pour dénoncer tout ce qui ce passe il ne faut pas que la presse en parle au bout de trois jours et c’est fini. Le procureur doit autosaisir et on doit poursuivre les voleurs et les arrêtés. Taper fort. Regardez ce qui se passe 20 milliards volés en dix jours », fulmine t-Il. 

Réaction de l'agence de la Couverture maladie universelle

Joint au téléphone par PressAfrik, le chargé de communication de la Couverture maladie universelle, Aly Fall, a fait savoir que « l’agence ne prend pas en charge les hémodialysés. C’est le ministère (de la Santé) qui prend en charge  et donne la facture à l’agence nationale de la CMU qui paie ».

Dans ce contexte de vovid19, M. Fall a fait savoir que l’agence de la couverture maladie universelle a débloqué 5 milliards FCFA pour rembourser des hôpitaux auxquels elle doit près de 20 milliards FCFA. « Après virement de ce montant, on a jugé nécessaire de faire un communiqué pour au moins que l’agence fait équipe dans la réponse. Donc l’argent n’est pas destiné aux malades, c’est pour les structures de santé».

 

Vulnérabilité des malades chroniques au coronavirus

En cette période de pandémie, les fumeurs ne sont pas les seuls personnes vulnérables. Les gens atteints de maladies chroniques le sont également, si l'on en croit à Docteur Ly, médecin en spécialisation. "Les maladies chroniques par définition, ce sont des maladies qui ne guérissent pas, mais qu'on peut stabiliser par un traitement médical bien contrôlé. Par exemple, le Diabète peut être bien équipé, avec les médicaments ou l'insuline, de même que certaines maladies pulmonaires comme l'asthme. La personne n'est pas tout le temps en crise, car il prend des médicaments qui lui permettent d'équilibrer. C'est pourquoi on parle de maladie chronique", a expliqué à PressAfrik, Dr Ly.

« Ces pathologies, a poursuivi le médecin, ont un retentissent sur l'organisme, au niveau rénal, cardiaque et du système immunitaire. Et ces personnes ont souvent tendance à avoir du mal à se défendre contre toutes les autres infections en particulier en période de pandémie. Elles sont plus vulnérables. Quand un diabétique chope le coronavirus, il a une infection. Il fait une fièvre et son diabète sera déséquilibré en différent mode. Du moins grave au plus grave ».

Pour la prise en charge avant qu'ils ne chopent la maladie, ces personnes doivent surtout mettre l'accent sur la prévention.  Se confiner davantage. Mais une fois  contaminées, on leur donne théoriquement les mêmes traitements en l'absence de complication. En plus de l'utilisation des médicaments préconisés pour le covid19, il faut tenir compte de certains médicaments qui peuvent entraîner des retentissements au niveau rénal ect....".


Fana Cissé et Salif Sakhanokho

Vendredi 8 Mai 2020 - 14:32


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