Ils ont osé s’attaquer aux biens accumulés pendant des années, en France, par des présidents africains, aussi riches que leurs pays sont pauvres. Et pour l’instant, contre toute attente, les accusateurs ont eu gain de cause.
Après plusieurs rebondissements, leurs plaintes devant la justice française ont conduit à la désignation de deux magistrats chargés d’éplucher la liste interminable des comptes en banque, voitures de luxe, villas et immeubles qui pourraient révéler un enrichissement illicite.
Il y a d’abord eu, en décembre 2008, la plainte pour «recel de détournement de biens publics» visant trois présidents: Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou-Nguesso (République du Congo), Teodoro Obiang (Guinée équatoriale). Et depuis juin 2011, l’ex-président tunisien Ben Ali et son entourage sont venus rejoindre ce petit club de dirigeants soupçonnés d’avoir pillé leurs pays pour s’acheter d’immenses villas et de belles voitures.
Après des années de silence, quelque chose est peut-être en train de changer. Car désormais les chefs d’Etat, notamment africains, qui roulent en Ferrari et collectionnent les hôtels particuliers dans le XVIe arrondissement de Paris, savent qu’ils ont en face d’eux un adversaire déterminé: la section française de l’ONG Transparency International. Elle n’est pas seule dans cette bataille, mais son engagement a joué un rôle décisif.
Car seule une organisation dont la raison sociale est la lutte contre la corruption avait la légitimité de se porter partie civile et contraindre la justice française à s’emparer de ce dossier forcément sulfureux. En acceptant de ce lancer dans cette bataille, Transparency International a donc permis aux plaintes d’aboutir. Pourtant, rares sont ceux qui savent qui se cache derrière ce sigle.
Une organisation sans visage
«TI», comme on l’appelle, n’a jamais eu de porte-parole —en France ou ailleurs. Ses membres se montrent d’une discrétion absolue et apparemment efficace. Cette organisation sans visage est pourtant constituée de gens bien réels. Ni superhéros, ni super-espions.
S’ils pouvaient pousser la porte du siège parisien, les présidents africains mis en cause seraient sûrement surpris. Quoi, juste un modeste local à Neuilly? Occupé par trois jeunes à peine trentenaires? Que vient de rejoindre une chargée de mission sur un dossier plus particulier? Voilà le quotidien de la section française de Transparency International. C’est donc ça, la force de frappe qui pourrait faire trembler les palais présidentiels de Libreville, Malabo et Brazzaville?
Myriam, Julien et Marina ont encore des looks d’étudiants. Ils sortent de grandes écoles et Transparency International est leur premier véritable employeur. Évidemment, ces trois salariés ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Mais, au quotidien, ce sont eux qui rédigent les communiqués, les rapports et la plupart des documents envoyés aux médias, aux autres sections à travers le monde, ou aux responsables politiques.
À leurs côtés, il y a une machine bien plus puissante, et notamment ce conseil d’administration qui réunit des membres aux références aussi prestigieuses qu’inattaquables: magistrats à la retraite, administrateurs, fonctionnaires; ce sont tous des sages dont les avis comme les recherches sont déterminants.
Il y a aussi le président de la section française, Daniel Lebègue. Un haut fonctionnaire (vingt ans à la tête du Trésor, puis à la Caisse des Dépôts). Élu une première fois en 2003, son mandat vient d’être renouvelé pour six ans en mai dernier. C’est lui qui a recruté la petite équipe de permanents, surpris d’avoir reçu autant de candidatures de jeunes diplômés brillants qui auraient pu faire carrière dans la banque ou les affaires.
«C’est quand même plus intéressant que de travailler pour une banque! Tous les trois, on cherchait à notre manière un boulot qui donne du sens à l’existence», explique Myriam Savy qui s’occupe notamment de la communication de la section.
Pour Daniel Lebègue aussi, ce fut un choix réfléchi. Il n’était pas lui non plus prédestiné à s’engager dans ce combat. Il aurait pu couler une retraite tranquille, profitant de sa participation à plusieurs conseils d’administration de grandes entreprises. Mais en quittant la fonction publique après tant d’années de bons et loyaux services, il voulait agir. Et quand TI l’a sollicité, il n’a pas hésité à prendre la tête de la section française.Lire la suite sur slateafrique
Après plusieurs rebondissements, leurs plaintes devant la justice française ont conduit à la désignation de deux magistrats chargés d’éplucher la liste interminable des comptes en banque, voitures de luxe, villas et immeubles qui pourraient révéler un enrichissement illicite.
Il y a d’abord eu, en décembre 2008, la plainte pour «recel de détournement de biens publics» visant trois présidents: Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou-Nguesso (République du Congo), Teodoro Obiang (Guinée équatoriale). Et depuis juin 2011, l’ex-président tunisien Ben Ali et son entourage sont venus rejoindre ce petit club de dirigeants soupçonnés d’avoir pillé leurs pays pour s’acheter d’immenses villas et de belles voitures.
Après des années de silence, quelque chose est peut-être en train de changer. Car désormais les chefs d’Etat, notamment africains, qui roulent en Ferrari et collectionnent les hôtels particuliers dans le XVIe arrondissement de Paris, savent qu’ils ont en face d’eux un adversaire déterminé: la section française de l’ONG Transparency International. Elle n’est pas seule dans cette bataille, mais son engagement a joué un rôle décisif.
Car seule une organisation dont la raison sociale est la lutte contre la corruption avait la légitimité de se porter partie civile et contraindre la justice française à s’emparer de ce dossier forcément sulfureux. En acceptant de ce lancer dans cette bataille, Transparency International a donc permis aux plaintes d’aboutir. Pourtant, rares sont ceux qui savent qui se cache derrière ce sigle.
Une organisation sans visage
«TI», comme on l’appelle, n’a jamais eu de porte-parole —en France ou ailleurs. Ses membres se montrent d’une discrétion absolue et apparemment efficace. Cette organisation sans visage est pourtant constituée de gens bien réels. Ni superhéros, ni super-espions.
S’ils pouvaient pousser la porte du siège parisien, les présidents africains mis en cause seraient sûrement surpris. Quoi, juste un modeste local à Neuilly? Occupé par trois jeunes à peine trentenaires? Que vient de rejoindre une chargée de mission sur un dossier plus particulier? Voilà le quotidien de la section française de Transparency International. C’est donc ça, la force de frappe qui pourrait faire trembler les palais présidentiels de Libreville, Malabo et Brazzaville?
Myriam, Julien et Marina ont encore des looks d’étudiants. Ils sortent de grandes écoles et Transparency International est leur premier véritable employeur. Évidemment, ces trois salariés ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Mais, au quotidien, ce sont eux qui rédigent les communiqués, les rapports et la plupart des documents envoyés aux médias, aux autres sections à travers le monde, ou aux responsables politiques.
À leurs côtés, il y a une machine bien plus puissante, et notamment ce conseil d’administration qui réunit des membres aux références aussi prestigieuses qu’inattaquables: magistrats à la retraite, administrateurs, fonctionnaires; ce sont tous des sages dont les avis comme les recherches sont déterminants.
Il y a aussi le président de la section française, Daniel Lebègue. Un haut fonctionnaire (vingt ans à la tête du Trésor, puis à la Caisse des Dépôts). Élu une première fois en 2003, son mandat vient d’être renouvelé pour six ans en mai dernier. C’est lui qui a recruté la petite équipe de permanents, surpris d’avoir reçu autant de candidatures de jeunes diplômés brillants qui auraient pu faire carrière dans la banque ou les affaires.
«C’est quand même plus intéressant que de travailler pour une banque! Tous les trois, on cherchait à notre manière un boulot qui donne du sens à l’existence», explique Myriam Savy qui s’occupe notamment de la communication de la section.
Pour Daniel Lebègue aussi, ce fut un choix réfléchi. Il n’était pas lui non plus prédestiné à s’engager dans ce combat. Il aurait pu couler une retraite tranquille, profitant de sa participation à plusieurs conseils d’administration de grandes entreprises. Mais en quittant la fonction publique après tant d’années de bons et loyaux services, il voulait agir. Et quand TI l’a sollicité, il n’a pas hésité à prendre la tête de la section française.Lire la suite sur slateafrique