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Côte d'Ivoire - enquête cacao: relaxe pour 3 journalistes, dont un Français

Trois journalistes, dont un Français, détenus depuis le 16 juillet à Abidjan pour "vol de document administratif" après la publication des conclusions d'une enquête judiciaire sur la filière cacao ivoirienne, ont été relaxés lundi, a-t-on appris de source judiciaire.



Une journaliste ivoirienne manifeste pour la libération de trois journalistes, le 23 juillet 2010 devant le palais de justice d'Abidjan (© 2009 AFP)
Une journaliste ivoirienne manifeste pour la libération de trois journalistes, le 23 juillet 2010 devant le palais de justice d'Abidjan (© 2009 AFP)
Le Français Théophile Kouamouo, directeur des rédactions du journal ivoirien Le Nouveau courrier, ainsi que les Ivoiriens Stéphane Guédé et Saint Claver Oula, directeur de publication et rédacteur en chef, avaient été écroués après la publication d'un article reprenant une partie du sévère réquisitoire, transmis au président Laurent Gbagbo, du procureur Raymond Tchimou sur des malversations présumées dans la filière.

Le tribunal correctionnel a rejeté les accusations de "vol de document administratif" et de "révélation d'un document couvert par le secret".

Les trois hommes ont en revanche été condamnés à une suspension de 15 jours de leur journal et à payer ensemble une amende de cinq millions de francs CFA (7.500 euros) pour "diffusion d'information sur un dossier judiciaire non encore évoqué à l'audience publique".

Ecroué vendredi, le conseiller en communication du procureur Tchimou, Patrice Pohé, a également été relaxé.

La semaine dernière, le parquet avait requis 12 mois de prison ferme contre les trois journalistes. Mais il a finalement requis lundi seulement un mois ferme et 5 millions FCFA d'amende, les accusant désormais de "recel".

Considérant M. Pohé comme le "voleur" dans cette affaire, le parquet avait requis lundi contre lui deux mois ferme et 100.000 FCFA (150 euros) d'amende.

Le tribunal a jugé que "le vol n'était pas constitué", suscitant une clameur dans la salle d'audience où avaient pris place de nombreux journalistes.

L'avocat du trio, Me Hivat Tié-Bi, s'est réjoui auprès de l'AFP que le tribunal ait rejeté les accusations relevant du régime de droit commun et n'ait retenu que celle correspondant à la loi sur la presse, qui exclut l'emprisonnement. Il y a vu un "précédent important".

Les trois journalistes devront par ailleurs verser un franc symbolique à un ancien baron de la filière, Henri Amouzou. En détention provisoire depuis deux ans, il avait estimé que la publication des lourdes conclusions du parquet à son égard avait attenté à son "honorabilité".

Les organisations professionnelles, emmenées par le responsable du Conseil national de la presse (CNP) ivoirienne, Eugène Dié Kacou, avaient reconnu lors d'une rencontre lundi matin avec M. Tchimou, juste avant le procès, la "faute professionnelle" du trio du Nouveau courrier et demandé qu'il soit jugé dans le cadre de la loi sur la presse.

Les Etats-Unis s'étaient dits "troublés" par la "détention continue" des trois journalistes, dont l'opposant Alassane Ouattara avait réclamé la libération.

La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao.

Ouverte en octobre 2007 à la demande du chef de l'Etat, la vaste enquête judiciaire sur la filière cacao avait abouti à l'arrestation en juin 2008, pour "détournement de fonds, abus de biens sociaux et escroquerie", de la quasi-totalité de ses responsables (dont des proches de M. Gbagbo), soit une vingtaine de personnes.

Le très sensible procès des "barons du cacao", en détention provisoire depuis deux ans, n'a toujours pas été programmé.

AFP

Mardi 27 Juillet 2010 - 10:53


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