Cette rencontre annoncée comme celle de la relance du processus électoral, n’a pourtant pas été à la hauteur des attentes. Tous ceux qui s’attendaient par exemple à ce qu’un nouveau chronogramme soit établi lors de cette rencontre devront prendre leur mal en patience. En effet, et selon le communiqué lu à la fin du conclave par le Premier ministre Guillaume Soro, il y aura une autre rencontre, dans quelques semaines pour fixer la date de l’élection présidentielle qui tient tout le monde en haleine. Et cela bien que « tous les leaders et responsables aient noté l’urgence de l’organisation de l’élection présidentielle".
Il y a urgence, mais on attendra tout de même peut-être une éternité vu que la prochaine rencontre capitale tripartite est programmée dans "quelques semaines". Comme concernant l’élection elle-même, on évite visiblement ici aussi de fixer une date au risque qu’elle ne soit pas respectée. La preuve est que la rencontre du 30 juin devait initialement avoir lieu le 7 juin. Et voilà tout le monde suspendu une fois de plus à la rencontre dans "quelques semaines", avant de l’être pour la nouvelle date de la présidentielle si elle est déterminée à cette occasion. Finalement, tout se passe en Eburnie, comme si l’on se plaît à parler de l’élection présidentielle sans jamais tout mettre en œuvre pour qu’elle ait lieu. C’est un sujet que l’on agite par moments comme pour dire qu’on n’a pas oublié, même quand les événements se bousculent.
Et ces temps-ci, on a beaucoup plus parlé d’autres choses que de la présidentielle. Il y a d’abord eu les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) tenues à la mi-mai à Abidjan et à l’occasion desquelles le pouvoir et l’opposition se sont entendus pour ne pas les perturber. Après, il y a eu l’affaire de détournement de deniers publics dont sont accusés le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro et le Premier ministre Guillaume Soro et pour laquelle Laurent Gbagbo a même ordonné, le 20 juin dernier, l’ouverture d’une enquête. Depuis lors, on ne parle plus que de cela au pays de feu Félix Houphouët Boigny. Il fallait donc trouver une occasion pour faire ressurgir le sujet de la présidentielle qui était sérieusement noyé. Pas même la menace du facilitateur burkinabè Blaise Compaoré, de ne plus se donner à fond si jamais l’élection n’a pas lieu en 2010, n’avait véritablement pu remettre le sujet en selle. Il a fallu la rencontre du 30 juin pour que l’on commence à en parler à nouveau.
Mais, pas d’une façon décisive car la diversion l’emporte sur le sérieux qui devrait être de rigueur. On en vient à se demander même si la présidentielle se tiendra en cette année 2010 comme l’a récemment promis Laurent Gbagbo. C’est à se demander si tout cela n’a pas été dit pour rassurer le facilitateur qui a commencé à montrer des signes de lassitude pour ne pas dire d’agacement. Les années passent et l’on constate qu’il manque toujours la sincérité et la volonté farouche de sortir de la crise en Côte d’Ivoire .
Les acteurs politiques de ce pays doivent même aller à l’école de la Guinée Conakry qui est en train de tourner la page de la transition. Certes, comparaison n’est pas raison, mais la comparaison éclaire la raison et il n’y a pas de honte à prendre le bon exemple chez les autres.