C'est une simple vidéo de 11 minutes, postée sur Internet, qui a suffi a déclencher la rumeur. L'auteur avait soigné la mise en scène : drapeaux libyens et hymne national en introduction. Lui-même en tenue militaire, l'homme s'exprime de façon solennelle et annonce une « initiative » en cinq points, prévoyant la suspension des autorités de transition.
« L'armée a décidé de réagir non pas pour gouverner, explique-t-il, mais pour préparer les conditions propices (à des élections) ». Dans cette Libye ou un le Premier ministre en personne avait été brièvement kidnappé en octobre dernier par une milice composée d'anciens rebelles, il n'en fallait pas plus pour répandre le bruit d'un coup d'Etat. Mais voilà...
Des « rumeurs ridicules »
Khalifa Haftar est un ancien commandant aujourd'hui à la retraite. Dans la foulée de son coup d'éclat, le Premier ministre a pris la parole et a dénoncé des « rumeurs ridicules ». Il a assuré que la situation était sous contrôle. Et d'ajouter que l'homme de la vidéo « n'appartient pas à l'institution de l'armée ».
En fin d'après-midi, Haftar a lui-même réfuté l'idée d'un coup d'Etat, précisant qu'il entendait simplement dénoncer le non-respect de l'agenda du Congrès général national.
« Les prérogatives de ce Parlement ont touché à leur fin, il fait maintenant partie du passé, a-t-il déclaré. Quant au gouvernement actuel, celui-ci n’a aucun pouvoir, et donc il n’y a pas d’Etat. Nous ne devons pas donner l'illusion au monde qu’il y a un Etat en Libye. Nous voulons donner au peuple libyen les moyens de prendre les décisions qui le concernent. Toutes les forces militaires libyennes, dans toutes les villes, soutiennent notre déclaration, qui exprime les vraies doléances du peuple libyen. Et nous, nous ne voulons que réaliser sa volonté. »
Le mandat du Parlement de transition libyen devait prendre fin le 7 février. A Tripoli, trois ans après la révolution, des manifestations sont prévues pour demander la mise en place d'un calendrier politique, alors que le gouvernement est toujours incapable de mettre fin aux assassinats perpétrés régulièrement à Benghazi, tout comme aux affrontements meurtriers entre tribus dans la ville de Sebah, à l'extrême sud du pays.
Source : Rfi.fr