Au Sénégal, 68 012 personnes ont été testées positives au coronavirus dont 1495 décès annoncés depuis le premier cas enregistré le 02 mars 2020. Plus d’une année après l’introduction de la pandémie dans le pays, la maladie a connu un rebond spectaculaire du nombre de contaminations à la faveur de qu’on appelle la « troisième vague ». Une chose est sûre : le personnel de santé, en première ligne dans la riposte, a payé un lourd tribut à la pandémie.
Médecins, infirmiers, sages-femmes et aides-soignants sont nombreux à être infectés par le virus SarsCov2. Dr Bakary Thior, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de Ourossogui, dans la région de Matam, fait partie des agents de santé qui ont chopé le virus. «On a été infecté. Je m’étais auto-confiné à la maison. Mais après c’est passé, et je suis revenu à l’hôpital plus que déterminé. Je n’ai pas eu d’arrière-pensée, aucun souci quand j’ai été contaminé. Je sais que c’est mon devoir de soigner, et je ne dois pas regarder les malades à ne rien faire. Depuis lors, je fais mon travail correctement», nous confie-t-il. Il n’est pas le seul professionnel de santé à avoir été touché par la terrible pandémie.
A Sédhiou, selon le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), «les responsables parlent de 50 % du personnel infectés». Mballo Dia Thiam va plus loin et déclare que « 25 % du personnel de santé est touché par cette épidémie de Covid-19 au Sénégal». Encore que, dit-il, «les chiffres peuvent évoluer car ceux que je viens de donner, c’était il y a environ deux semaines. On nous a annoncé entretemps quatre autre décès. Il s’agit du médecin-chef du district de Saint Louis, Dr Kabou, de la sage-femme Fatmata Bâ, d’une biologiste de l’hôpital de Pikine...»
Les professionnels de la santé durement frappés
Que ce soit les médicaux ou paramédicaux, au centre, à la périphérie ou dans les centres de traitement de l’épidémie (Cte), beaucoup de professionnels de la santé ont contracté la maladie. Le covid-19 a durement frappé le monde des professionnels de la santé en première ligne face à la pandémie. En avril dernier, la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé dans notre pays déclarait que plus de 400 agents de santé étaient «affectés» en termes d’infection et de décès. Ce qui fait dire à M. Thiam que «Covid a mangé tous les hôpitaux».
Il poursuit son raisonnement pour dire que, «en dehors des décès et des agents hospitalisés, l’effectif est réduit et les travailleurs sont épuisés. Si le variant Delta continue de sévir, le système va se rompre pour créer une situation intenable. Ce sera un raz-de-marée de malades sans personnels soignants. On risque l’implosion», a-t-il alerté. Ce n’est donc plus un secret. Tout comme la population en général, le personnel de santé est fortement touché.
Mais notre consultant en santé, Dr El Hadj Ndiaye Diop, considère que ce sont les décès qui l’ont un peu surpris. «Depuis le début de la pandémie, on a eu des cas mais jamais autant de décès. Je me dis que s’il n’y avait pas la vaccination qu’est- ce que serait la situation ? Je n’ai jamais imaginé qu’on serait autant touché en tant que personnel de santé parce qu’aussi, comme souvent, les chiffres, les gens les sortent comme ça. Que le personnel est touché, on le savait depuis le début. Même avec la vaccination, je savais que le personnel serait touché, mais qu’il y aurait moins de décès. Malheureusement, il y a le fait que, même vaccinés, cela ne nous empêche pas d’être malades. Peut-être moins gravement. Mais l’autre aspect aussi à prendre en compte, c’est que les vaccins utilisés ici sont efficaces à 70 % à environ. Ce qui sous-entend qu’il y a 30 % de risques. C’est pourquoi il faut encourager les mesures barrières. C’est un sujet qui me surprend un peu. Je n’ai pas suivi l’évolution des cas au niveau des structures, je n’ai pas suivi les statistiques, mais si on compare les statistiques que vous donnez à la totalité du personnel médical, c’est énorme», s’inquiète notre consultant en santé.
Qui poursuit: «Plus de 400 personnes affectées (malades et décès) dans le rang des agents de santé, c’est énorme ! D’autant plus que nous ne faisons pas 10 % de la population. C’est difficile à cerner du point de vue individuel. Personne ne pensait qu’on était si menacé».
Crainte d’épuisement chez le personnel médical
Dr Diop pense que c’est le lieu de redoubler de vigilance et de continuer de surprotéger les personnes vulnérables surtout au niveau de la santé, de recourir à la recherche d’anticorps. Il explique qu’il s’agit là d’«une forme de surprotection qu’on doit faire au personnel de santé vu les dégâts». Développant sa pensée, il confie que le personnel médical a été au-devant de la lutte depuis le début de la pandémie.
Avec un personnel majoritairement jeune, la première et la deuxième vague n’ont pas autant éprouvé les agents de santé. Mais cette troisième vague, avec son variant Delta, a touché de plein fouet les acteurs de la santé. Pourtant la vaccination de ce personnel était un objectif prioritaire et les taux atteints étaient satisfaisants. On pouvait s’attendre désormais à moins d’impact sur le personnel. Seulement, il n’y a pas 100 % d’efficacité vaccinale.
Les vaccins que nous utilisons ont entre 60 et 70 % d’efficacité dans le meilleur des cas. Il reste environ 20 % d’infortunés qui sont vaccinés sans être protégés. C’est ce qu’on appelle l’échappement vaccinal. Il est impératif de proposer des solutions pour ne pas exposer cette catégorie. Les personnes vulnérables qui travaillent dans la santé ne doivent pas être surexposées (éviter les Cte, les urgences...).
En plus, elles doivent faire une sérologie post vaccinale pour vérifier leur taux d’anticorps et bénéficier d’une revaccination au besoin. Une vaccination efficace est la seule protection pour ces personnes vulnérables. Les mesures barrières sont indispensables pour éviter la propagation du virus mais elles ont des limites au sein des familles. La contamination est désormais familiale
En tous les cas, et vu l’effectif réduit, le psychiatre Dr Souleymane Loucar dit craindre un épuisement professionnel et des traumatisés qui pourraient développer des troubles de stress post traumatiques. Toutes ces choses font que le secrétaire général du Sutsas, Mballo Dia Thiam, propose un recrutement en nombre suffisant mais aussi, et surtout, la formation d’agents de santé.
Au-delà des malades et des morts, il considère que les soignants sont épuisés, en nombre réduit, et que la demande de soins est plus forte que l’offre. «On doit recruter. On a même posé la problématique de l’Endss (Ecole nationale de développement sanitaire et social) qui forme les infirmiers et sages-femmes d’Etat ainsi que les techniciens supérieurs de santé. Depuis deux ou trois ans, l’Endss ne forme pas. En parallèle, il y a les Cfrs (Centres de formation en santé) qui font un glissement en formant des sages-femmes. Or, ce n’est pas leur vocation. C’est la vocation de l’Endss», s’indigne le président de l’Alliance And Gueusseum.
Qui plaide pour la régularisation de la situation des techniciens supérieurs, l’ouverture des masters et des quotas pour l’Ecole nationale de développement sanitaire et sociale (Endss).
Le Témoin
Médecins, infirmiers, sages-femmes et aides-soignants sont nombreux à être infectés par le virus SarsCov2. Dr Bakary Thior, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital de Ourossogui, dans la région de Matam, fait partie des agents de santé qui ont chopé le virus. «On a été infecté. Je m’étais auto-confiné à la maison. Mais après c’est passé, et je suis revenu à l’hôpital plus que déterminé. Je n’ai pas eu d’arrière-pensée, aucun souci quand j’ai été contaminé. Je sais que c’est mon devoir de soigner, et je ne dois pas regarder les malades à ne rien faire. Depuis lors, je fais mon travail correctement», nous confie-t-il. Il n’est pas le seul professionnel de santé à avoir été touché par la terrible pandémie.
A Sédhiou, selon le secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), «les responsables parlent de 50 % du personnel infectés». Mballo Dia Thiam va plus loin et déclare que « 25 % du personnel de santé est touché par cette épidémie de Covid-19 au Sénégal». Encore que, dit-il, «les chiffres peuvent évoluer car ceux que je viens de donner, c’était il y a environ deux semaines. On nous a annoncé entretemps quatre autre décès. Il s’agit du médecin-chef du district de Saint Louis, Dr Kabou, de la sage-femme Fatmata Bâ, d’une biologiste de l’hôpital de Pikine...»
Les professionnels de la santé durement frappés
Que ce soit les médicaux ou paramédicaux, au centre, à la périphérie ou dans les centres de traitement de l’épidémie (Cte), beaucoup de professionnels de la santé ont contracté la maladie. Le covid-19 a durement frappé le monde des professionnels de la santé en première ligne face à la pandémie. En avril dernier, la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé dans notre pays déclarait que plus de 400 agents de santé étaient «affectés» en termes d’infection et de décès. Ce qui fait dire à M. Thiam que «Covid a mangé tous les hôpitaux».
Il poursuit son raisonnement pour dire que, «en dehors des décès et des agents hospitalisés, l’effectif est réduit et les travailleurs sont épuisés. Si le variant Delta continue de sévir, le système va se rompre pour créer une situation intenable. Ce sera un raz-de-marée de malades sans personnels soignants. On risque l’implosion», a-t-il alerté. Ce n’est donc plus un secret. Tout comme la population en général, le personnel de santé est fortement touché.
Mais notre consultant en santé, Dr El Hadj Ndiaye Diop, considère que ce sont les décès qui l’ont un peu surpris. «Depuis le début de la pandémie, on a eu des cas mais jamais autant de décès. Je me dis que s’il n’y avait pas la vaccination qu’est- ce que serait la situation ? Je n’ai jamais imaginé qu’on serait autant touché en tant que personnel de santé parce qu’aussi, comme souvent, les chiffres, les gens les sortent comme ça. Que le personnel est touché, on le savait depuis le début. Même avec la vaccination, je savais que le personnel serait touché, mais qu’il y aurait moins de décès. Malheureusement, il y a le fait que, même vaccinés, cela ne nous empêche pas d’être malades. Peut-être moins gravement. Mais l’autre aspect aussi à prendre en compte, c’est que les vaccins utilisés ici sont efficaces à 70 % à environ. Ce qui sous-entend qu’il y a 30 % de risques. C’est pourquoi il faut encourager les mesures barrières. C’est un sujet qui me surprend un peu. Je n’ai pas suivi l’évolution des cas au niveau des structures, je n’ai pas suivi les statistiques, mais si on compare les statistiques que vous donnez à la totalité du personnel médical, c’est énorme», s’inquiète notre consultant en santé.
Qui poursuit: «Plus de 400 personnes affectées (malades et décès) dans le rang des agents de santé, c’est énorme ! D’autant plus que nous ne faisons pas 10 % de la population. C’est difficile à cerner du point de vue individuel. Personne ne pensait qu’on était si menacé».
Crainte d’épuisement chez le personnel médical
Dr Diop pense que c’est le lieu de redoubler de vigilance et de continuer de surprotéger les personnes vulnérables surtout au niveau de la santé, de recourir à la recherche d’anticorps. Il explique qu’il s’agit là d’«une forme de surprotection qu’on doit faire au personnel de santé vu les dégâts». Développant sa pensée, il confie que le personnel médical a été au-devant de la lutte depuis le début de la pandémie.
Avec un personnel majoritairement jeune, la première et la deuxième vague n’ont pas autant éprouvé les agents de santé. Mais cette troisième vague, avec son variant Delta, a touché de plein fouet les acteurs de la santé. Pourtant la vaccination de ce personnel était un objectif prioritaire et les taux atteints étaient satisfaisants. On pouvait s’attendre désormais à moins d’impact sur le personnel. Seulement, il n’y a pas 100 % d’efficacité vaccinale.
Les vaccins que nous utilisons ont entre 60 et 70 % d’efficacité dans le meilleur des cas. Il reste environ 20 % d’infortunés qui sont vaccinés sans être protégés. C’est ce qu’on appelle l’échappement vaccinal. Il est impératif de proposer des solutions pour ne pas exposer cette catégorie. Les personnes vulnérables qui travaillent dans la santé ne doivent pas être surexposées (éviter les Cte, les urgences...).
En plus, elles doivent faire une sérologie post vaccinale pour vérifier leur taux d’anticorps et bénéficier d’une revaccination au besoin. Une vaccination efficace est la seule protection pour ces personnes vulnérables. Les mesures barrières sont indispensables pour éviter la propagation du virus mais elles ont des limites au sein des familles. La contamination est désormais familiale
En tous les cas, et vu l’effectif réduit, le psychiatre Dr Souleymane Loucar dit craindre un épuisement professionnel et des traumatisés qui pourraient développer des troubles de stress post traumatiques. Toutes ces choses font que le secrétaire général du Sutsas, Mballo Dia Thiam, propose un recrutement en nombre suffisant mais aussi, et surtout, la formation d’agents de santé.
Au-delà des malades et des morts, il considère que les soignants sont épuisés, en nombre réduit, et que la demande de soins est plus forte que l’offre. «On doit recruter. On a même posé la problématique de l’Endss (Ecole nationale de développement sanitaire et social) qui forme les infirmiers et sages-femmes d’Etat ainsi que les techniciens supérieurs de santé. Depuis deux ou trois ans, l’Endss ne forme pas. En parallèle, il y a les Cfrs (Centres de formation en santé) qui font un glissement en formant des sages-femmes. Or, ce n’est pas leur vocation. C’est la vocation de l’Endss», s’indigne le président de l’Alliance And Gueusseum.
Qui plaide pour la régularisation de la situation des techniciens supérieurs, l’ouverture des masters et des quotas pour l’Ecole nationale de développement sanitaire et sociale (Endss).
Le Témoin
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