Pour la énième fois, le Président Wade va tripatouiller la Constitution par une réforme consacrant le poste de vice-Premier ministre dans l’architecture gouvernementale. Samedi dernier, comme l’avait annoncé Le Quotidien paru ce weekend (confirmé par nos confrères de L’As), le Président Wade a informé ses ministres, en présence du chef du gouvernement Souleymane Ndéné Ndiaye, d’un projet de loi dans ce sens.
Selon un communiqué rendu public hier par le porte-parole du gouvernement, «le Conseil a examiné et adopté le projet de texte législatif portant révision des articles 42 et 53 en son alinéa 2 de la Constitution (…) La modification de l’alinéa 2 de l’article 53 donne désormais la possibilité au Premier ministre de se faire assister par un vice-Premier ministre». Seulement, indiquent certaines indiscrétions, c’est vers la fin du Conseil des ministres, «comme s’il mettait devant le fait accompli ou s’il évitait toute question», que le Président Wade a annoncé son projet de loi. Il n’a pas indiqué aux membres du gouvernement présents que ce poste a été taillé pour Mme Awa Guèye Kébé, l’ancienne ministre du Commerce, et ex-responsable des femmes de Rewmi de Idrissa Seck, avant que ce parti ne se soit dissout pour intégrer le Parti démocratique sénégalais (Pds). Pourtant, nos sources dont certaines ont participé au Conseil des ministres restent formelles pour dire que le poste de vice-Premier ministre a été bien promis par Wade, au cours d’une audience, à Mme Kébé. L’une d’elle n’a pas manqué de rappeler l’épisode du second tour de la Présidentielle de 2000, avec notamment les négociations entre Wade et Djibo Leyti Kâ, Secrétaire général de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd). Wade avait lui-même révélé que les négociations avec ce dernier pour le second tour de la Présidentielle de mars 2000 avait achoppé parce que le Secrétaire général de l’Urd voulait le poste de vice-Premier ministre. L’actuel locataire du Palais Léopold Sédar Senghor rapportait alors qu’il avait fait remarquer à M. Kâ, actuel ministre d’Etat, ministre de l’Environnement, que «le poste de vice-Premier ministre n’avait pas été prévu dans le dispositif institutionnel». Pourtant, aujourd’hui comme en 2000, aucun dispositif institutionnel n’est prévu pour ce poste. Comme quoi, «vérité au-delà ! des Pyrénées, erreur en deçà»
Pour contourner l’écueil institutionnel qui se dresse devant le poste de vice-Premier ministre, Wade entend transmettre rapidement le projet de réforme constitutionnelle à l’Assemblée nationale et au Sénat afin que ledit projet soit examiné en procédure d’urgence. L’orchestre médiatico-parlementaire, tout acquis à Wade, ne fera qu’entériner, comme de coutume, le desideratum présidentiel, en battant en chœur, mais pour la majorité sans que le cœur n’y soit, le nouvel opus de la parité, comme cela apparaît d’ail-leurs dans le communiqué du porte-parole du gouvernement. Des confidences prévoient des hoquets rageurs qui vont se manifester au niveau de certaines femmes libérales, estampillées légitimistes, si le poste de vice-Premier ministre venait à être confié à Mme Awa Guèye Kébé, qui «a voté contre le Président Wade à l’élection présidentielle de 2007».