On ne parle jamais d’eux dans le conflit casamançais et pourtant ils sont là, abandonnés à eux-mêmes mais s’acquittant quand même de leur devoir dans la vaste et dangereuse forêt de Ziguinchor. Eux, ce sont les enseignants servant dans les zones d’insécurité de cette partie du Sénégal meurtrie par des décennies de rébellion. En effet, nombreuses sont les écoles et notamment des lycées de proximité implantés dans des villages, en pleine forêt et sans couverture militaire. Ces villages sont pour la plupart enclavés, entourés d’une forêt luxuriante et les conditions de vie y sont souvent précaires. Chaque année, des professeurs y sont envoyés et ils sont nombreux à faire les frais de cette guerre. Certains d’entre eux deviennent invalides à cause des mines antipersonnelles, d’autres périssent et les plus chanceux sont régulièrement dépouillés de leurs biens. Ces agressions physiques ne sont rien comparées à la psychose, à la peur intempestive et même pérenne dans laquelle ils vivent. Il est fréquent de voir des cours arrêtés à cause d’une irruption annoncée d’individus armés. Parfois même, c’est le spectacle désolant de professeurs prenant leurs jambes à leur cou, au même titre que leurs élèves, pour sauver leur peau.
Dans cette zone, si le militaire à une arme pour se défendre, et une prime de risque journalière pour se soulager, les enseignants eux n’ont rien sinon, leur barre de craie. Des deux, qui prend le plus de risques ? Les avis sont partagés.
Dans cette zone, le militaire qui tombe au combat à droit à des obsèques dignes, des honneurs lui est rendu ; l’enseignant lui est vite enterré et oublié. Aucune reconnaissance, ni de la part des autorités locales encore moins des autorités centrales. Son nom atterrit tout bonnement dans les oubliettes. Et pourtant, craie à la main, il est lui aussi tombé sur le champ de bataille.
Triste sort.
Dans cette zone, si le militaire à une arme pour se défendre, et une prime de risque journalière pour se soulager, les enseignants eux n’ont rien sinon, leur barre de craie. Des deux, qui prend le plus de risques ? Les avis sont partagés.
Dans cette zone, le militaire qui tombe au combat à droit à des obsèques dignes, des honneurs lui est rendu ; l’enseignant lui est vite enterré et oublié. Aucune reconnaissance, ni de la part des autorités locales encore moins des autorités centrales. Son nom atterrit tout bonnement dans les oubliettes. Et pourtant, craie à la main, il est lui aussi tombé sur le champ de bataille.
Triste sort.