Crise économique : mendicité déguisée à la mode

La pauvreté mène à tout. Au Sénégal particulièrement dans la capitale, une bonne partie de la population est devenue mendiante. Tous les moyens sont apparemment bons pour se nourrir ou sortir de la dèche. Et la solution la plus facile semble être la mendicité. Soit, ils sont des handicapés fictifs ou évoquent une histoire somme toute vraisemblable.



La manche n'est plus pour les personnes handicapées ou démunies seulement
La mendicité est en train de prendre des proportions inquiétantes. La population de mendiants s’accroit à un rythme hallucinant. A côté des non voyants, des sourds-muets et des handicapés moteurs qui demandent l’aumône chaque jour, se développe une autre variété de mendiants. Des personnes se font passer pour des handicapés pour simplement pouvoir faire la manche.

Un cordonnier du nom de Thom qui s’installe à la Gueule Tapée confirme et témoigne. «Mais oui, cela se voit tous les jours. Des personnes bien portantes font comme s’ils sont en situation d’handicap pour tendre la main et vivre de l’aumône». Selon lui, «ces handicapés fictifs portent souvent des lunettes noires fumées ou, marchent à l’aide de béquilles ou bien alors se transforment en sourds-muets. Mais, dès qu’ils voient un danger ou quelque chose d’important qui les intéresse vraiment, ils deviennent, du coup, des athlètes qui n’ont rien à envier à Amy Mbacké Thiam (championne du monde 400m à Edmonton au Canada en 2001)». Thom le cordonnier de faire comprendre : «en tout cas moi, je ne leur donne rien. On ne peut tromper la personne qu’une seule fois, après elle devient méfiante».

Des handicapés plus rapides qu’un athlète

Ndéye Niang rencontrée à coté du stade Iba Mar Diop a presque abondé dans le même sens sauf qu’elle a été plus radicale, plus catégorique. Ndèye Niang a estimé que «ce sont les populations qui facilitent la tâche à ces prétendus handicapés. On peut facilement reconnaître les vrais handicapés des faux. Même s’ils arrivent à tromper la vigilance de certaines personnes, cela ne continuera pas. Ils ne peuvent pas berner tout le monde». Elle est, par ailleurs convaincue que «ces pseudo handicapés qui aiment la facilité vont payer parce qu’en prenant de la charité qui ne leur est vraiment pas destinée, cela va simplement les appauvrir davantage. Dieu sait bien faire la part des choses».

A côté de cette variété de mendiant, il y en a une autre. C’est la mendicité déguisée. Elle est peut-être pratiquée par des gens en situation difficile qui cherchent à satisfaire un besoin primaire immédiat.

C’est maintenant banal de rencontrer à l’arrêt de bus ou en plein centre ville des gens qui vous abordent sagement pour souffler à l’oreille : «j’étais venu venir mon oncle, je ne l’ai pas trouvé à la maison alors que je n’avais que le ticket du transport aller simple, ou encore j’ai perdu mon argent en cours de route, est ce que vous pouvez me dépanner ?»

L’honnêteté et la dignité : de vains mots

On a aussi l’impression que la cherté de la vie à Dakar et la conjoncture économique donnent plus d’inspiration aux Sénégalais. Des gens qui se croient vraiment rusés se promènent avec une ordonnance médicale périmée pour récolter avec quelques sous.

Fatou Guéye raconte la dispute qu’elle a eu avec sa belle mère qui chaque fois qu’elle a besoin d’argent sert à son mari une ordonnance qui date de mathusalem. «Elle est venue me déranger alors que je me reposais avec mon mari. C’était encore pour lui présenter une ordonnance vieille déjà d’une année. Tu imagines !». Babacar Touré, gérant d’une quincaillerie joue la carte de la compréhension. «Les raisons du comportement de ces handicapés fictifs ou de cette mendicité déguisée sont à chercher dans la pauvreté parce que les temps sont durs.

Ce comportement montre une fois de plus que l’homme est capable de s’abaisser jusqu’au plus bas niveau pour arriver à ses fins. En tout cas, la dignité et l’honnêteté sont deux des principales valeurs de l’homme», a-t-il avancé.

Awa Diedhiou

Jeudi 27 Novembre 2008 21:09


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