La reprise des hostilités dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a des conséquences dévastatrices sur les civils et risque d’entraîner une guerre régionale plus large, a averti cette semaine le porte-parole du Secrétaire général de l’ONU. « Depuis le début de l’année, le M23 a lancé des opérations offensives à grande échelle dans l’est de la RDC avec le soutien des Forces armées rwandaises », a rapporté Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, alors que les affrontements continuaient de s’intensifier.
Le 26 janvier, le M23 et la Force de défense rwandaise ont lancé une attaque contre la ville stratégique de Goma, a rapporté Vivian van de Perre, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général chargée de la protection et des opérations de la Mission de paix de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUSCO), lors d’un briefing du Conseil de sécurité mardi. « Ces attaques continuent de ravager la ville, tuant, blessant, traumatisant et déplaçant des civils et aggravant la crise », a-t-elle déclaré.
Les forces de la MONUSCO soutiennent les Forces armées de la RDC (FARDC) et les forces régionales associées depuis des jours, notamment avec un appui direct de l’artillerie de la MONUSCO. Cependant, face à une attaque déterminée menée par une force supérieure directement soutenue par l’armée rwandaise, la MONUSCO a été obligée de relocaliser le personnel non essentiel par voie aérienne et routière, et de nombreux Casques bleus restant à la Mission ont été contraints de s’abriter dans des bunkers alors que les combats faisaient rage autour d’eux. La protection du personnel et des biens de l’ONU est devenue la principale préoccupation, mais à court de fournitures, notamment de munitions et d’eau, les Casques bleus de la MONUSCO se sont retrouvés aux limites de ce qu’une mission de maintien de la paix peut faire en l’absence d’un processus politique.
Dans ce contexte instable et dangereux - trois Casques bleus de l’ONU ayant fait le sacrifice ultime pour la cause de la paix et au moins 20 autres ayant été blessés en quelques jours -, la Mission continue de protéger les civils, en accueillant un grand nombre de personnes dans ses installations et en travaillant avec des partenaires pour mettre en œuvre des mesures de protection pour les défenseurs des droits humains et les organisations de la société civile. Cependant, les bases de la MONUSCO ne peuvent pas accueillir le grand nombre de populations vulnérables qui ont besoin de sécurité. De plus, les bases elles-mêmes ne sont pas sûres. « Deux obus de mortier sont tombés dans les bases et les complexes de la MONUSCO au cours des trois derniers jours », a déclaré Mme van de Perre, « ainsi que d’innombrables balles ».
Au milieu de la crise qui s’aggrave, Mme van de Perre a appelé à la mise en place urgente de couloirs humanitaires et à la protection des civils, et a appelé toutes les parties à « cesser les hostilités et à s’engager dans un dialogue politique afin d’éviter de nouvelles souffrances civiles ». Le Secrétaire général a exhorté le Rwanda et la RDC à rester engagés dans le processus de paix de Luanda et à mettre fin au conflit. En fin de compte, la crise en RDC nécessite une solution politique inclusive, comme l’a déclaré le Conseil de sécurité qui a appelé le Rwanda et la RDC à « reprendre les pourparlers diplomatiques pour parvenir à une résolution durable et pacifique du conflit prolongé dans la région ».
Source : Nations Unies
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