Des milliers de personnes, femmes, enfants, vieillards, vivent depuis plusieurs jours maintenant sous des tentes ou à la belle étoile : ils ont quitté leur maison pour se mettre au plus près de la protection de l'armée française, aux abords de l'aéroport de Bangui. Manque d'eau, de latrines, de nourritures, les humanitaires sont unanimes sur le constat : la situation est critique. Mais face à l'urgence, MSF hausse le ton en déplorant le manque d'action des agences des Nations unies.
« Cela fait depuis jeudi [dernier] que nous avons demandé à l’ONU d’intervenir, explique Sylvain Groulx, chef de mission MSF à Bangui, notamment à l’aéroport et dans les différents camps de déplacés, mais alors que l’on demande à ce qu’il y ait des distributions de nourriture, on voit plutôt des gens qui viennent faire des évaluations. On nous avait dit qu’il y aurait des distributions aujourd’hui, "sans faute", et pourtant on n’a rien vu. »
« Négocier les espaces sécurisés »
Du côté des Nations unies, on s'inscrit en faux face à ces critiques : « on est là » rétorque Karina Imonen, la coordinatrice humanitaire de l’ONU : « Ce qu’on a fait hier et aujourd’hui, c’est négocier les espaces sécurisés pour que la distribution puisse se faire dans des conditions qui soient meilleures ». Quand ? « Peut-être que ça a déjà commencé. Les collègues du PAM [le Programme alimentaire mondial, ndlr] y sont maintenant. Dès que c’est envisageable, la distribution de nourriture va pouvoir commencer. »
Directement visé, le Programme alimentaire mondial répond par des chiffres, qui couvrent pourtant mal l'ampleur du défi à relever en urgence, à Bangui et dans tout le pays.
■ AUDIO
L’attaque des anti-balakas, les représailles des Seleka et les violences interreligieuses qui ont éclaté ces derniers jours ont donc créé une véritable crise humanitaire dans la capitale centrafricaine. Certaines agences de l’ONU parlent de plus de 100 000 déplacés rien qu'à Bangui. Les ONG internationales sont sur le terrain, mais il existe aussi des organisations centrafricaines qui essaient de soulager la souffrance des populations, comme Jupedec (Jeunesse unie pour la protection de l’environnement et le développement communautaire), qui compte une trentaine de permanents. Ci-dessous, reportage dans leur clinique mobile.
Source : Rfi.fr