Ousmane Diallo à la porte de sa boutique du quartier de la Médina. «J’ai confiance dans chacun des cinq favoris du scrutin».
Le cri rauque du bélier attaché sur le bord de la route vient rythmer, comme une pendule, la vie de la rue en ce milieu d’après-midi. Une dizaine de jeunes qui regardaient le football à la télévision, devant la boutique d’un recycleur d’électroménager, sont maintenant absorbés par un soap latino-américain. Un vieux grille une cigarette à l’ombre d’un arbre. Une jeune femme tressée balaie le trottoir. Heures tranquilles, au milieu du quartier de la Médina, à Dakar. Un quartier populaire qui compte une importante communauté guinéenne.
Ousmane Diallo fait partie de ces émigrés guinéens qui ont élu domicile au Sénégal sans couper les ponts avec leur pays d’origine. Il tient, dans la rue, une boutique de photographe-coiffeur. Selon le bon-vouloir du client, il peut développer les pellicules ou tondre les tignasses. Un jeune qui vient de sortir lui a demandé « une coupe comme Ronaldo ». Il a posé son rasoir électrique et commence à parler de politique.
Le 27 juin, Ousmane Diallo compte bien aller voter. Voter, mais pour qui ? Il ne fait pas mystère de son choix : Cellou Dalein Diallo. Le visage du candidat est collé sur la porte de sa boutique. Et on le retrouve, au dessus du comptoir « photo » sur un grand calendrier 2009-2010 qui le met en vis à vis du président américain, Barack Obama. Le jeune commerçant reste pourtant ouvert à d’autres résultats : « J’ai confiance dans chacun des cinq favoris du scrutin, dit-il. Si l’un d’eux est élu, il va travailler pour la Guinée. Quel que soit celui qui sera choisi, je le suivrai. »
Cela fait 8 ans qu’il vit au Sénégal, mais il se dit prêt à rentrer si le nouveau président remet le pays sur les rails. « Nous voulons le changement, explique Ousmane Diallo, qui s’est assis sur le canapé de sa boutique. Jusqu’ici nous avons eu des présidents qui n’ont pas bien géré le pays. Je veux un président qui connaisse bien la Guinée, qui puisse la gérer, qui puisse gérer ses richesses. »
Désir de changement
« Le changement » : une aspiration partagée par de nombreux Guinéens de Dakar. Kaba Diawara milite au sein du PEDN, le Parti de l’espoir pour le développement national de Lansana Kouyaté. Le soir, il vient parler politique avec d’autres Guinéens du quartier de HLM Grand-Yoff devant une boutique du quartier. Discussions qui –dit-il- ont lieu dans le respect mutuel : « Eux, ils sont de l’UFDG, moi je suis du PEDN, d’autres sont du RPG, ainsi de suite… Le débat est houleux, mais finalement on s’entend sur un point : le changement. Il faut un changement total en Guinée. »
Certains n’hésitent pas à dire qu’un tel changement pourrait les amener à rentrer au pays. Assis sur un banc, Alpha Ousmane Barry explique qu’il est venu à 20 ans au Sénégal et qu’il a fait toute sa carrière à Dakar. Est-il toujours Guinéen ? « 100% Guinéen ! » lance avec force le retraité en boubou blanc. Qui se dit prêt à revenir en Guinée si celle-ci se remet en marche : « Je n’attends que le redémarrage du pays pour rentrer. Je veux un président compétent, quel que soit son ethnie ! Je m’en fous de l’ethnie! ».
Plus de 22 000 électeurs
Ils seront plus de 22 000 à pouvoir voter au Sénégal le 27 juin prochain. Les cartes d’électeurs sont distribuées depuis ce vendredi 18 juin au stade Iba Mar Diop, dans une relative désorganisation. Le premier jour, plusieurs Guinéens se plaignaient des temps d’attente pour disposer du sésame.
22 000, c’est nettement moins que les différents chiffres, plus fous les uns que les autres, qui servent habituellement à estimer la taille de la communauté guinéenne au Sénégal. Au siège de campagne du RPG, le Rassemblement du peuple de Guinée d’Alpha Condé, on analyse la chose en gardant la tête froide : 25 000 noms avaient initialement été enregistrés par l’ambassade. Dans des circonstances qui ne permettaient pas de faire beaucoup mieux.
« Il y a eu deux phases de recensement ici, explique l’un des responsables du RPG sénégalais, Ibrahima Fané Camara. La première phase a eu lieu alors que Dadis était encore au pouvoir. Il y avait encore des incertitudes sur sa candidature ou non. Cela a expliqué le faible taux de participation à ce recensement : environ 7 000 personnes. »
« Lors de la seconde phase, poursuit Ibrahima Fané Camara, les choses se sont éclaircies avec le président intérimaire [NdlR : Sékouba Konaté]. Plus personne ne doutait de sa volonté d’organiser des élections crédibles… Les gens se sont inscrits de manière plus massive. C’est ce qui a expliqué le nombre de 18 000 personnes pour ce second recensement. Mais les moyens mis en œuvre et la durée limitée ne permettaient pas de recenser plus fortement les Guinéens de Dakar. »
Campagne Sénégalaise
Les Guinéens du Sénégal se passionnent pour cette élection. Et les partis politiques font tout leur possible pour gagner leurs suffrages. Les portraits des candidats ont envahi les rues de Dakar. Le RPG fait circuler dans la capitale une caravane sonorisée.
L’UFDG, l’Union des forces démocratiques de Guinée de Cellou Dalein Diallo, raconte qu’elle a organisé quelques meetings politiques. A la satisfaction de son directeur de campagne, Cellou Sombilily Diallo : « Le gouvernement [sénégalais] nous a permis de faire une campagne excellente comme si nous étions en Guinée. On nous a alloué des stades, des terrains où nous avons pu nous rassembler avec nos populations ».
Le PEDN de Lansana Kouyaté a, de son côté, surtout misé sur une campagne de proximité : « Nous nous avons opté pour des visites aux potentiels électeurs, explique Mbemba Ben Kamara, trésorier du bureau fédéral,… discuter avec eux, mettre en valeur le programme du parti... autour d’une tasse de thé par exemple ».
Joint en plein meeting, le secrétaire fédéral de l’UFR de Sidya Touré, Mamadou Aliou Bah se félicite de la façon dont cette campagne se déroule au Sénégal : « C’est la première fois depuis l’indépendance qu’on aura une élection libre et transparente et tout se passe dans la fraternité ».
Ousmane Diallo fait partie de ces émigrés guinéens qui ont élu domicile au Sénégal sans couper les ponts avec leur pays d’origine. Il tient, dans la rue, une boutique de photographe-coiffeur. Selon le bon-vouloir du client, il peut développer les pellicules ou tondre les tignasses. Un jeune qui vient de sortir lui a demandé « une coupe comme Ronaldo ». Il a posé son rasoir électrique et commence à parler de politique.
Le 27 juin, Ousmane Diallo compte bien aller voter. Voter, mais pour qui ? Il ne fait pas mystère de son choix : Cellou Dalein Diallo. Le visage du candidat est collé sur la porte de sa boutique. Et on le retrouve, au dessus du comptoir « photo » sur un grand calendrier 2009-2010 qui le met en vis à vis du président américain, Barack Obama. Le jeune commerçant reste pourtant ouvert à d’autres résultats : « J’ai confiance dans chacun des cinq favoris du scrutin, dit-il. Si l’un d’eux est élu, il va travailler pour la Guinée. Quel que soit celui qui sera choisi, je le suivrai. »
Cela fait 8 ans qu’il vit au Sénégal, mais il se dit prêt à rentrer si le nouveau président remet le pays sur les rails. « Nous voulons le changement, explique Ousmane Diallo, qui s’est assis sur le canapé de sa boutique. Jusqu’ici nous avons eu des présidents qui n’ont pas bien géré le pays. Je veux un président qui connaisse bien la Guinée, qui puisse la gérer, qui puisse gérer ses richesses. »
Désir de changement
« Le changement » : une aspiration partagée par de nombreux Guinéens de Dakar. Kaba Diawara milite au sein du PEDN, le Parti de l’espoir pour le développement national de Lansana Kouyaté. Le soir, il vient parler politique avec d’autres Guinéens du quartier de HLM Grand-Yoff devant une boutique du quartier. Discussions qui –dit-il- ont lieu dans le respect mutuel : « Eux, ils sont de l’UFDG, moi je suis du PEDN, d’autres sont du RPG, ainsi de suite… Le débat est houleux, mais finalement on s’entend sur un point : le changement. Il faut un changement total en Guinée. »
Certains n’hésitent pas à dire qu’un tel changement pourrait les amener à rentrer au pays. Assis sur un banc, Alpha Ousmane Barry explique qu’il est venu à 20 ans au Sénégal et qu’il a fait toute sa carrière à Dakar. Est-il toujours Guinéen ? « 100% Guinéen ! » lance avec force le retraité en boubou blanc. Qui se dit prêt à revenir en Guinée si celle-ci se remet en marche : « Je n’attends que le redémarrage du pays pour rentrer. Je veux un président compétent, quel que soit son ethnie ! Je m’en fous de l’ethnie! ».
Plus de 22 000 électeurs
Ils seront plus de 22 000 à pouvoir voter au Sénégal le 27 juin prochain. Les cartes d’électeurs sont distribuées depuis ce vendredi 18 juin au stade Iba Mar Diop, dans une relative désorganisation. Le premier jour, plusieurs Guinéens se plaignaient des temps d’attente pour disposer du sésame.
22 000, c’est nettement moins que les différents chiffres, plus fous les uns que les autres, qui servent habituellement à estimer la taille de la communauté guinéenne au Sénégal. Au siège de campagne du RPG, le Rassemblement du peuple de Guinée d’Alpha Condé, on analyse la chose en gardant la tête froide : 25 000 noms avaient initialement été enregistrés par l’ambassade. Dans des circonstances qui ne permettaient pas de faire beaucoup mieux.
« Il y a eu deux phases de recensement ici, explique l’un des responsables du RPG sénégalais, Ibrahima Fané Camara. La première phase a eu lieu alors que Dadis était encore au pouvoir. Il y avait encore des incertitudes sur sa candidature ou non. Cela a expliqué le faible taux de participation à ce recensement : environ 7 000 personnes. »
« Lors de la seconde phase, poursuit Ibrahima Fané Camara, les choses se sont éclaircies avec le président intérimaire [NdlR : Sékouba Konaté]. Plus personne ne doutait de sa volonté d’organiser des élections crédibles… Les gens se sont inscrits de manière plus massive. C’est ce qui a expliqué le nombre de 18 000 personnes pour ce second recensement. Mais les moyens mis en œuvre et la durée limitée ne permettaient pas de recenser plus fortement les Guinéens de Dakar. »
Campagne Sénégalaise
Les Guinéens du Sénégal se passionnent pour cette élection. Et les partis politiques font tout leur possible pour gagner leurs suffrages. Les portraits des candidats ont envahi les rues de Dakar. Le RPG fait circuler dans la capitale une caravane sonorisée.
L’UFDG, l’Union des forces démocratiques de Guinée de Cellou Dalein Diallo, raconte qu’elle a organisé quelques meetings politiques. A la satisfaction de son directeur de campagne, Cellou Sombilily Diallo : « Le gouvernement [sénégalais] nous a permis de faire une campagne excellente comme si nous étions en Guinée. On nous a alloué des stades, des terrains où nous avons pu nous rassembler avec nos populations ».
Le PEDN de Lansana Kouyaté a, de son côté, surtout misé sur une campagne de proximité : « Nous nous avons opté pour des visites aux potentiels électeurs, explique Mbemba Ben Kamara, trésorier du bureau fédéral,… discuter avec eux, mettre en valeur le programme du parti... autour d’une tasse de thé par exemple ».
Joint en plein meeting, le secrétaire fédéral de l’UFR de Sidya Touré, Mamadou Aliou Bah se félicite de la façon dont cette campagne se déroule au Sénégal : « C’est la première fois depuis l’indépendance qu’on aura une élection libre et transparente et tout se passe dans la fraternité ».