De l'Algérie au Soudan, un vendredi de colère contre Charlie Hebdo

Deux jours après la sortie du dernier numéro de Charlie Hebdo, d’importantes manifestations ont été organisées ce vendredi en Afrique pour protester contre la Une de l’hebdomadaire qui représente une caricature du prophète Mahomet. Si ces rassemblements sont restés pacifiques au Mali et au Soudan, ils ont été le théâtre de violence au Niger, où le Centre culturel français de Zinder, dans le sud, a été incendié.



Entre 2000 et 3000 personnes ont manifesté vendredi 16 janvier à Alger contre l'hebdomadaire «Charlie Hebdo». AFP PHOTO

Le Centre culturel français de la ville de Zinder, dans le sud du Niger, a été incendié ce vendredi 16 janvier après-midi, en marge d'une manifestation de protestation contre la publication du dernier numéro de Charlie Hebdo. Quatre personnes, dont un gendarme, ont été tuées et 45 blessées, parmi lesquelles 22 membres des forces de sécurité. Lire notre article.

■ Mali : forte mobilisation à Bamako

Cinq mille manifestants, selon la police, ont répondu à l’appel du Haut Conseil islamique du Mali. Une mobilisation massive, à la mesure de l’incompréhension, du mécontentement suscités au Mali par cette nouvelle caricature du prophète publiée dans Charlie Hebdo. Une « provocation », un « manque de respect », une « insulte », disent les manifestants qui sont descendus dans la rue pour défendre l’image de leur prophète qu’ils estiment profané.

Aucune violence n’a été signalée. Mais la contestation est vive. Il y a de la colère, beaucoup de colère. Les responsables qui se sont succédé au micro ont rappelé qu’ils condamnaient la tuerie de Charlie Hebdo. Les pancartes les plus tendancieuses – et il y en avait – ont été écartées, dans la mesure du possible. Le message de la mobilisation était de concilier liberté d’expression et respect de la religion. « Vous pouvez nous caricaturer, a déclaré l’un de ces responsables. Vous pouvez caricaturer les musulmans, mais pas l’image de notre prophète. »

■ Soudan : une manifestation relativement calme à Khartoum

La prière collective du vendredi terminée, un millier de personnes ont aussitôt entamé une marche en scandant des slogans dénonçant la Une du dernier Charlie Hebdo et d'autres slogans hostiles à la France. En majorité jeunes, les manifestants ont lancé différents mots d'ordre à la gloire du prophète et de l'islam. Ils ont appelé à marcher sur l'ambassade de France, mais au bout de quelques centaines de mètres les forces de police soudanaises les ont bloqué les manifestants et procédé à leur dispersion dans un calme relatif.

« Cette manifestation a été organisée pour protester contre la caricature insultante pour le prophète, publiée en France, explique Souleiman Youssef Souleiman, professeur à l'université islamique de Khartoum. Il y a des gens qui font une mauvaise interprétation de l'islam et qui sont des extrémistes. Nous, on n'a jamais porté atteinte aux autres prophètes. Pourquoi, la France porte atteinte à notre prophète, pourquoi ? »

L'imam de la grande mosquée de Khartoum a consacré son prêche à la caricature de Charlie Hebdo, qualifiée d'insultante envers le prophète de l'islam et considérée comme une provocation pour les musulmans. En représailles, il conseille au gouvernement soudanais de fermer l'ambassade de France et d'expulser son ambassadeur.

■ Mauritanie : le président se mêle à la foule des manifestants

A Nouakchott, un drapeau français a été brûlé. Et le chef de l'Etat Mohamed Ould Abdel Aziz a rejoint la foule, s'adressant aux milliers de manifestants pour condamner à la fois le « terrorisme » et les « viles caricatures ».


Rfi.fr

Samedi 17 Janvier 2015 10:04


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