De l’espoir dans le traitement de l’ulcère de Buruli

Les résultats d'une étude menée par une équipe de scientifiques français et béninois suscitent de l’espoir dans le traitement de l’ulcère de Buruli, une maladie tropicale émergente présente dans plusieurs pays d’Afrique comme la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Ghana ou le Cameroun. Ces chercheurs ont en effet testé avec succès un traitement par voie orale, beaucoup plus simple et accessible que celui disponible actuellement.



L’ulcère de Buruli est une maladie négligée. On dispose de bien peu d’outils pour la combattre. On ne connaît précisément ni le nombre de personnes infectées, ni l’étendue des zones touchées ; les moyens diagnostiques disponibles sur place sont rudimentaires, le traitement est inadapté et les fonds dédiés à la recherche sont dérisoires. C’est dire l’importance de l’étude menée par une équipe de chercheurs français et béninois, financée par la Fondation Raoul Follereau.

Objectif de leurs travaux : trouver une alternative au traitement actuel (combinaison de deux antibiotiques : rifampicine et streptomycine), qui se fait par injection. En effet, ce mode d’administration le rend difficile d’accès pour les personnes se trouvant en zone rurale, les plus touchées par la maladie.

Les scientifiques ont donc testé une nouvelle association d’antibiotiques (rifampicine et clarithromycine) se prenant par voie orale. Trente patients ont été traités pendant huit semaines au Centre de traitement Raoul Follereau de Pobè, au Bénin. Ils étaient à des stades différents de la maladie, et tous ont été guéris : les blessures se sont refermées, avec l’aide de la chirurgie pour certains patients sévèrement atteints. Aucun cas de rechute n’a été observé un an après la fin du traitement.

« Une très grande avancée pour la prise en charge des malades »

Pour Laurent Marsollier, chercheur à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), cette nouvelle antibiothérapie orale offre de nombreux avantages : « On n’utilise plus d’aiguilles ni de seringues, donc non seulement cela diminue le coût du traitement, mais cela limite aussi les risques liés à l’injection. Autre nouveauté de cette antibiothérapie : elle peut être donnée aux femmes enceintes et aux enfants. L’ancienne combinaison d’antibiotiques n’était pas recommandée chez ces deux catégories de population. Or, les enfants de moins de quinze ans représentent 60% des cas diagnostiqués. Donc c’est une très grande avancée pour la prise en charge des malades ». Le nouveau traitement a également moins d’effets secondaires.

Ces résultats devront être confirmés dans le cadre d’une étude plus large. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé va prochainement mener des essais auprès de trois cents patients au Ghana et au Bénin. Si l’étude est concluante, le traitement devrait être disponible d’ici deux à trois ans.

Descriptif et données sur l’ulcère de Buruli

L’ulcère de Buruli est une maladie infectieuse de la peau. La bactérie en cause appartient à la même famille que celle responsable de la tuberculose et de la lèpre. Elle entraîne une destruction de la peau et des tissus mous, en général sur le bras ou la jambe, et peut même atteindre les os. Lorsque les personnes ne sont pas traitées rapidement, elle provoque des déformations ou des invalidités, sans parler des dommages esthétiques. Jusqu’en 2004, le traitement était uniquement chirurgical. Depuis 2005, il existe un traitement médicamenteux, administré par injection.

L’ulcère de Buruli sévit dans les régions humides des pays tropicaux ; la bactérie serait transmise via de l’eau contaminée ou par certains insectes aquatiques.
On a identifié des cas dans plus de trente pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et du Pacifique. L’Afrique de l’Ouest est la région la plus touchée. En Côte d’Ivoire, par exemple, on dénombre au moins 2 000 nouveaux cas par an, 500 au Bénin. Il s’agit le plus souvent de foyers très restreints ; dans un village, un nombre important de personnes peuvent être infectées.

Pour sortir cette maladie de l’oubli et coordonner les activités de lutte et de recherche, l’Organisation mondiale de la santé a mis en place en 1998 une Initiative mondiale contre l’ulcère de Buruli.

Rfi

Samedi 11 Décembre 2010 10:01


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