Le juge Cheikh Tidiane Lam et Maître Ayé Boun Malick Diop ont débriefé sur le plateau du Midi Keng de PressAfrik les conclusions partielles des Assises de la justice.
Cheikh Tidiane Lam s’exprimait largement sur ce que d’aucuns taxent de la « politisation de la justice». Selon lui, les Assises sont similaires à «une concertation où on en a parlé de tous ».Mais dit-il les « gens doivent comprendre que ce sont des Assises ». Et les « Assises c’est comme une grande concertation, un avis, un regard, discuter des choses qui sont considérées comme des manquements, voir ce qui est bon afin de donner à celui que le peuple a élu, pour qu’il puisse prendre des mesures».
Revenant sur ce que beaucoup disent « politisation de la justice», estimant« que ceux qui ont cette impression c’est parce que seuls les dossiers des hommes politiques sont médiatisés ». Cela puisque des « positions très médiatisées et clivages sont entretenus et que chacun en parle avec passion ». Quoi qu’il en soit poursuit-il « certains vont penser que les dossiers sont politisés. La manière dont est fait cette justice, politisée ou pas, c’est elle qui rend toujours le droit ». Pourtant soutient-il « elle a rendu des décisions qui n’attirent pas l’attention ».
Le juge explique aussi que « les problèmes qui tournent autour de la justice, notamment les mandats de dépôt ont été abordés notamment, la restriction des libertés » auxquelles des « solutions ont été proposées ». Ces Assises ont servi aussi de s’interroger sur les pouvoirs du procureur par rapport à l’exécutif. Ainsi des « solutions consensuelles ont été faites aux autorités notamment un juge des libertés et de la détention ». Ces propositions seront une garantie « pour diminuer les pouvoirs du procureur sur les mandats de dépôt » révèle Cheikh Tidiane Lam. « Tout le monde était d’accord qu’il faut réduire les pouvoir du procureur. Donc c’est dire que nous, nous avons parlé des problèmes qui donnent l’impression aux gens que la justice est politisée.
De son avis « il y a des choses que les gens ne peuvent pas comprendre par ce qu’ils font partie du code datant de la colonisation et qui restreignent les libertés et qui ont continué jusqu‘à présent dans le code pénal et qui ne doit plus exister. Certains délits de nature politique ne donnent même pas la possibilité au procureur d’apprécier » des propositions discutées par la commission qui est en charge c’est-à-dire « toutes les dispositions qui touchent à la liberté à défaut de les supprimer » comme « le retour de parquet ou qu’on l’encadre très bien ».
Qu’est ce qui donne l’impression à certains que nos codes ne sont pas en phase avec notre société ?
On a l’impression que certains de nos codes ne sont pas conformes à nos réalités ?
Cheikh Tidiane répond cela est remarqué « à plusieurs niveaux. C’est pourquoi, nous avons demandé aux deux sous- commissions de voir sur les imaginaires, c’est-à-dire comment nous voyons le jugement » nous poussant « à parler de la décolonisation de notre justice, en enlevant tout ce qui n’est pas conforme à notre réalité, us et coutumes et qu’on en débatte ».
Son Co- débatteur maître Aye Boun Malick Diop, lui est revenu sur « les problèmes des travailleurs de la justice ». En ce qui concerne « surtout leur statut »qui a été débattu et qui « je pense que lorsque le Président recevra le rapport, il fera quelques choses », a-t-il dit.
« Au début ce n’était pas dans les termes de références et nous étions un peu perplexes mais quand on en a signalé, tout est rentré dans l’ordre puisque lorsque ces travailleurs sont en mouvement d’humeur les justiciables sont les plus affectés.
C’était l’occasion pour le juge Lam de faire un état des emprisonnements. Il propose des peines alternatives en touchant plus à la poche que de les mettre en prison ». Ce qu’il considère comme dangereux dans notre société « ce sont les trafiquants internationaux de drogues qui font entrer des tonnes de cocaïnes » qui méritent plus la prison, que « ces femmes accusées d’infanticides ou des problèmes de tontine» sont des « victimes ». Mais sur « 14000 et quelques détenus les femmes représentent 3% de la population carcérale ». Ce qui signifie « qu’elles ne sont pas dangereuses ».