Décès de Lansana Conté suivi de coup d'état: réactions mitigées des guinéens de Dakar

13 heures dans les rues de la Médina. Sur l’avenue Cheikh Anta Diop de petits groupes de commerçants se forment. Ils sont, pour la plupart, de nationalité guinéenne. Alpha Thierno Barry, vendeur à la sauvette, se réjouit de la disparition de celui qu’il assimile à un dictateur. Dans un français châtié, il indique : "Je remercie Dieu d’avoir libéré la Guinée du joug de ce dictateur. Cela fait cinq ans que je me débrouille à Dakar pour faire vivre ma famille. Si Conté était bon, on n’aurait pas eu besoin de venir ici travailler". Interpellé sur le coup d’Etat ayant suivi la mort de l’ancien président, le vendeur à la sauvette déplore cette situation tout en priant pour qu’il n’y ait pas d’échauffourées.

M. L Traoré, étudiant en journalisme au Cesti est du même avis que son compatriote. Joint par pressafrik, il fustige le coup d’Etat tout en regrettant le fait qu’il risque de prolonger l’exil des centaines d’intellectuels guinéens qui ont fuient le pays durant le règne de Sékou Touré. Traoré fait part de sa désillusion en ces termes : "Autant la mort de Conté m’avait redonné l’espoir de voir les fils de la Guinée comme l’écrivain Thierno Monenembo rentrer au bercail et participer à la construction nationale, autant le coup d’Etat du Capitaine Moussa Dadis Camara anéanti tous ces espoirs. Il faut que la Guinée retrouve les pays démocratiques d’Afrique".

Au moment où commerçants et étudiants livrent leurs impressions sur cette nouvelle situation, l’auteur du roman épique " Soundjata ou l’épopée Mandingue" , Djibril Tamsir Niana confie à Walf Tv : "je m’élève contre le coup d’Etat annoncé par le capitaine Moussa Dadis Camara (…). La CEDEAO et l’Union Africaine doivent monter au créneau pour dénoncer cela. L’heure n’est plus aux coups d’Etat militaires en Afrique Je veux croire que l’armée guinéenne va jouer le jeu de la démocratie".