Le vendredi 27 décembre 2024, le Premier ministre, a fait sa Déclaration de Politique Générale (DPG) devant l’Assemblée Nationale pour décliner les orientations, indications et priorités des actions appelées à être mises en œuvre pour le développement socio-économique du pays entre 2025 et 2029.
La DPG a évoqué plusieurs domaines importants de la vie socio-économique.
Concernant la Santé, hissée au rang de droit fondamental par notre Constitution, considérée par ailleurs comme une condition essentielle de la croissance nécessaire au développement et un facteur d’équilibre social, la DPG, bien qu’abordant des aspects importants du secteur, a occulté un pan stratégique pour faire face aux inégalités du système de santé, à la prévention et promotion, mais surtout améliorer la gouvernance, la qualité et la disponibilité de l’offre de services sans discrimination et à des coûts accessibles : la Santé Communautaire.
La santé communautaire est, par essence, une dimension essentielle de la santé publique. Elle consiste en une responsabilisation judicieuse des communautés, en tant qu’actrices bénéficiaires, dans un esprit d’indépendance et d’autodétermination, pour satisfaire leurs propres besoins de santé.
Dans le contexte sénégalais, la santé communautaire est une approche de résolution des problèmes de santé, fondée sur l’engagement des communautés. Elle intègre des services de santé préventifs, promotionnels, curatifs et ré-adaptifs destinés aux communautés et délivrés par les communautés elles-mêmes sous la supervision du personnel de santé publique. Elle vise à étendre les prestations sanitaires à la périphérie géographique et sociale du pays, structure et renforce la gouvernance sanitaire et le partenariat entre les communautés et les structures de santé.
La Conférence internationale sur les Soins de Santé primaires et les Systèmes de Santé en Afrique, tenue à Ouagadougou (Burkina Faso) en avril 2008, avait réaffirmé les principes de la Déclaration d’Alma-Ata de septembre 1978, en particulier pour ce qui est de la santé en tant que droit humain fondamental et de la responsabilité incombant aux gouvernements de veiller à la santé de leurs populations, confirmé après par celle d’Astana (Kazakhstan) d’octobre 2018.
La Conférence avait souligné la nécessité de s’attaquer aux déterminants sociaux en Afrique, en particulier dans les milieux pauvres en ressources où les inégalités en matière de santé et les problèmes d’accès aux soins de santé sont plus graves en vue de maintenir un équilibre approprié entre soins promotionnels, préventifs, curatifs et réadaptatifs . C’est pourquoi, la santé communautaire, devra s’appliquer selon ces dispositions, sur les principes fondamentaux des soins de santé primaires. La santé communautaire fait partie intégrante de la santé publique et constitue en son sein, une stratégie des démarches de la promotion de la santé.
Le discours du Premier ministre, dans son volet « Santé », expose les ambitions et les priorités des nouvelles autorités, mettant en lumière le besoin de continuité et de changement. À l’analyse, les constats suivants sont relevés :
- Une forte tendance à une médicalisation du secteur. Or, la santé ne se limite pas uniquement à une prise en charge de la maladie.
- Une politique de santé administrée de façon verticale, occultant les domaines de la prévention et de la promotion.
- Une absence de définition claire d’actions pour agir sur les déterminants sociaux, économiques et environnementaux comme moyens de réduction des inégalités en santé.
- La non définition de la place du niveau communautaire, alors qu’elle favorise la prise de conscience des besoins territoriaux.
- Le glissement sémantique noté entre « pharmacopée et médecine traditionnelles » à la place de « médecine et pharmacopée traditionnelles ». Ce glissement est important à relever, car elle affiche une volonté de vouloir confiner la médecine et pharmacopée traditionnelles dans des sphères académiques. Même s’il faut reconnaitre la phytothérapie comme un aspect positif de la médecine traditionnelle, force est d’admettre qu’elle n’est pas cette dernière. L’enjeu ici, ce n’est pas de régulariser mais de mettre en place un cadre juridique et législatif pour réglementer le sous-secteur, à l’instar de la majorité des pays africains.
- La non systématisation de la multisectorialité, conformément aux soins de santé primaire qui sont le fondement de la politique de santé.
Le Sénégal ayant opté pour une politique de santé de masse, l’approche dans la résolution des problèmes du secteur, devra se situer dans une dynamique communautaire avec comme viatique la promotion de la santé, en préconisant une approche globale en lieu et place de la lutte contre la maladie. Enfin, il a été démontré que les infrastructures, même avec un fonctionnement optimal, n’impactent pas la santé à plus de 20%.
M. Alioune AW
Ancien Coordinateur de la Cellule de Médecine Traditionnelle.
Email : badou60@gmail.com
La DPG a évoqué plusieurs domaines importants de la vie socio-économique.
Concernant la Santé, hissée au rang de droit fondamental par notre Constitution, considérée par ailleurs comme une condition essentielle de la croissance nécessaire au développement et un facteur d’équilibre social, la DPG, bien qu’abordant des aspects importants du secteur, a occulté un pan stratégique pour faire face aux inégalités du système de santé, à la prévention et promotion, mais surtout améliorer la gouvernance, la qualité et la disponibilité de l’offre de services sans discrimination et à des coûts accessibles : la Santé Communautaire.
La santé communautaire est, par essence, une dimension essentielle de la santé publique. Elle consiste en une responsabilisation judicieuse des communautés, en tant qu’actrices bénéficiaires, dans un esprit d’indépendance et d’autodétermination, pour satisfaire leurs propres besoins de santé.
Dans le contexte sénégalais, la santé communautaire est une approche de résolution des problèmes de santé, fondée sur l’engagement des communautés. Elle intègre des services de santé préventifs, promotionnels, curatifs et ré-adaptifs destinés aux communautés et délivrés par les communautés elles-mêmes sous la supervision du personnel de santé publique. Elle vise à étendre les prestations sanitaires à la périphérie géographique et sociale du pays, structure et renforce la gouvernance sanitaire et le partenariat entre les communautés et les structures de santé.
La Conférence internationale sur les Soins de Santé primaires et les Systèmes de Santé en Afrique, tenue à Ouagadougou (Burkina Faso) en avril 2008, avait réaffirmé les principes de la Déclaration d’Alma-Ata de septembre 1978, en particulier pour ce qui est de la santé en tant que droit humain fondamental et de la responsabilité incombant aux gouvernements de veiller à la santé de leurs populations, confirmé après par celle d’Astana (Kazakhstan) d’octobre 2018.
La Conférence avait souligné la nécessité de s’attaquer aux déterminants sociaux en Afrique, en particulier dans les milieux pauvres en ressources où les inégalités en matière de santé et les problèmes d’accès aux soins de santé sont plus graves en vue de maintenir un équilibre approprié entre soins promotionnels, préventifs, curatifs et réadaptatifs . C’est pourquoi, la santé communautaire, devra s’appliquer selon ces dispositions, sur les principes fondamentaux des soins de santé primaires. La santé communautaire fait partie intégrante de la santé publique et constitue en son sein, une stratégie des démarches de la promotion de la santé.
Le discours du Premier ministre, dans son volet « Santé », expose les ambitions et les priorités des nouvelles autorités, mettant en lumière le besoin de continuité et de changement. À l’analyse, les constats suivants sont relevés :
- Une forte tendance à une médicalisation du secteur. Or, la santé ne se limite pas uniquement à une prise en charge de la maladie.
- Une politique de santé administrée de façon verticale, occultant les domaines de la prévention et de la promotion.
- Une absence de définition claire d’actions pour agir sur les déterminants sociaux, économiques et environnementaux comme moyens de réduction des inégalités en santé.
- La non définition de la place du niveau communautaire, alors qu’elle favorise la prise de conscience des besoins territoriaux.
- Le glissement sémantique noté entre « pharmacopée et médecine traditionnelles » à la place de « médecine et pharmacopée traditionnelles ». Ce glissement est important à relever, car elle affiche une volonté de vouloir confiner la médecine et pharmacopée traditionnelles dans des sphères académiques. Même s’il faut reconnaitre la phytothérapie comme un aspect positif de la médecine traditionnelle, force est d’admettre qu’elle n’est pas cette dernière. L’enjeu ici, ce n’est pas de régulariser mais de mettre en place un cadre juridique et législatif pour réglementer le sous-secteur, à l’instar de la majorité des pays africains.
- La non systématisation de la multisectorialité, conformément aux soins de santé primaire qui sont le fondement de la politique de santé.
Le Sénégal ayant opté pour une politique de santé de masse, l’approche dans la résolution des problèmes du secteur, devra se situer dans une dynamique communautaire avec comme viatique la promotion de la santé, en préconisant une approche globale en lieu et place de la lutte contre la maladie. Enfin, il a été démontré que les infrastructures, même avec un fonctionnement optimal, n’impactent pas la santé à plus de 20%.
M. Alioune AW
Ancien Coordinateur de la Cellule de Médecine Traditionnelle.
Email : badou60@gmail.com
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