Délestages et inondations: Wade sommé de rentrer par les sénégalais de Paris

Des Sénégalais de Paris ont bruyamment manifesté devant la résidence de l’ambassadeur du Sénégal à Paris pour réclamer le retour du chef de l’Etat au pays. Ces derniers, qui ont été dispersés par les Crs, ne comprennent pas que Abdoulaye Wade poursuive ses vacances aux frais du contribuable alors que les populations traversent des moments pénibles avec les délestages intempestifs, les inondations, entre autres.



Comme prévu, des émigrés sénégalais encartés dans des partis de l’opposition et de simples anonymes ont battu le macadam hier en fin d’après-midi devant la résidence de l’ambassade du Sénégal à Paris. Regroupés au sein du Collectif des patriotes Sénégalais de France, ils étaient venus «sommer» le Prési­dent Abdoulaye Wade d’interrompre ses vacances pour rentrer au pays s’occuper du quotidien des Séné­ga­lais. Certes, ils n’étaient pas très nom­breux -une trentaine-, mais ils ont réussi leur objectif : se faire en­tendre. En effet, à la surprise générale, les manifestants ont campé juste devant la résidence, pour distribuer des tracts et lancer des slogans hostiles au régime en place. Il n’y avait pas l’ombre d’un militant libéral pour «défendre le Président». Ce qui est très surprenant si l’on sait que d’habitude, ils s’organisent en petits groupes pour boucler le quartier et «éloigner» les opposants le plus loin possible de la résidence.

N’étaient-ils pas au courant de l’«action» de l’opposition ? Pas sûr, d’autant que la manif avait été annoncée dans la presse depuis plusieurs jours. A l’arrivée des manifestants, il n’y avait pas non plus de Crs (éléments de la Compagnie républicaine de sécurité) pour leur barrer la route puisque la manifestation n’était pas déclarée à la préfecture. Du coup, leur écho retentissait jusque dans les appartements présidentiels.

TRACTS CONTRE LES «SOMPTUEUSES VACANCES»

D’ailleurs, selon plusieurs participants, la fille du président, Sindiély, est apparue à travers une fenêtre pour observer la scène. Elle a sans doute entendu toutes les insanités que les émigrés lançaient à l’endroit de sa famille, particulièrement à son père et à son frère Karim. Tout com­me elle a dû apercevoir ces manifestants distribuer des tracts aux passants. Des tracts sur lesquels on pouvait lire : «Pendant que les banlieues de Dakar et certaines régions du Sénégal sont privées d’électricité et pataugent dans la boue, Mon­sieur Abdoulaye Wade et sa fa­mille, continuent de narguer et d’insulter les Sénégalais en parcourant les lieux de villégiatures aux frais du contribuable sénégalais. Au lieu de s’intéresser au sort calamiteux des populations sénégalaises dont une grande partie est gravement touchée par les dernières inondations sources de toutes les pandémies, Abdoulaye Wade, son super minis-tre de fils et les autres membres de son gouvernement n’ont même pas daigné interrompre leurs somptueuses vacances dans des palaces é­trangers en Suisse, en Espagne et à Biarritz notamment où ils dépensent des milliards qui auraient pu servir à aider des populations sénégalaises dormant dans l’eau. Non aux gas­pillages et aux détournements. Karim en prison. Les Wade, des fossoyeurs.»

TIRS GROUPES SUR WADE ET SON FILS

Et les manifestants d’apostropher particulièrement le ministre des Transports : «Quand à son fils Karim Wade, accablé sans doute par les révélations du journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly qui a établi le gaspillage de centaines de milliards dans la préparation d’un sommet de l’Oci qui a duré deux jours en 2008 à Dakar, il est inscrit aux abonnés absents et fait le dos rond face aux interrogations légitimes des Sénégalais sur sa gestion de l’Anoci.» Pour ensuite s’en prendre à son père : «Abdoulaye Wade, touché par la folie des grandeurs di­gne des plus grands dictateurs qu’a connue la planète terre, se soucie plus de sa réputation et de son or­gueil que du sort des Sénégalais. Car, comment expliquer qu’au mo­ment même où les Sénégalais n’ont plus les moyens de manger deux fois par jour ni de se soigner ou de s’éclairer dans un pays en proie aux plus grandes difficultés depuis son avènement au pouvoir (le paludisme tue dans les campagnes menacées par la famine, les inondations ravagent les banlieues, les femmes accouchent sur des charrettes faute d’ambulance, l’électricité se faisant rare), Wade multiplie les dépenses somptuaires ou de prestige, inutiles et coûteuses, dont la dernière en date est l’érection à coups de mil­liards et au prix d’un montage financier nébuleux, dernier exemple de la boulimie foncière dont la famille politique de Me Wade fait étalage, d’une statue pom­peusement baptisée “monument de la Renaissance africaine” alors que son propre peuple meurt à petit feu sous ses yeux.»

Face à cette situation, les militants du Ps, majoritaires, de l’Afp, de la Ld/Mpt, du Mouvement Tekki, estiment que «la cécité politique, le pilotage à vue du navire Sénégal, le gas­pillage et la gabegie financière face à la paupérisation des Séné­ga­lais ne sauraient être davantage to­lé­rés». C’est pourquoi, ils décrètent que «le peuple sénégalais doit prendre son destin en main avant qu’il ne soit trop tard. Les jeunes, en particulier, doivent se battre contre le monstre tapi en leur sein qu’est ce régime dit libéral au lieu de quitter le navire Sénégal par pirogues de fortune».

D’après les participants, la manifestation spontanée a failli dégénérée lorsque les calots bleus sont sortis de la résidence pour tenter de repousser les membres du collectif. Mais les Crs qui étaient arrivés en­tre-temps sont intervenus pour éviter toute confrontation. D’après Aguibou Diallo de l’Afp, ils ont ainsi demandé aux manifestants de mettre fin à leur action puisqu’elle n’était pas déclarée. Ce qu’ils ont fait sans rechigner. Puisque dans leur tête, le but d’«importuner les Wade» était atteint.
Aux dernières nouvelles, le Pré­si­dent Abdoulaye Wade aurait confié à ses proches qu’il prolonge son séjour à l’étranger, au lieu de rentrer au pays demain jeudi comme initialement prévu.

Le Quotidien

Mercredi 2 Septembre 2009 12:06


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