Députés 12e législature: privilèges et avantages d'abord, les intérêts du peuple plus tard

A cause principalement des avantages liés au voyage parlementaire, des relations et d’autres avantages, les députés ont passé des heures à négocier pour trouver un consensus sur la ratification des listes des commissions permanentes. Ils ont réussi à distribuer les postes, mais une interrogation surgit : nos parlementaires font-ils d’abord passer leurs intérêts matériels et financiers avant les problèmes des citoyens ?



Le président de l'Assemblée nationale, Moustapha Niasse agitant un foulard blanc et le président du groupe parlementaire de la majorité, Moustapha Diakhaté (Montage PressAfrik)
Les députés de la 12ème législature ont installé dans la douleur les commissions permanentes de l’Assemblée nationale. Après une première séance qui a avorté, les parlementaires de la majorité ont finalement arraché un consensus. Mais la guerre des ambitions a marqué les choix des députés devant siéger dans les commissions, suscitant moult interrogations sur les motivations des parlementaires. Les députés mettent-ils en avant les intérêts des populations ? Ou pensent-ils d’abord à leurs intérêts matériels et financiers ?

En tout cas, les commissions sensées être juteuses ont plus mobilisé les députés. Selon des sources qui connaissent bien, les rouages du fonctionnement de l’Assemblée nationale, la présence dans ces commissions donnent droit à plusieurs avantages : les voyages à l’extérieur, les missions à l’intérieur du pays, les relations. Il s’agit notamment de celles chargées des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains, du Développement et Aménagement du territoire, de l’Economie générale, des Finances, du Plan et de la Coopération, etc. Comme des enfants autour de bonbons, les parlementaires se sont agrippés sur ces commissions. Cela a poussé Moustapha Niasse et les autres ténors de la mouvance présidentielle à passer d’intenses moments de négociations pour arrondir les angles.

Ce comportement des députés semble éloigner notre parlement des ruptures annoncées par les nouvelles autorités du pays. Celles-ci ont affiché leur détermination à redorer le blason du parlementaire. Il s’agit, selon les autorités, d’inscrire les préoccupations des populations au cœur des priorités. Ces besoins portent sur l’approvisionnement en eau et en électricité, la baisse des denrées de première nécessaire.

Le cadre pouvant permettre de débattre sur ces sujets ne semble pas susciter un grand intérêt pour nombre de parlementaires.

Nombre de députés ne semblent pas se plaindre du retard apporté à la déclaration de politique générale du Premier ministre, Abdoul Mbaye. Ce moment d’échanges sur les grandes orientations de l’action gouvernementale avec les députés devait intervenir juste après l’installation de l’Assemblée nationale. Il n’aura lieu qu’en septembre prochain. Les citoyens vont devoir patienter pour entendre leurs mandats poser leurs doléances au gouvernement.

En entendant la déclaration de politique générale, les titres et autres avantages semblent être privilégiés par les représentants du peuple. Les députés vont-ils se ressaisir ? En tout cas, le peuple est à l’écoute. Et les signaux de la désapprobation semblent commencer. Mais il n’est pas trop tard pour bien faire. Les députés ont 5 ans pour agir.


Issa Ndiaye

Jeudi 9 Aout 2012 10:05


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